Législatives 2024. "Votez bien, votez Français" : menaces, intimidations, violences, les méthodes de certains délégués RN pointées du doigt dans des bureaux de vote de Montpellier

Des incidents graves ont été constatés dans les bureaux de vote montpelliérains par les délégués de gauche à cause de scrutateurs du RN. Ils ont été consignés dans des procès-verbaux dressés par les représentants du conseil constitutionnel et des assesseurs.

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"Ça fait plus de dix ans que je tiens des bureaux de vote et je n'ai jamais vu ça. J'avais hâte que le dépouillement se termine". Au lendemain du second tour des élections législatives anticipées, Rachid El Mouden, président du bureau de vote n°139 de la 8e circonscription de l'Hérault à Montpellier, n'en revient toujours pas. D'habitude content de s'occuper des élections "dans un bureau de vote familial où les couples viennent voter avec leurs enfants qui rigolent quand ont dit 'a voté'", l'homme politique, également conseiller départemental EELV confie avoir souffert "d'une ambiance pesante pendant 12 heures".

À l'entrée du bureau une déléguée du Rassemblement national disait aux gens qui venaient voter : "votez bien, votez français !".

Rachid El mouden

Président de bureau de vote à Montpellier

À l'entrée du bureau, une déléguée du Rassemblement national disait aux gens qui venaient voter : votez bien, votez français !".

Incompétence

Cette même déléguée a voulu prendre en photo le cahier d'émargement, ce qui est strictement interdit. "Nous avions rajouté des procurations au stylo rouge car elles étaient arrivées tardivement à la mairie que nous avions appelée pour savoir comment procéder. Je pense qu'il y a incompétence de leur part sur le règlement électoral, l'incitation à voter aussi, faire campagne après vendredi minuit, ce qui est illégal... Ensuite, Cédric Delapierre, le candidat RN est venu en disant qu'il était juriste. Il est revenu avec deux agents de sécurité. Je lui ai répondu que la sécurité dans un bureau de vote devait être assurée par la police municipale. L'un des agents de sécurité, costume et cravate noire est ensuite resté pour le dépouillement avec la déléguée RN". 

Pas d'irrégularités pour le candidat du RN

Contacté, Cédric Delapierre dément toute attitude illégale de la part de ses délégués. Il dit avoir demandé des explications sur les procurations arrivées tardivement. Il était effectivement entouré par deux agents de sécurité, non pas pour le bureau de vote mais "car il a été menacé sur le terrain pendant la campagne". L'un des deux est resté pour le dépouillement le soir du second tour.

Secrétaire molestée

Une secrétaire a été molestée à l'intérieur du bureau de vote par un électeur. "Cela s'est passé en deux temps. Il ne voulait prendre qu'un bulletin de vote, ce qui est interdit et rentrer dans l'isoloir avec son épouse. Il a agrippé la secrétaire, elle avait des traces sur l'épaule", ajoute Rachid El Mouden. La scène s'est déroulée devant des magistrats de la commission électorale. Des procès-verbaux ont été dressés par le président du bureau de vote et par les magistrats.

Ce qui m'a pesé, c'est aussi que l'on mette en doute ma bonne foi et celle des agents de la fonction publique mandatés par la mairie qui ont eu un comportement exemplaire.

Rachid El Mouden, président de bureau de vote

Conseiller départemental EELV Hérault.

Dans un bureau du quartier des Cévennes et dans la première circonscription. Une sorte de Vade mecum pour les délégués du RN "et demandant à des personnes portant un déguisement musulman de les empêcher de voter", a fait l'objet d'un signalement.

Militantisme agressif

L'attitude de certains membres du Rassemblement national rappelle à Rachid El Mouden le militantisme des années 70-80 "lorsqu'on militait à coups de barre de fer". Une analyse et des mots partagés par Aurélien Lopez-Ligurori, député RN élu dans la 7e circonscription de l'Hérault. Il a reçu des crachats, sa permanence a été taguée, ses bulletins ont été arrachés des mains pendant le tractage.

Tout cela est consécutif aux polémiques du premier tour et aux accusations sur de supposés bourrages d'urnes et d'irrégularités dénoncées par Josyan Oliva, Candidat RN/Ciotti de la 1ere circonscription de l'Hérault après le premier tour. Des accusations qui n'ont pas été étayées, ni constatées...

Brutalisation de la vie publique

La parole politique tout comme la vie publique s'est brutalisée. C'est pareil à l'Assemblée nationale explique Patrick Vignal (député Renaissance battu dans la 9e circonscription de l'Hérault). "Rappelez-vous des réflexions dans l'Hémicycle".

Avant, pendant les campagnes d'affichage, on pouvait se jeter des pots de colle mais ça n'allait pas plus loin.

Patrick Vignal

Ex député Renaissance 9e circonscription de l'Hérault

"Aujourd'hui la France est désinhibée, la colère aussi. Quand vous avez des gens à l'Assemblée nationale qui en viennent aux mains et que vous avez des jeunes qui ne sont pas politiquement structurés, ils se disent "on va faire pareil"".

Il est temps d'apaiser un débat qui aujourd'hui plus que jamais, s'est polarisé. De donner l'exemple. Le bon exemple.

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