À la barre du tribunal judiciaire de Montpellier, ce mercredi, un maire qui le 30 novembre dernier "a pété les plombs". Jean-Luc Meissonnier voulant trouver une solution à l'installation illégale d'une quarantaine de caravanes de gens du voyage à Baillargues, est allé casser la barrière de l'aire d'accueil de Castries avec une tractopelle. "Un acte désespéré et de grand désarroi" explique l'élu.
C'était le 30 novembre 2023. Le maire de Baillargues, hors de lui, arrivait au volant d'une pelleteuse sur l'aire des gens du voyage de Castries pour défoncer la barrière qui en bloquait l'accès.
Un coup de folie, un "pétage de plombs", selon les propres mots de Jean-Luc Meissonnier, qui lui vaut ce mercredi 22 mai 2024, de se retrouver convoqué devant le tribunal judiciaire de Montpellier.
Ce mercredi matin, au tribunal de Montpellier, il a notamment reçu le soutien des maires de Saint-Brès, Pérols et Saint-Jean-de-Védas.
Le maire dispensé de peine
Jean-Luc Meissonnier était poursuivi pour "destruction de bien public" après une plainte de la métropole.
Le maire s'est depuis excusé et il a pris en charge, à ses frais, le coût des dégâts, des réparations et de la remise en état de la barrière défoncée, soit plus de 17.000€.
Reste que cette action spectaculaire, menée par un élu sur le territoire d'une commune voisine, même sous l'emprise de la colère et du sentiment d'abandon par les autorités, est délictuelle.
Jean-Luc Meissonnier a finalement été dispensé de peine par le tribunal. Il encourrait 5 ans de prison, 75.000 euros d'amende et une mesure d'inéligibilité.
Pourquoi ce geste fou ?
Même si l'explication du contexte de ce "coup de sang" n'excuse pas les faits, elle permet de mieux comprendre le désarroi des élus.
Tout commence 5 jours avant la destruction de la barrière. Un groupe de 15 caravanes de gens du voyage s'installe illégalement près d'une concession automobile de Baillargues. Ils se branchent sur le compteur électrique de l'entreprise occasionnant des coupures de courant et des dégâts obligeant la concession à fermer.
Le lendemain, 10 autres caravanes arrivent sur le parking d'une boulangerie. Même scénario avec les compteurs électriques, sans parler des souillures et déjections qui font fuir les clients. Puis un 3e groupe stationne devant un parc pour enfants, obligé d'annuler ses manifestations car les familles ne se sentant pas en sécurité rebroussaient chemin.
Jean-Luc Meissonnier tente de trouver une solution pour faire revenir calme et sérénité dans sa commune. Il entame le dialogue avec les gens du voyage. Ces derniers lui expliquent que si l'aire d'accueil qui leur est dédiée à Castries était ouverte, ils iraient s'y installer.
Le maire entre en contact avec la métropole de Montpellier pour faire ouvrir la barrière. Mais on lui rétorque que les familles concernées posent trop de problèmes et que la réponse est non.
"C'est un pétage de plombs"
C'est là que l'élu dépité a pris sa propre tractopelle et est allé à Castries, lui-même, pour défoncer la barrière et ainsi ouvrir le site d'accueil des gens du voyage.
Il expliquait ainsi son geste, le 7 décembre, à nos confrères de France bleu Hérault.
Il faut entendre ma colère : ma commune a financé cette aire des gens du voyage et quand j'ai des soucis avec des caravanes, on n'en veut pas ! Si ces gens sont dans l'illégalité, qu'ils n'ont pas d'assurance ou de carte grise, comme on me l'a laissé entendre, pourquoi personne ne les contrôle ? Les gendarmes étaient là jeudi dernier, ils n'ont pas bougé.
Jean-Luc Meissonnier, maire de Baillargues.Interview France bleu Hérault, 7 décembre 2023.
À l’époque, le préfet de l'Hérault a condamné ce geste mais il a fait intervenir les forces de l'ordre pour évacuer les caravanes de Baillargues.
De son côté, la métropole, propriétaire de l'aire d'accueil, a déposé plainte mais depuis joue l'apaisement, le maire fautif ayant reconnu ses torts et réparé les dégâts.