Dans l'Hérault, 300 familles en situation de handicap sont en attente d'un logement social. Une problématique que dénonce Handi Cap Sud 34. L'association a interpellé des députés à ce sujet et souhaite modifier la loi Elan régissant l'attribution de ces logements.
Se loger dans une habitation sociale en étant handicapé, un véritable casse-tête dans l'Hérault. Selon les associations, 300 familles seraient en attente d'un logement à l'heure actuelle.
"Ça fait 40 ans qu'on attend des logements décents, un véritable toit au dessus-de nos têtes. Et les logements sociaux sont plus à portée de notre porte-monnaie que les logements privés", témoigne Ghislaine Solves, présidente de Handi Cap Sud 34.
Que dit la loi ?
Pour accéder à un logement social adapté, les personnes à mobilité réduites disposent de plusieurs options légales. Depuis mars 2017, le dispositif Dalo (Droit au logement opposable) garantit l'accès à un logement social décent pour toute personne française ou disposant d'un titre de séjour et qui ne peut pas se loger par ses propres moyens dans un logement décent.
Pour bénéficier de cette aide, il faut également se trouver dans une situation sociale délicate : être sans domicile fixe, sous décision de justice, handicapé. Les travaux nécessaires sont ensuite financés par les Maisons départementales des personnes handicapées.
La MDPH nous aide à financer les aménagements. Par exemple, 7 500 euros pour adapter une salle de bain. Ce qui nous inquiète, c'est le jour où on n'aura plus ces financements. Comment faire avec nos 900 euros par mois ?
Ghislaine Solves, présidente Handi Cap Sud 34
"Le droit commun est bafoué"
Un autre dispositif, la loi Elan (Évolution du Logement et Aménagement Numérique), pose problème aux associations. La loi prévoit 20 % de logements immédiatement accessibles aux personnes handicapées moteurs dans les constructions neuves. Mais pour l'association héraultaise Handi Cap Sud 34, "le droit commun dans cette loi est bafoué, voire discriminatoire."
La loi évoque des logements “évolutifs” et "adaptables". Deux termes qui posent problème à Ghislaine Solves, présidente de Handi Cap Sud 34 : "Entre adaptable et adapté, il y a un ravin ! Quand on parle de quelque chose 'adaptable', ça veut dire qu'on sait qu'on a le feu vert pour aménager des choses, mais de notre poche ou il faut aller frapper aux portes pour avoir le financement nécessaire. 'Adapté' : ça veut dire que c'est déjà en place. Il serait intelligent de mettre ce terme dans la loi."
L'appel aux élus
Pour faire avancer son combat, Handi Cap Sud 34 a sollicité cinq députés de l'Hérault : Patrick Vignal, Sylvain Carrière, Laurence Cristol, Sébastien Rome et Stéphanie Galzy. "On est très déçus de ces rencontres, certains se sont engagés à faire quelque chose mais sans rien mettre en place finalement, seule Stéphanie Galzy nous soutient", détaille Ghislaine Solves.
La députée de la 5e circonscription de l'Hérault a financé un projet de vélo solidaire et rédigé une lettre à l'intention du ministre chargé du Handicap avec Handi Cap Sud 34.
On attend la réponse du ministère depuis 15 jours et on travaille aussi sur un amendement de la loi Elan pour modifier les termes employés dans la loi qui ne nous conviennent pas.
Ghislaine Solves, présidente Handi Cap Sud 34
La région à la recherche de solutions
Face à la problématique du logement social pour les personnes à mobilité réduite, un partenariat entre l'association APF France Handicap, le département de l'Hérault, la ville de Montpellier et l'OMH (Occitanie Méditerranée habitat) a vu le jour en juillet 2020. La collaboration a permis de trouver un toît à quelques personnes mais le chiffre reste faible. Seules 10 % de ces demandes ont pû aboutir dans un court délai.
D'autres initatives sont mises en place pour aider les personnes à mobilités réduites à se loger, même en vacances. C'était l'idée d'une entrepeneuse de Montpellier, créer une plateforme pour recenser des habitations de vacances adaptées.