Moisissures, cafards, punaises de lit : le procès de marchands de sommeil à Montpellier

Quatre personnes et quatre sociétés sont jugées pour avoir loué pendant des années des appartements insalubres à des personnes vulnérables de la résidence Font del Rey, dans le quartier de La Paillade à Montpellier.

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Quatre personnes et quatre sociétés sont jugées ce mardi 5 septembre 2023, suspectées d'avoir été des marchands de sommeil de la résidence Font del Rey dans le quartier de la Paillade à Montpellier.

Des cloaques loués à des résidents vulnérables

Sols collants, odeurs fétides, fenêtres passoires, moisissures, cafards, punaises de lit ou encore absence d'eau chaude ou de chauffage : c'est le quotidien cauchemardesque des locataires. Des résidents vulnérables : au chômage ou travaillant au noir, jusqu'à ce que l'ARS (Agence régionale de santé) ne déclare l'immeuble insalubre. Un des plaignants, interrogé par notre équipe présente au procès décrit "un logement au papier peint sale, humide pour lequel il a dû débourser 1 800 euros pour récupérer l'appartement auparavant occupé par sa sœur. Les propriétaires informés de l'état du logement n'ont jamais voulu faire de travaux de réhabilitation. Il est même resté un mois sans electricité",  ajoute l'ancien locataire.

Arguments choquants

"On ne savait pas. On ne comprend pas et les éléments du dossier sont tellement flous que l'on n'a pas pu préparer correctement notre défense". Ce mardi 5 novembre devant le tribunal judiciaire de Montpellier, l'argumentaire des prévenus a choqué la douzaine de familles plaignantes ainsi que la ville de Montpellier et la Fondation Abbé Pierre, parties civiles dans ce dossier.

Entre 450 et 650 euros mensuels

Deux propriétaires, un syndic et des sociétés pratiquement toutes détenues par une seule personne, propriétaire de 80 appartements sur la centaine de la résidence sont poursuivies pour avoir loué entre 450 et 650 euros par mois ces logements indignes.

C'est un procès emblématique à plus d'un titre ajoute Me Emmanuel Daoud avocat de la Fondation Abbé Pierre et "Habiter enfin" . "Par l'ampleur du nombre d'appartements concernés, la durée des faits, la longueur des procédures en France et en particuler à Montpellier. 

Beaucoup de ces locataires étaient en situation de vulnérabilité manifeste ( malades ou ou sans emploi) occupant parfois à quatre des T2 de 40 m2.

Me Emmanuel Daoud, avocat de la fondation Abbé Pierre et de l'association "Habiter enfin"

L'avocat espère que ce procès permettra  de prendre conscience de la situation et d'améliorer la sort de ceux qui restent dans ces logements.

La mairie de Montpellier, partie civile a racheté ces logements indignes en 2022. 37 familles ont été relogées, il en reste 50. "Un choix politique fort de la part de la mairie pour luttre contre l'habitat indigne", ajoute Me Iris Christol avocat de la ville de Montpellier.

La défense va plaider la relaxe

La défense, qui avait tenté en vain de faire annuler la procédure dénonce une instrumentalisation du dossier "Cela ne relève pas du pénal, mais d'une juridiction administrative. L'infraction n'est pas constituée car nous ne sommes pas dans des conditions indignes.

Mon client n'est pas un marchand de sommeil.

Luc Abratkiewicz, avocat de la défense

L'avocat va demander la relaxe. Le procès se poursuit mercredi 6 septembre 2023.

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