Entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées jeudi 6 octobre 2022, devant l'Hôtel de ville de Montpellier, à l'appel du collectif "Pas de bébé à la consigne". Elles dénoncent la pénurie de professionnels qualifiés et le récent arrêté autorisant le recrutement de personnes non diplômées. Un mouvement de grève touche plusieurs structures du département.
"Qu’est-ce qu’on est serrés au fond de cette crèche, chantent les bébés…" C'est avec une pointe d'humour et sur un air de Patrick Sébastien que des personnels de crèche et des parents ont scandé leur inquiétude jeudi matin sur le parvis de l'Hôtel de ville de Montpellier. Dans leur ligne de mire, les mesures gouvernementales qui autorisent désormais des établissements à recruter des personnels ayant peu - voire pas du tout - d'expérience auprès des jeunes enfants.
"Il pourrait y avoir des mères de famille qui, parce qu’elles ont eu trois enfants, pourront travailler dans nos structures, s'inquiète Virginie Pascal, auxiliaire de puériculture dans l’une des crèches municipales de Montpellier. On n’élève pas son enfant comme ceux qui nous sont confiés, qui ne sont pas les nôtres. Il y a toute une démarche psychologique très pointue. On ne peut pas demander à des gens qui ont une formation de 15 jours ou d’un mois d’être performants et de savoir s’occuper de ces enfants-là."
Demain, il y aura des dérapages !
Virginie Pascal, déléguée syndicale CGT
Les manifestants montpelliérains ont exigé le retrait de l'arrêté publié fin juillet et qui permet de recruter plus facilement des salariés non diplômés et de les former en interne pour faire face à la pénurie de personnels dans les crèches. "C’est nous qui allons les former parce qu’elles ne sont pas formées. Il va falloir veiller sur ce qu’elles font en permanence", s'insurge Virginie Pascal, déléguée syndicale CGT. On a peur qu’il y ait des abus. Demain, il y aura des dérapages !"
Des parents inquiets
Le collectif "Pas de bébés à la consigne" rassemble une cinquantaine d'organisations syndicales et d'associations représentant le monde de la petite enfance dans toute la France. Présent à la manifestation ce matin à Montpellier, Yannick Navarrette, représentant du personnel à l’UNSA, refuse, lui aussi, que "des gens qui n’ont pas été formés s’occupent d’enfants toute la journée". Son souhait : "éviter toutes les dérives qu’on a pu connaître - et qui sont malheureuses - dans des EHPAD ou des sociétés privées."
C’est une mesure qu’on ne peut pas accepter, c’est une très très grande dégradation du service public.
Yannick Navarrette, représentant du personnel à l’UNSA
A côtés des personnels des crèches, des parents se sont mobilisés ce jeudi matin. "En crèche, ce n’est plus possible, le quota augmente de plus en plus, confie une mère de famille. C’est de plus en plus d’enfants et de moins en moins de professionnels, on ne peut pas faire du travail efficace comme ça." "Le salaire n’augmente pas, abonde la salariée d'une crèche. Maintenant ils veulent des personnels qui ne sont pas qualifiés, ce n’est pas possible !"
Comme à Montpellier, des rassemblements sont organisés tout au long de la journée dans une soixantaine de crèches en France.