L'argent fait-il le bonheur ? Comment le cerveau réagit-il face aux dépenses ? Les réponses de la neuroscience

L'argent et le bonheur. Les chercheurs en neurosciences se sont intéressés de près à ce sujet. Aurélie Lamy, préparatrice cérébrale vous explique en quatre points quel est l'impact de l'argent sur notre cerveau.

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L'argent fait-il le bonheur ? Quelle valeur attribue-t-on à l'argent ? Manquer d'argent peut-il créer de la douleur ? Ces questions reviennent sans cesse. Aurélie Lamy, préparatrice cérébrale de sportifs de haut niveau et chroniqueuse dans l'émission "Vous êtes formidables" s'intéresse à ce que disent les neurosciences.

L'idée est d'essayer de comprendre la manière dont nos croyances et nos pensées peuvent influencer nos décisions quotidiennes en matière d'argent.

Aurélie Lamy

Passionnée par les neurosciences, elle s'appuie sur quatre études scientifiques pour essayer de comprendre quel est l'impact de l'argent sur notre cerveau. 

Ces études abordent différentes thématiques. Les voici :

La valeur de l'argent

Les scientifiques estiment la valeur de l'argent comme variable. Le contexte et l'objectif qu'on s'en donne agissent sur l'attribution de sa valeur. Daniel Kahneman, psychologue et économiste américain a réalisé avec l'un de ses confrères Amos Tversky, une étude significative à ce sujet en 1983. Ensemble, ils ont créé deux scénarios.

  • Premier scénario : Vous décidez d'aller voir une pièce de théâtre. Vous payez votre billet d'entrée dix euros. En entrant dans le théâtre, vous découvrez que vous avez perdu votre billet d'entrée. Le siège n'était pas inscrit. Le billet ne peut donc pas être récupéré. Paieriez-vous dix euros pour un autre billet ?
  • Deuxième scénario : Vous décidez d'aller voir une pièce de théâtre où le prix d'entrée est de dix euros par personne. En entrant dans le théâtre, vous vous apercevez que vous avez perdu votre argent. Paieriez-vous quand même dix euros pour acheter un nouveau billet d'entrée ?

Les résultats :

Dans le premier scénario, 46% des personnes interrogées sont pour. Elles souhaitent acheter un nouveau billet. 54% sont contre. Dans le second scénario, 88% des personnes interrogées sont prêtes à payer dix euros pour acheter un billet. 12% seulement ne souhaitent pas dépenser leur argent. 

Pour les chercheurs, de nombreuses personnes ne sont pas disposées à dépenser dix euros après avoir perdu un billet alors qu'elles dépenseraient volontiers cette somme après avoir perdu une somme équivalente en espèces. Daniel Kahneman explique qu'« aller au théâtre est généralement considéré comme une transaction dans laquelle le prix du billet est échangé contre l’expérience de voir la pièce. L’achat d’un deuxième billet augmente le coût de la représentation à un niveau que de nombreux répondants trouvent apparemment inacceptable. En revanche, la perte d’argent n’est pas comptabilisée dans le compte de la pièce et elle affecte l’achat d’un billet uniquement en faisant que l’individu se sent légèrement moins riche. ».

Pour la préparatrice cérébrale Aurélie Lamy, cette étude montre clairement que les gains inattendus (cadeau en espèces d'un ami, gagner au loto,..) sont susceptibles d'être plus facilement dépensés. Lorsqu'un gain est considéré comme un revenu régulier, l'inverse se produit. 

On va attribuer à l'argent une valeur, un coût différent. Pourtant, l'argent est fongible. Sa valeur ne varie jamais.

Aurélie Lamy

Les chercheurs insistent particulièrement sur le fait que tous les fonds sont identiques et interchangeables.

Ce phénomène nous aide également à comprendre pourquoi nous avons tendance à traiter les paiements par carte de crédit différemment des paiements en espèces. 

L'argent et la douleur 

Paiement en espèces ou en carte de crédit ? Et oui, le choix du moyen de paiement a une influence sur notre cerveau. Les chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont étudié le consentement à payer avec de l'argent liquide et avec la carte de crédit

Pour ce faire, ils ont imaginé une vente aux enchères de billets d'entrée pour des événements sportifs. Ils ont limité le mode de paiement à l'argent liquide ou à la carte. Petit à petit, ils se sont rendu compte que la plupart des participants qui utilisaient une carte de crédit étaient prêts à payer presque deux fois plus que ceux qui payaient leur place en espèces. Leur consentement à payer était multiplié par deux. 

Les résultats sont significatifs. Nous sommes prêts à dépenser deux fois plus lorsque nous utilisons notre carte de crédit et cela s'explique très bien.

Aurélie Lamy

Pour la préparatrice cérébrale, "sortir de l'argent génère de la douleur". Payer en espèces génère de la douleur au même titre que la douleur physique. Elle ajoute : "ça va activer les mêmes zones cérébrales qu'une blessure physique". Mais pour quelle raison ? 

C'est simple. La carte de crédit va séparer le paiement. Nous ne voyons pas l'argent sortir du distributeur de billets puis disparaître après avoir été dépensés. "On ne paye pas le même coût émotionnel" explique Aurélie Lamy. Il est donc plus facile de dépenser de l'argent en utilisant une carte de crédit.

L'argent, une source de stress

Si certains sont prêts à dépenser facilement leur argent, pour d'autres, l'argent est synonyme de stress. En 2013, des chercheurs anglais et américains réalisent une étude pour tenter de comprendre ce phénomène. Un test est mis en place. 

Ils ont demandé à plusieurs personnes d'envisager un problème hypothétique, comme par exemple comment payer une réparation de voiture. Ils leur ont ensuite confié des tâches de raisonnement.

Aurélie Lamy

Pour certains, les réparations sont onéreuses. Pour d'autres, les réparations sont peu onéreuses. À la fin du test, les chercheurs remarquent que les personnes à faible revenu obtiennent de mauvais résultats lorsque le prix des réparations est élevé. Les autres n'ont pas de difficultés à passer le test cognitif. Pour Aurélie Lamy, manquer d'argent est une source de stress capable de nous faire perdre certaines capacités liées à notre fonctionnement cognitif

L'argent et le bonheur 

À votre avis, l'argent fait-il le bonheur ? Aurélie Lamy a consulté plusieurs études scientifiques. L'une d'entre elles s'intéresse aux comportements des personnes ayant gagné au loto aux États-Unis.

Les chercheurs ont découvert que le gain d'argent augmentait le bonheur. Cet état de pleine satisfaction ne vient pas de l'intensité, mais bien de la récurrence. À cela s'ajoute la nature des plaisirs. Les études montrent que les personnes ayant des revenus modérés ont des plaisirs dits passifs (regarder la télévision, surfer sur les réseaux sociaux, etc...) tandis que les personnes aisées ont des plaisirs dits actifs (partir en voyage, aller au restaurant, aller au cinéma, etc...). 

La préparatrice cérébrale conclut :

Même si l'argent rend un peu plus heureux, à partir du moment où nous avons des plaisirs actifs, nous pouvons être heureux sans argent. 

Aurélie Lamy

Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver toutes les chroniques d'Aurélie Lamy dans l'émission "Vous êtes formidables" en replay sur la plateforme france.tv.

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