Parmi ces manifestants, à battre le pavé à Montpellier, dimanche, certains fêtaient un anniversaire : celui du défilé de Mai 68. René Revol est de ceux-là, comme Marc Le Tourneur. Portraits.
Tous les 1er Mai, René Revol manifeste. Homme de gauche, d'abord syndicaliste puis élu, il a commencé à militer à 20 ans, à la veille de mai 68. Il y a 50 ans, le 1er mai, il défilait déjà. "J'étais à Grenoble et il y avait une manifestation de travailleurs. Il y avait à cette époque une vraie volonté de se défendre et de préparer un mouvement de masse."
Il y avait à cette époque une vraie volonté de se défendre et de préparer un mouvement de masse
Etudiant à Grenoble, René Revol dirigeait le syndicat Unef. L'université était en ébullition, et dans cette ville ouvrière, l'union s'est faite entre étudiant et travailleurs. " La rencontre de la révolte étudiante et de la grève ouvrière ont crée mai 68. Tout était arrêté et ce souvenir de la puissance de la grève ! A partir du moment où ceux qui font marcher la société s'arrêtent, la société ne marche plus."
Ce souvenir de la puissance de la grève !
Au même moment à Paris, Marc Le Tourneur est élève ingénieur à Centrale. Pas du tout politisé, il ne manifeste pas le 1er mai. Mais accompagne des amis le 6 et cette manifestation-là va changer sa vie."On arrive au quartier latin, boulevard Saint-Germain, et là, une espèce de nasse policière nous enferme. On est bombardé de grenades lacrymogènes offensives. Il y a plein de gens blessés autour de moi. Et il y a une espèce de peur et en même temps de révolte qui va se faire jour. L'élève ingénieur banal que j'étais, devient petit à petit un militant politique à travers ces événements de mai 68 qui vont être pour moi un des grands moments de ma vie."
Il y a une espèce de peur et en même temps de révolte qui va se faire jour
Marc Le Tourneur a fait toute sa carrière dans des sociétés publiques, comme la Tam à Montpellier. Il est retourné au militantisme après sa retraite. Pour lui, comme pour René Revol, il y a des points communs entre 68 et 2018. "Aujourd'hui, c'est la révolte contre une société dont on ne sait plus très bien qui la dirige et pour des raisons qui ne sont liées qu'à l'argent. Et ça, c'est une chose que nous ne pouvons plus supporter."
Aujourd'hui, c'est la révolte contre une société dont on ne sait plus très bien qui la dirige et pour des raisons qui ne sont liées qu'à l'argent
A Montpellier, ce 1er mai, la manifestation n'a pas beaucoup mobilisé. Mais en 68 aussi, le début du mois de mai était assez paisible.