Les deux hommes de 26 et 28 ans sont accusés d’avoir séquestré et torturé une jeune femme avant de la jeter avec l’aide de leur mère au bord du canal de Midi à Vias (Hérault) en novembre 2019. Pour le premier jour d’audience, la victime, encore traumatisée et très fragile, n’a pas pu être présente à l’audience.
Le principal accusé est un jeune homme de 26 ans avec une tête d’adolescent : brun au teint pâle, tout comme son frère, un peu plus affûté, les cheveux bruns rasés sur les côtés. Assis côte à côte, ils baissent la tête à l’énoncé des faits, glaçants, quand le président raconte l’état dans lequel a été retrouvée Betty, qu’ils sont accusés d’avoir torturée, et séquestrée pendant 47 jours en septembre 2019 à Agde. Obligée à manger des excréments d'animaux.
Ils comparaissent avec leur mère accusée de complicité pour les avoir aidés à se débarrasser du corps de la jeune femme, laissée pour morte et jetée au bord du canal du Midi à Vias.
Victime absente
Fait rare : trois ans et demi après les faits, la victime n’a pas eu la force d’affronter ses bourreaux. « Elle est très mal. C’est très compliqué pour elle de se déplacer. Elle était déjà très réservée".
Elle ne sort plus de chez elle, elle est devenue complètement agoraphobe.
Me Aurélie CarréPartie civile
Ca va être compliqué pour elle de parler des faits. Elle ne sera là que jeudi », annonce son avocat Me Aurélie Carré.
Revenante
La jeune femme retrouvée par un vététiste le 2 novembre au matin a été entre la vie et la mort pendant une semaine. Pesant 31 kilos, rouée de coups avec des hématomes et des fractures sur tout le corps, en état d’hypothermie sévère, son cœur avait cessé de battre. Elle a été battue à coups de pieds et de poings, enfermée dans un placard pendant 47 jours, forcée à manger des excréments d’animaux, obligée de faire ses besoins sur elle. « Elle attend que justice soit faite. Elle a du mal à voir l’avenir. Elle attend une condamnation pour pouvoir se reconstruire".
On est sur le très haut niveau des actes de torture. J’espère que la cour montrera les photos aux jurés : elles parlent d’elles-mêmes .
Me Aurélie CarréPartie civile
Elle sera entendue jeudi et à huis-clos, précise le président de la cour d’assises à l’ouverture du procès.
Zones d'ombre
La jeune femme originaire de Châteauroux (Indre) était venue rejoindre l’un des deux frères à Agde. Une relation qui avait débuté via les réseaux sociaux. Les deux frères, qui se renvoient la balle, sont accusés de s’être acharnés sur la jeune femme. « Il reste des zones d’ombres dans ce dossier mais il est impatient de s’expliquer », précise Me Cécile Nebot, avocate de l’un des deux frères. « L’examen de leur personnalité permettra d’éclairer leur attitude », ajoute Me Mickaël D’Alimonte, également en défense.
Ils démentent la tentative d’assassinat.
Ils ne voulaient pas la tuer.
Me Benjamin JegouAvocat de l’un des deux accusés.
« C’est le dossier de la misère. On touche les tréfonds de l’âme humaine », conclut Me Julien Audier-Soria, qui défend la mère. Agée de 48 ans, elle comparaît libre. Elle a rencontré le père de ses enfants très jeune. Elle eu quatre enfants, très rapprochés. Victime de violences de la part de son mari, elle a divorcé. Ses enfants ont été placés. Sur les quatre, Jordan était « le plus compliqué à gérer ». Vols, violences, coups, insultes, envers sa mère…. C’est aussi le principal accusé.
Le verdict est attendu vendredi 14 avril.