Insultes, boule au ventre : les gardiens de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone racontent

Alors que la mobilisation des surveillants pénitentiaires se poursuit, pour dénoncer notamment leurs conditions de travail et les agressions qu'ils subissent, trois gardiens de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault, témoignent de leur quotidien.

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60 surveillants de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone se sont mis en arrêt maladie pour burn-out. Surpopulation carcérale, manque d'effectif chronique, agressions, rendent leur quotidien insupportable. Tous sont déterminés à ne pas reprendre le travail tant que le ministère de la Justice n’aura pas trouvé une solution à leur souffrance.



Leur quotidien, c’est d’abord la peur. "On a peur de se faire agresser, peur de voir un collègue se faire agresser et de ne pas pouvoir intervenir. On a peur de tout en fin de compte. On ne sait jamais ce qui peut arriver", raconte ce surveillant pénitentiaire.

Dès qu’on ouvre la porte le matin on ne sait pas si le détenu a bien dormi, ou s’il a eu des mauvaises nouvelles. De bon matin on risque d’avoir de l’eau chaude sur la figure, de l’huile, ou encore une chaise, c’est déjà arrivé.


Le reportage de Romain Nowicki et Caroline Agullo :
©France 3 Occitanie


Insultes, menaces de mort, crachats… Autant de choses auxquelles les personnels des prisons sont désormais habitués.  "La direction ne fait même plus attention à ça. S’il n’y a pas un surveillant qui décède, l’administration ne bouge pas", accuse ce gardien.

Celui-ci souligne que la situation est difficile à vivre y compris pour sa famille :

Ma femme n’est pas bien quand je vais travailler, elle ne sait pas dans quel état je vais revenir le soir.
 

"Je souris de moins en moins"


A Villeneuve lès-Maguelone, près de 40% des agents sont des femmes.  Surveiller 900 hommes aujourd'hui devient mission impossible pour elles.

En témoigne Anne, qui a vite déchanté au travail.

Au début quand je suis rentrée dans la pénitentiaire, j’étais contente d’y aller, j’avais trouvé le métier qu’il me fallait. Maintenant j’ai la boule au ventre.


Ses journées ?

Je me retrouve seule dans un étage avec des détenus condamnés pour tentative de viol, viol, attouchements sexuels. Sans caméra, sans rien, seule parce qu’il n’y a pas assez d’agents. Je suis même obligée d’aller voir un psychiatre. Ce n’est pas normal. J’ai la trentaine, je devrais sourire à la vie. Mais non. Mon métier fait que je suis de plus en plus fatiguée, je deviens aigrie, je souris de moins en moins.



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