Malgré une levée de boucliers de plusieurs associations et syndicats héraultais, le rappeur Millésime K a finalement donné un concert samedi 18 mars à Montpellier. Un événement qui s'est tenu à l'insu du propriétaire des lieux, leurré sur le contenu du concert.
La mobilisation d'un collectif d'associations et de syndicats n'y aura rien fait. Le concert de Millésime K, rappeur proche de l'extrême-droite, à Montpellier (Hérault), en tournée pour une vingtaine de dates, s'est finalement tenu samedi 18 mars. "Il entend rassembler les nationalistes locaux autour de ses musiques racistes, homophobes et islamophobes", écrivait il y a quelques jours l'organisation politique Jeune Garde Montpellier.
Au grand dam de Thomas*, qui gère le site où a eu lieu l'événement. Vers 19 heures le jour même, il reçoit un appel d'une des associations, qui l'informe de la situation. C'est la douche froide. "Je suis dégoûté, je n'ai évidemment pas envie d'être mêlé à ça", dit-il à France 3 Occitanie.
"On ne se doute de rien"
Car le gérant de ce lieu montpelliérain n'était pas au courant. "Il a réservé pour la soirée à partir de 18h30, en parlant d'un concert d'une petite heure, avec un public varié dont des personnes âgées", retrace le gérant. "Il m'a renvoyé le contrat, et son assurance, pour moi tout était bon." Thomas était à mille lieues d'imaginer ça : "En voyant le nom de son entreprise, je n'avais aucune raison de m'inquiéter. C'est plutôt bien fait de leur part, on ne se doute de rien", assure-t-il. Le rappeur fait en sorte d'être insoupçonnable, et ça fonctionne. "Si l'association ne m'avait pas prévenu, je ne l'aurais jamais su", confirme le gérant.
Une fois informé, Thomas cherche le rappeur sur Internet, car il n'a "jamais entendu parler de lui", puis se rend sur place. Sans problème apparent, il ne peut rien faire. Dans le même temps, il tente de contacter la préfecture de l'Hérault, mais impossible de les joindre un samedi soir. Le concert se tient donc, sans dégradations ou problèmes notables.
Un procédé semblable
Un schéma qui se répète. Plusieurs salles du pays ont eu affaire à des méthodes similaires, rares sont celles mises au courant du contenu du concert, et donc de la venue de cet artiste controversé. Chaque personne en possession d'un billet reçoit, parfois tardivement, un mail avec le lieu décidé par le rappeur.
Thomas ressort de cette mésaventure "déçu", et "un peu chamboulé". S'il accepte de parler sous couvert d'anonymat, c'est pour que ça n'arrive pas à d'autres salles. Le gérant se sent floué, et ne souhaite pas que sa salle soit associée à ce genre d'esclandre. "C'est un lieu que j'ai repris, qui n'est pas voué ces choses-là", affirme Thomas. "On organise des événements centrés sur le partage, on est engagés sur les questions de transition écologique." À l'avenir, "ça sera à moi de faire plus attention, je serai plus vigilant".
*Le prénom a été changé.