Le paddle est de plus en plus populaire et l'arrivée de matériel bon marché dans les magasins de sport l'a démocratisé. Mais cette activité nautique reste dangereuse si l'on est mal équipé et si l'on ne respecte pas quelques règles simples.
Vendredi dernier à La Grande-Motte, en fin d'après-midi, un paddle a été retrouvé abandonné au large de la plage mais dans la zone des 300 mètres. Les secours ont engagé des recherches par bateau et lancé un appel à témoins pour retrouver son propriétaire.
Aucune disparition n'était signalée mais la forte tramontane et les rafales de vent entraînant vers le large pouvaient laisser penser à une noyade. Au final, le propriétaire et sa fille qui étaient en difficulté ont décidé d'abandonner le paddle et de rentrer à la nage. Chose à ne jamais faire.
Quelle attitude et que faire en cas de problème ? Quels équipements avoir ? Autant de questions posées à des professionnels.
Un loisir à la mode mais réglementé
Les premières règles de base pour faire du stand up paddle ou SUP en toute sécurité, c'est d'abord du bon sens.
Savoir nager, évidemment, ne jamais partir seul ou prévenir quelqu'un restant à terre de son départ et être en capacité de retourner sa planche si besoin et de remonter dessus. Naviguer de jour.
Sur des grandes étendues, comme en mer, ne jamais partir par temps d’orage, ou par vents forts (toujours se renseigner sur la météo) et se protéger du soleil (lunette, chapeau, crème solaire 50+, combinaison...).
À l'école de surf et de paddle de Palavas-les-Flots, c'est la météo qui décide.
La première chose très importante pour nous, c'est la météo... et le vent. Puis la capacité des personnes qui louent le paddle. Ici, ce qui est dangereux, c'est la tramontane, le vent de nord-ouest qui souffle vers le large. D'autant que nous avons beaucoup d'enfants. Ils ont systématiquement des gilets même si ce n'est pas obligatoire. Ils ne dépassent pas les bouées des 300 mètres et ils doivent être sous la surveillance de parents.
Une employée du Palawaï Surf School de Palavas
Outre la météo, l'autre danger qui guette l'utilisateur de paddle, c'est surestimer ses capacités physiques et sous-estimer la Méditerranée.
Selon Patrick Pourtier, formateur paddle, "95% des risques et accidents seraient évités si les utilisateurs mettaient un gilet de sauvetage, avaient un leash (NDLR : une corde pour ne pas perdre la planche), restaient à distance raisonnable du bord et respectaient la météo. Ce qui est le cas chez les loueurs et les professionnels. Ensuite, il y a les propriétaires de paddle, et là eux peuvent faire ce qu'ils veulent. Il y a peu d'obligations et surtout quasi jamais de contrôles".
Que faire en cas de chute ou en état de détresse ?
Si vous vous retrouvez en difficulté au large mais avec votre SUP, il faut rester sur le paddle, surtout ne pas le laisser et essayer de rentrer à la nage, surtout sans gilet de sauvetage. Sauf si vous êtes champion de natation.
Si vous sentez votre planche dériver et aller au large, il faut rester sur le SUP, à genoux ou mieux allonger sur le ventre. Remonter la pagaye sur la planche, la coincer sous votre torse et faire du crawl avec vos bras en direction de la terre, d'un abri.
Patrick Pourtier, moniteur enseignant paddle à Sète
Attention, les planches gonflables dérivent beaucoup plus vite que les autres en cas de grand vent. Ensuite, il faut un équipement correct. Comme le précise le moniteur : "On ne grimpe pas le Mont-Blanc en tongs. On se dit le paddle, c'est facile... Eh bien non. Rien n'est facile en mer surtout si l'on est mal ou pas équipé".
Équipements obligatoires ou non ?
Pour naviguer, deux cas se présentent. Soit votre SUP mesure moins de 3m50 de long, il est considéré comme un engin de plage, soit il est plus long et est considéré comme une embarcation. Rigide ou gonflable (à plusieurs chambres d'air), il est donc soumis aux règles de navigation maritime.
Le gilet de sauvetage ou un système de flottaison est toujours conseillé. Il est normalement obligatoire chez les loueurs de paddle.
- En eau intérieure sans courant (lac ou canal) : gilet ou combinaison thermique. Leash ou corde obligatoire pour ne pas perdre la planche.
- En eau intérieure avec courant (rivière et fleuve) : gilet ou combinaison thermique. Leash interdit. Porter une paire de chaussures fermées. Casque conseillé.
- En mer : gilet obligatoire ou ceinture de flottaison. Avoir un repérage lumineux étanche et/ou une combinaison thermique (au moins torse et abdomen). Leash obligatoire et avoir un moyen de communication dans un sac étanche.
En cas de non-port du gilet de sauvetage vous risquez une amende de 11 à 38 euros.
Où faire du paddle ?
Il faut déjà que la navigation soit autorisée. Ensuite, en mer, là encore, tout dépend de la longueur du SUP.
Pour un SUP de moins de 3m50, considéré comme un engin de plage, la navigation est interdite à plus de 300 mètres de la côte.
Seuls les SUP de plus 3m50 et les SUP gonflables de plus de 3m50 disposant de plusieurs compartiments d’air, sont autorisés à aller au-delà de la bande des 300 mètres, sans dépasser les 2 milles nautiques, soit 3,7kms.
La navigation est interdite au paddle en zone de baignade (sauf pour les planches considérées comme des engins de plage de moins de 3m50 de long), sur les accès et chenaux des ports, en zone Natura 2000 et sur les canaux, 150 mètres avant et après une écluse.
Paddle à deux ou plusieurs
Pratiquer le paddle à deux, ou plus, dans de bonnes conditions de performances mais aussi de sécurité, est compliqué. La plupart des planches de SUP sont prévues pour une seule personne (notamment les SUP gonflables).
Cependant, certains paddles, au format familial sont prévus pour supporter la charge de plusieurs personnes, permettant ainsi de pratiquer le paddle à plusieurs.
Il est important de prendre en compte la capacité de poids que peut supporter l’équipement. Pour cela, il est conseillé de se tourner vers un paddle de grande taille, mentionnant qu'il s'agit d'un paddle pour 2 ou plusieurs personnes. La longueur de la planche déterminant le nombre de personnes transportées.
La forme du SUP est aussi importante.