ENTRETIEN. Revivez la folle campagne municipale de Montpellier en 2020, avec le film "Clothilde dans l'alliance"

Début juin 2020, Clothilde Ollier, Alenka Doulain, Mohed Altrad et Rémi Gaillard s'allient pour le deuxième tour des élections municipales de Montpellier, dans l'Hérault. Pendant cette période, deux réalisateurs suivent cette alliance. Un tournage qui donne naissance au documentaire "Clothilde dans l'alliance".

Une alliance qui en a surpris plus d'un. Les réalisateurs Simon Baïchou-Rose et Antoine Personnaz d'On Court Film signent le film Clothilde dans l'alliance, un documentaire qui revient sur l'union entre Clothilde Ollier, Alenka Doulain, Mohed Altrad et Rémi Gaillard, lors des élections municipales de 2020 à Montpellier (Hérault). 

Clothilde dans l'alliance est une véritable plongée dans les coulisses de cet accord plus qu'invraisemblable, dans l'entre-deux-tours. Le film est sorti lundi 13 mars sur YouTube, en libre accès. France 3 Occitanie s'est entretenu avec les deux réalisateurs.

France 3 Occitanie : Comment est né ce documentaire ?

Simon Baïchou-Rose : Un peu par hasard. J'ai réalisé un premier projet lors d'un concours de films en 48 heures. Je l'ai fait avec Clothilde Ollier parce que je l'avais rencontré à Radio Campus Montpellier, où j'étais en service civique à l'époque. Elle a accepté que je la suive sur une journée, un film de dix minutes en a découlé. C'était au moment du premier tour. Ensuite, il y a eu le confinement, et le report des élections.

Fin mai, avant le second tour, on apprend qu'un "triangle des Bermudes" se forme entre Rémi Gaillard, Alenka Doulain et Clothilde Ollier, et que ce triangle va s'allier avec Mohed Altrad. J'ai dit à Antoine : "Là, il y a vraiment un sujet, on pourrait faire un film." Pour essayer de comprendre cette alliance, la suivre, voir ce qui va (ou pas) fonctionner... On a très rapidement proposé à Clothilde Ollier de reprendre un tournage avec elle, et elle a accepté.

Une fois les élections finies, et la victoire de Michaël Delafosse, pourquoi avoir voulu raconter l'histoire d'un échec ?

S. B.-R. : À l'époque, on ne sait pas encore ce que ça va donner. Mais le plus intéressant, ce n'était pas tant de savoir si ça allait être un échec ou une victoire, mais de comprendre comment une telle alliance aussi improbable avec un milliardaire, une syndicaliste, etc. peut exister et essayer de fonctionner. C'est ce qui nous intéressait : comprendre ça, comprendre les rouages, et découvrir les arcanes de la politique, ce qu'on ne montre pas d'habitude.

"On a pu filmer des moments un peu discrets, "intimes". On a aussi pu voir des tensions auxquelles on n'aurait pas pu accéder dans certaines réunions."

Antoine Personnaz, réalisateur

à France 3 Occitanie

Comment s'est passé le tournage ?

Antoine Personnaz : On avait deux toutes petites caméras, donc on ne nous remarquait pas beaucoup. Sur le moment, on nous prend même souvent pour des gens de l'équipe de Clothilde Ollier, alors qu'on a un regard extérieur. On s'immisce un peu partout, dans toutes les réunions. On essaie d'être présents, de la suivre dans des endroits où on ne laisse d'habitude pas rentrer les gens qui font des documentaires. On a pu filmer des moments un peu discrets, "intimes". On a aussi pu voir des tensions auxquelles on n'aurait pas pu accéder dans certaines réunions. Des choses habituellement cachées du grand public.

S. B.-R. : On était toujours une équipe assez réduite. Souvent, on n'était pas plus de trois personnes sur le tournage. C'est ce qui a permis aussi qu'il se déroule sans trop d'accrocs. On n'a pas eu énormément de difficultés, si ce n'est éventuellement les impératifs de temps, quand il fallait se rendre rapidement sur un lieu, pour telle ou telle action.

Il y a quelques révélations dans votre film, comme le fait que Michaël Delafosse aurait proposé d'être le numéro 2 de la liste de Clothilde Ollier ?

S. B.-R. : Ce n'était pas le but. Notre démarche était de faire des entretiens avec les principaux protagonistes du film, qu'ils soient du côté de Clothilde Ollier, de Michaël Delafosse ou de Manu Reynaud. C'était important pour nous de leur donner la parole, et de les laisser s'exprimer là-dessus. Il s'est trouvé qu'on avait quelques informations de ce type. Évidemment, il fallait qu'on leur pose la question, notamment à Manu Reynaud et Michaël Delafosse, qui bottent en touche dans le documentaire.

Quel accueil pour votre film depuis sa sortie ?

A. P. : On a fait quelques projections, on l'a montré à pas mal de gens. Pour l'instant, on a des retours très positifs concernant le contenu. Les gens ont globalement compris les enjeux du film. Ce n'est pas évident, en n'étant pas Montpelliérain, de comprendre ce qu'on veut raconter. Les gens ne connaissent pas forcément Mohed Altrad, Clothilde Ollier ou Alenka Doulain. On a quand même réussi à bien expliquer ce qui se passait, même si en une heure et demie, c'est compliqué.

"Notre autre but, c'était de laisser s'exprimer tout le monde."

Simon Baïchou-Rose, réalisateur

à France 3 Occitanie

S. B.-R. : C'était le but : que le film puisse être vu n'importe où, par n'importe qui. Dans la première partie du film, on a essayé d'être assez didactiques. Ce qui nous surprend aussi sur l'accueil, c'est que le film est reçu d'une bonne façon de tous les côtés. Certaines scènes peuvent être enthousiasmantes pour les équipes de Clothilde Ollier, tout autant pour Michaël Delafosse ou Manu Reynaud. On voulait que le film puisse se voir avec ses opinions, chacun, ensuite, appose sa compréhension en fonction de ses clés de lecture. Notre autre but, c'était de laisser s'exprimer tout le monde.

Pourquoi avoir le choix d'une diffusion sur YouTube ?

S. B.-R. : La première diffusion du film a eu lieu lors du festival "Paul va au cinéma" à l'université Paul-Valéry l'an dernier, parce qu'on y a fait nos études avec Antoine. Pendant un an, on a essayé de trouver un distributeur. Mais dans le milieu du cinéma, si vous n'êtes pas suivi dès le départ par un producteur, c'est assez compliqué de trouver ensuite un distributeur.

Au bout d'un an, on s'est dit : "Ça y est, maintenant, faut le faire sortir." Ça tombe bien, puisque c'est en quelque sorte l'anniversaire des trois ans du premier tour. C'était donc le bon moment pour le sortir et le mettre directement en diffusion libre sur YouTube. On voulait que le film soit vu, et que chacun et chacune se fassent leur opinion là-dessus.

Comment a-t-il été financé ?

A. P. : On l'a autofinancé. On a donné de notre temps et de notre argent pour pouvoir faire ce premier film documentaire qui, je pense et je l'espère, nous permettra par la suite d'obtenir la confiance de producteurs et de distributeurs.

Est-ce que vous avez d'autres projets en préparation ?

S. B.-R. : L'an dernier, on a commencé un projet sur la candidature de Julia Mignacca, candidate Nupes de la 3e circonscription de l'Hérault. Comme elle n'a pas gagné, c'était plus difficile de le vendre auprès de producteurs, ou même de chaînes comme LCP ou Public Sénat.

À la base, on vient de la fiction. Le documentaire est arrivé un peu par hasard. On aimerait y revenir. C'est aussi pour ça que Clothilde dans l'alliance est monté comme une fiction, en tout cas avec des codes de la fiction. L'idée est d'utiliser la fiction pour raconter la réalité. Même si on a adoré faire du documentaire, la démarche est différente.

"On navigue entre les deux en ce moment : poursuivre sur un documentaire, ou essayer de trouver un producteur pour de la fiction."

Simon Baïchou-Rose, réalisateur

à France 3 Occitanie

On a beaucoup de projets de fictions, des courts-métrages qui pourraient amener plus tard à des longs-métrages. On navigue entre les deux en ce moment : poursuivre sur un documentaire, peut être lié au sport, ou essayer de trouver un producteur pour de la fiction. On pense notamment un projet qui se passerait dans la ville de Montpellier. 

On a toujours voulu faire de la fiction, donc pour nous, ce serait très logique d'y revenir. Mais je pense que la fiction sera aussi nourrie de ce qu'on a fait en documentaire, comme le documentaire est nourri des fictions qu'on a pu faire, ou qu'on veut faire.

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