2 syndicats appellent à la mobilisation des personnels ce lundi pour dénoncer la dégradation des conditions de travail à l'hôpital public. La CGT du CHU de Montpellier et FO ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de ce 4 juillet.
Les syndicats demandent plus de moyens humains pour les urgences alors que les vacances d'été débutent.
Ils pointent du doigt des services "à bout de souffle". Et toujours les mêmes constats, des arrêts maladie pour épuisement professionnel qui se multiplient, des demandes de disponibilités nombreuses, des démissions importantes...
Bref, malgré un plan d'attractivité et de fidélisation, un nouvel accord social et l'annonce de la création de 130 CDI, il y a quelques semaines, l'hôpital reste sous tension.
Que ce soit aux urgences adultes, pédiatriques de Lapeyronie ou tête et cou de Gui De Chauliac la situation est désormais critique et ce, aux portes de l’été : les conditions d’accueil et de prise en charge des patients et de leurs familles sont menacées.
Communiqué de presse FO/CGT du CHU de Montpellier.
"Il y a urgence pour nos urgences !"
La grève de ce lundi et la mobilisation des agents à midi visent à trouver des solutions rapides pour faire face à la crise estivale.
Pour les services d'urgences, ils réclament :
- Une réactivité rapide pour rendre participatifs tous les acteurs du soin dans la régulation des flux d’amont
- Permettre des parcours de soins sécuritaires pour les usagers et les personnels soignants
- La régulation des flux d’aval afin d’hospitaliser les patients qui le nécessitent
- Refonder la prise en charge des urgences et des soins non programmés.
Pour les personnels hospitaliers paramédicaux et médicaux :
- Revalorisation conséquente du point d’indice, des salaires et des indemnités pour contraintes et pénibilités horaires : nuit, dimanches et fériés
- Développer un vaste plan de formation de personnels soignant afin de permettre des recrutements massifs
- Renforcement des moyens pour les établissements et recrutement de personnels (Brancardiers, coursiers, ouvriers, logisticiens, secrétaires) pour que chacun soit centrer sur son coeur de métier
- Ratios de personnel adaptés à la charge en soins
- Mesures salariales pour fidéliser les médecins et prioriser leur affectation à l’hôpital.
Selon la direction, il manque 76 postes d'infirmiers, 10 postes d'aides-soignants. Cela correspond pour chaque fonction à 13% du total des postes.
Les syndicats eux, parlent de 332 postes d'infirmiers diplômés d'état inoccupés, en comptant l'absentéisme, et de 177 postes d'aide-soignants.
L'ARS présente un plan "flash" pour 3 mois
Vendredi 1er juillet, l'ARS Occitanie a présenté le plan du gouvernement pour répondre aux besoins de l'été en matière d'urgences et de soins non programmés. Les mesures annoncées sont ciblées pour 3 mois.
Les axes sont une meilleure orientation des patients grâce au 15, un renforcement des équipes de régulation médicale, plus de professionnels disponibles avec l'incitation financière des médecins généralistes à accueillir des patients adressés par le 15, ouverture prolongée des maisons médicales de garde, recourir à la télémédecine, faciliter les recrutements de professionnels libéraux, faire appel aux retraités...
- Mieux orienter et avant d’aller aux urgences appelez le 15 avec des campagnes d’information déjà lancée en Occitanie avec la campagne «les urgences c’est pas automatique»
- Avoir plus de professionnels de santé en ville avec des mesures adaptées (majoration des consultations de soins non programmés de 15 euros ; ouverture des maisons médicales de garde le samedi matin ; possibilité de transport des malades vers les libéraux et les maisons médicales de garde ; recours à la télémédecine ; association des autres professionnels de santé) et à l’hôpital (en facilitant l’exercice des libéraux au sein de l’hôpital, les internes, les retraités)
- Des mesures spécifiques pour les personnels de l’hôpital : revalorisation du point d’indice, majoration des heures de nuit, majoration des heures supplémentaires, titularisation
- Accompagner la coordination des acteurs : mise en œuvre du service d’accès aux soins, PDSES public et privé, coordination des lits d’aval par les ARS
- Adaptation du fonctionnement des services des urgences en fonction des situations locales
- Prolongation de la garantie de financement des établissements de santé jusqu’au 31 décembre 2022
Les organisations syndicales seront reçues mercredi par la direction du CHU. Elles ont aussi demandé un rendez-vous à la direction régionale de l’ARS Occitanie "pour évoquer une situation inédite et désormais urgente".
"Tout notre système de santé est à bout de souffle" estime le nouveau ministre de la santé
Le nouveau ministre de la Santé, François Braun, a jugé ce lundi que "tout notre système de santé est à bout de souffle", promettant de s'atteler "en urgentiste" aux dossiers qui l'attendent, dont la crise de l'hôpital.
Après avoir salué Brigitte Bourguignon pour son "écoute bienveillante" et sa "volonté de prendre les problèmes à bras le corps", l'ex-chef des urgences de Metz a évoqué, lors de la passation de pouvoir au ministère, un "système de santé (...) capable de faire des choses extraordinaires, comme pendant la pandémie, mais (qui) manque de souplesse, de visibilité, n'est plus compris par nos concitoyens ni par nos soignants".
Les urgences (...) sont malades, l'hôpital public n'est pas bien, et tout notre système de santé est à bout de souffle", a ajouté celui qui vient de remettre 41propositions au gouvernement, dans le cadre d'une mission flash sur les "soins non programmés".
François Braun, ministre de la Santé.
Il y a urgence pour lutter contre les inégalités d'accès à la santé, dont les déserts médicaux sont l'emblème le plus terrible", mais aussi "pour l'hôpital et pour les soignants, terrassés par la crise Covid dont nous n'avions pu anticiper toutes les conséquences".
Se posant "loin des incantations, des y'a qu'à, faut qu'on", cet ancien référent santé de la campagne d'Emmanuel Macron "compte conduire une rénovation de notre système de santé centré sur les besoins de santé des Français, au plus près des différents territoires de la République", convaincu que "les besoins de santé ne sont pas les mêmes en Moselle-est ou dans le Pays basque".