Lors de la première édition du salon LegalTech à Montpellier, jeudi 30 mai, un duel oratoire hors du commun s'est joué. Des avocats humains se sont confrontés à des avocats... virtuels. L'intelligence artificielle se fait de plus en plus de place dans notre quotidien et s'invite déjà dans les cabinets. Mais jusqu'où ira-t-elle ? Jusqu'à la barre d'un tribunal ?
Qui du chien ou du chat est le meilleur ami de l'homme ? C'est l'une des questions débattues ce jeudi 30 mai au village des Legaltech à Montpellier. Pour y répondre, il y a d'un côté une avocate du barreau de Montpellier, de l'autre, un avatar créé par trois intelligences artificielles (IA). Trois IA qui, à partir d'une vidéo du directeur de l'école des avocats, ont pu reprendre sa voix et son visage pour lui faire dire tout autre chose. Des plaidoiries en l'occurrence.
L'intelligence artificielle se montre précise lors des joutes oratoires. Mais elle n'est pas sans faille.
L'humour pour vaincre l'IA
Tamaris Fürstenheim, avocate du barreau de Montpellier et secrétaire de la Conférence du stage, se prête à l'exercice. Elle plaide face à l'intelligence artificielle. Pour remporter le duel, elle use notamment d'humour. "La faculté de s’adapter à son auditoire reste un trait caractéristique de l’humain. C’est pareil pour l’humour, de situation ou de connivence, ou encore tout ce qui a trait à quelque chose de sensoriel", explique la juriste. Alors, voir les avocats remplacés par cette technologie dans les tribunaux, ça reste encore de la science-fiction.
On arrivera jamais à une IA qui va plaider comme un humain. En revanche, on peut avoir une IA qui peut aider l’humain.
Lyoma Kogiso, avocat et président de l'incubateur du Barreau de Montpellier
L'erreur est humaine, mais pas que !
Que l'intelligence artificielle aide l'humain, oui, mais cela n'empêche pas de rester vigilant. Dans l'auditoire, venue assister aux débats, Mélissa Gazé a déjà vu l'IA commettre des erreurs. "Je lui ai demandé de me trouver une jurisprudence dans un dossier. L’IA me l’a apporté en deux secondes. J’ai fini par vérifier par moi-même et j’ai vu que cette jurisprudence n’existait pas", se souvient cette étudiante à l'Ecole des Avocats Centre sud de Montpellier. Même si cette technologie se développe rapidement, la prudence reste encore de mise.