Le célèbre photographe Raymond Depardon met en lumière les villages d’Occitanie qui ont lutté il y a 10 ans contre l’exploitation du gaz de schiste dans une exposition événement. "Communes" est à découvrir au Pavillon Populaire de Montpellier jusqu’au 24 avril 2022.
Il est sans aucun doute le photographe français le plus célèbre. Dans ses photos, pas de nostalgie ni de pittoresque, Raymond Depardon est un fils d’agriculteur et un fin connaisseur du monde rural : il le filme et le photographie depuis plus de 20 ans.
Avec Communes, Raymond Depardon a choisi d’exposer 32 très grand format en noir et blanc. “J’ai un parti pris, je le reconnais. C’est assez austère”, affirme l’artiste. “Mais c’était volontaire pour ne pas faire “le plus beau village de France” parce que je sais que de vivre là toute l’année, c’est assez dur, assez difficile, c’est aussi un vrai challenge. Mais c’est formidable parce que maintenant on peut dire que les choses avancent, les gens se réapproprient les territoires, les villages ne sont plus abandonnés et ça c’est formidable.”
Des communes réunies par leur opposition à l’exploitation de leur gaz de schiste
Pour Raymond Depardon, ces communes du Gard, de l’Hérault, de l’Aveyron et de la Lozère sont des survivantes. Dans les années 2000, elles étaient sur la liste du “permis de Nant”, c’est-à-dire la liste des permis de recherche en vue d'extraction du gaz de schiste octroyés par le gouvernement. La mobilisation massive des habitants et des élus contre cette technologie polluante a finalement mis un terme au projet. “Je connaissais certains villages et ils étaient très beaux”, raconte le photographe. “En fait, c’était comme une feuille de route pour moi comme un petit scénario. Je me suis dit “tiens je vais aller voir ces villages qui ont échappé à quelque chose qui aurait été terrifiant pour eux, surtout que le gaz de schiste ça pollue les nappes phréatiques.”
280 communes photographiées
Après le confinement, passé dans sa maison de Carnon près de Montpellier, Raymond Depardon a visité les 280 communes d'Occitanie concernées. Il a choisi de les photographier quand rien ne s'y passe, les illustrer par des lieux à la fois historiques et hors du temps. “Vous pouvez aussi bien définir par les traces qu’ils laissent que par la présence des habitants”, analyse Gilles Mora, le commissaire de l’exposition qui est aussi le directeur du Pavillon Populaire. “Il n’y a qu’un personnage dans cette série, un habitant assis dans un café. Mais pour le reste, il y a plein d’éléments : le linge suspendu, des inscriptions, des bancs, des chaises qui font référence à une présence constante.”
Pour cette série, Raymond Depardon a travaillé en prenant son temps, avec une chambre photographique. Une technique adaptée à l'atmosphère contemplative de son projet. “Travailler à la chambre me repose”, confie-t-il. “C’est un peu proche du peintre, il y a un trépied, la chambre est magnifique, elle est en bois. Et puis, on ne peut pas tricher.”
Son regard bienveillant et précis illustre dans chaque image la fragilité et la résistance du monde rural. Un travail exposé au Pavillon Populaire à Montpellier jusqu’au 24 avril. L’entrée est gratuite.