Redynamiser les centres-villes : un enjeu pour de nombreuses communes. Dans la ville de Mauguio, le maire a décidé d'interdire le stationnement pour favoriser la qualité de vie des habitants. Une décision qui divise et soulève l'inquiétude des commerçants.
Décidément, la ville de Mauguio ne fait pas l'unanimité avec sa politique de stationnement ! Après le parking payant en bord de mer qui a déclenché un tollé relayé par une pétition, le conseil municipal a décidé mercredi dernier d'interdire le stationnement en centre-ville dans l'espoir de créer une vraie zone de rencontre et redynamiser le centre historique.
Un changement qui n'est pas au goût de tous. Les commerçants s'inquiètent d'une baisse de fréquentation si les clients ne peuvent plus se garer à proximité pour faire leurs achats. Et ils dénoncent le manque de concertation pour cette décision qui risque d'impacter la fréquentation du centre-ville.
Interdiction de stationner Grand Rue François Mitterrand
La suppression totale du stationnement dans la Grand Rue François Mitterrand doit démarrer le 3 mai prochain. Ce sont 50 places de moins dans l'hyper-centre. C'est le principal axe commercial du centre-ville de Mauguio. Quelques dépose-minute seront prévus pour s’arrêter rapidement mais aucun stationnement de courte durée (30 minutes à 1heure) n’est envisagé afin que les usagers puissent accéder aux commerces et aux professionnels de santé présents dans le secteur.
Une suppression qui "sonnerait la mort des commerces"
Déja très impactés par la conjoncture économique et sanitaire, des commerçants s’opposent, dans un communiqué, à cette suppression du stationnement.
Cela sonnerait la mort de nos commerces, en incitant encore plus nos clients à fréquenter les surfaces commerciales périphériques dotées de grands parkings.
"Si un jour on n'arrive plus à venir en voiture," redoute Valérie, coiffeuse dans la Grand Rue, "les gens s'arrêteront aux alentours...là où il y aura des parkings."
"On est conscients que s'il y a une perte de chiffre d'affaires" s'inquiète l'épicier voisin, "ça va entraîner une fermeture de nos commerces".
Nous souhaitons absolument dynamiser le centre-ville en créant des commerces et en les faisant fonctionner. Si les commerces ne fonctionnent pas demain, alors le centre-ville va mourir !
Les professionnels de santé impactés
Pharmaciens, dentistes, médecins, ils demandent d'instaurer des places de stationnement à durée limitée : de 30 minutes à 1 h. Essentiel pour accueillir leurs patients souvent âgés.
Pour le pharmacien Xavier Magne dont l'officine est dans la Grand Rue, la suppression du stationnement ne doit pas être totale car cela exclurait les moins valides.
"Il faut favoriser la mobilité douce et la marche mais tous le monde n'a pas cette chance-là. Donc il faut aussi préserver l'accessibilité aux moins mobiles".
Les commerçants du secteurs dénoncent aussi le manque de concertation sur cette décision cruciale. De son côté, la ville de Maugio a publié un questionnaire en ligne ouvert à tous les administrés en janvier 2021 pour récolter un maximum d'avis sur la vitesse de circulation en centre-ville et le stationnement.
Réaction mitigée des habitants
Parmi les clients et habitants, la question divise. Pour cette habituée des courses en centre-ville, ça change la donne : " On va essayer de se garer un peu plus loin... Je vais continuer à venir mais ce sera moins souvent!".
Quant au jeune Melgorien (habitant de Mauguio) qui habite dans la Grand Rue Frédéric Mitterrand, il perd les seules places disponibles près de chez lui : " Déjà qu'il y a de moins en moins de places sur Mauguio, maintenant ça va être compliqué de se garer".
"Je pense que ça peut un peu aérer le centre-ville de Mauguio et qu'il redevienne ce qu'il était avant!" positive un troisième passant.
Attirer les usagers par un cadre de vie agréable
Les automobilistes devront se rabattre sur les parkings extérieurs, à quelques minutes à pied. Le maire veut faire de la rue principale, un véritable espace de vie, qui selon lui sera plus attractif.
" Un cœur de de ville doit être vivant" explique Yvon Bourrel. "Il doit être investi par les usagers, et pas seulement les automobilistes. il y a aussi les piétons et les cyclistes".
L'idée que nous supprimons 50 opportunités est une idée fausse. Nous allons au contraire pouvoir permettre à tout un chacun d'accéder à la Grand Rue. L' accès sera facilité.
Une réunion de conciliation est prévue demain, lundi 19 avril, avec les commerçants dont les inquiétudes sont légitimes. Mais parier sur un environnement plus agréable pour inciter les habitants à réinvestir leur centre historique a fonctionné dans certaines villes. Contre la désertification des centres-villes, pour lutter contre l'attraction des centres commerciaux périphériques conçus pour les automobilistes, elles ont su proposer un cadre de consommation plus agréable, paisible et convivial qui a trouvé sa clientèle.
Le reportage à Mauguio de Sophie Mercier et Cédric Métairon pour France 3 Languedoc-Roussillon.