La commune de Cournonterral, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Montpellier, dans l'Hérault, a attaqué ses prestataires en justice après la livraison d'une pelouse synthétique défectueuse pour son stade de football. Parmi eux, l'entreprise Laquet, mentionnée dans de nombreuses procédures judiciaires en cours pour des faits similaires.

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Ils se réjouissaient de la reprise sportive post-covid et de leur nouveau stade, mais ont vite déchanté. Depuis janvier dernier, le collectif de Parents et Amis du club de football amateur RSOC (Red Star Olympique Cournonterral, dans l'Hérault), qui compte plus de 200 jeunes licenciés, alerte sur l'état des sols du complexe sportif Georges Frêche, le seul de la commune.

Un terrain neuf mais "impraticable"

En cause, le gazon synthétique du terrain de football, installé par l'entreprise Laquet en juin 2017 pour près d'un million d'euros et inauguré fin 2018, qui se trouve être "impraticable dans des conditions décentes" en raison de la "décomposition de granulats se transformant en une pâte molle collant aux semelles des chaussures" en période estivale, explique la lettre envoyée par le collectif à plusieurs élus.

Un appel de détresse transmis par le député LFI de la huitième circonscription de l'Hérault, Sylvain Carrière, à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera. Le collectif espère également un retour du ministre de la Santé.

Mon fils voulait absolument aller dans ce club, mais on a rapidement été anéantis avec les autres parents lorsqu'on a vu la situation, d'où l'idée du collectif.

Marie Astrid Giral, présidente du collectif RSO Cournonterral

Conséquences, les autres clubs de football refusent de venir participer aux compétitions sur place, et un nombre grandissant d'enfants se plaignent de douleurs musculaires. "J'ai été arrêté six mois à cause d'une fissure du cartilage", explique le jeune Maxime, un habitué, obligé avec ses camarades de porter des sacs plastique aux pieds sur le terrain lorsqu'il ne joue pas. "Et moi un mois et demi à cause d'une blessure à l'adducteur, renchérit son ami Pablo. On n'a pas ça sur les autres terrains."

Mais ce n'est pas tout, puisque des "odeurs nauséabondes" ont également été constatées en période estivale aux abords du stade, posant la question du risque d'intoxication, selon le collectif.

Potentiel risque sanitaire

"On est quand même à 2,18 kg la paire de chaussures", soit près de 10 fois le poids originel, nous montre Marie Astrid Giral, président du collectif, après la pesée d'une des paires de crampons du coach, dont le dessous est recouvert d'un amas de plastique fondu verdâtre. "Je vous laisse imaginer les retombées au niveau physique, ça ne nous étonne pas que certains licenciés aient quitté le club pour aller s'entraîner ailleurs, poursuit la mère de famille. Ce que nous souhaitons aujourd'hui, c'est que l'entreprise Laquet répare ces désordres et livre un stade praticable."

L'état de la pelouse a fait l'objet d'un constat d'huissier en février 2022. L'ARS d'Occitanie a été saisie et des expertises de laboratoires sont en cours.

"Non seulement les gens qui courent sur ce terrain peuvent se blesser, mais en plus on a tout un tas de particules en plastique disséminées dans la commune par les gens lorsqu'ils rentrent chez eux !", se désole le maire de Cournonterral, William Ars, qui redoute que le stade doive fermer.

"J'ai clairement l'impression qu'on joue la montre pour repousser le remboursement, notamment lorsque l'entreprise Laquet a remis en cause l'impartialité de l'expert mandaté par le tribunal pour examiner la pelouse. Les prestataires sont allés jusqu'à invoquer l'argument de la vétusté pour qu'on prenne en charge la moitié des dégâts, alors que le stade a été inauguré en décembre 2018 et n'a pas été utilisé durant toute la période du Covid", rappelle l'édile, d'autant plus que son successeur n'a pas souscrit à une assurance au moment où il a porté le projet du nouveau stade.

Une entreprise citée dans de nombreuses procédures

Le nom de l'entreprise Laquet, mise en cause dans cette affaire, est mentionné dans plusieurs autres procédures judiciaires, desquelles elle a fait appel, pour des dégradations similaires. Elle est, par exemple, citée à la Cour d'appel de Metz (Moselle) en novembre 2017 pour des désordres apparus sur plusieurs stades en Ain, et en Isère, dès 2003 et 2006, pour des travaux réceptionnés en 2001, soit bien avant l'appel d'offres à Cournonterral.

Encore l'année dernière, en juin 2023, l'entreprise est citée par le Tribunal Administratif de Grenoble pour des désordres survenu en 2022 sur la pelouse synthétique d'un stade de la commune de Salaise-sur-Sanne (Isère), réceptionné en juin 2014. De même pour la Cour administrative d'appel de Toulouse à propos du stade des Tritons à Montpellier (Hérault), livré en 2016.

Les concepteurs et fournisseurs du terrain n'arrêtent pas de se renvoyer la balle, on se sent baladés...

William Ars, maire de Cournonterral (Hérault)

De son côté, Laquet, qui continue de construire et livrer des stades sportifs sur le territoire, a indiqué par courrier au collectif avoir engagé des procédures à l'encontre des sociétés qui commercialisent les tapis de gazon synthétique et les granulats en question. Elle précise également avoir informé les communes où un tel équipement a été installé afin "d'être vigilantes sur l'état des terrains." Contactée, l'entreprise n'a pas répondu à nos sollicitations.

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