Trouver un job d’été relève bien souvent du casse tête pour les étudiants. Mais cette année, alors que la crise sanitaire a impacté de nombreux secteurs, la recherche se complique davantage. A quelques semaines du début de l’été, certains jeunes sont déjà résignés.
40 candidatures envoyées plus tard… Charles en est toujours au point mort. Cet étudiant en première année de Science politique à Montpellier recherche pour cet été un job dans le domaine de la restauration.
Un secteur qui au premier abord regorge de besoins pendant la saison estivale. Mais cette année, avec la crise sanitaire liée au coronavirus, la situation est toute autre. En effet, les secteurs pourtant habitués à embaucher n’ont pas grand chose à proposer aux jeunes.
Restauration, hôtellerie, tourisme : ils fonctionnent aujourd’hui tous au ralenti, difficile d’y voir donc des perspectives d’embauche pour la saison.
Des recherches en vain
Originaire de Savoie, Charles a passé le confinement chez ses parents. Deux mois à la maison, l’idéal pour commencer ses recherches de job pour cet été.
Mais en réalité, cela s’est très vite compliqué. Le jeune homme a multiplié les candidatures, bien souvent restées sans réponse :
90% de mes demandes sont restées sans réponse. Lorsque j’ai eu des réponses, les employeurs me disaient souvent qu’ils étaient désolés mais qu’en raison de la crise sanitaire, ils ne pouvaient pas embaucher d’étudiants cet été. Ils ne savaient même pas si ils allaient pouvoir faire travailler leurs salariés cet été,
confie, l'étudiant montpelliérain.
Charles a eu jusqu’à présent une seule proposition : un contrat de 15 heures dans une chaîne de restauration. Mais, "ce n’est pas vraiment intéressant. 15h par semaine c’est rien, c’est bien comme job pendant l’année, en complément des études", se désole-t-il.
Même son de cloche du côté de Bouchra qui intègre en septembre prochain un BTS commerce international. La jeune fille basée à Montpellier, qui recherche également un job pour cet été dans n'importe quel domaine, n'a eu jusqu'à présent que des réponses négatives :
J’ai tout tenté, j’ai même téléchargé des applications pour essayer de multiplier les candidatures mais je n’ai pour l’instant aucun retour. C’est très démotivant.
Bouchra tout comme Charles regrettent l'absence de salons étudiants. En effet, à cause de l'épidémie de coronavirus, les salons qui permettent habituellement d'aider les jeunes à trouver des jobs pour l'été ont du être annulés. Si certains organismes ont malgré tout proposé des aides en ligne, l'offre n'a semble-t-elle pas été suffisante.
Une fin d'année retardée
Des secteurs en crise mais pas que... Charles a eu également la surprise de découvrir que le coronavirus a retardé de deux mois la fin de son année scolaire. Alors qu'il devait terminer les cours le 30 avril dernier, ses examens ont été repoussés. La fin de son année est désormais fixée au 30 juin.
J'avais la perspective de travailler pendant quatre mois pour assurer mes dépenses pendant l'année scolaire mais là ça réduit fortement les possibilités,
détaille le jeune homme.
L'année dernière, le jeune homme a trouvé un job d'été en Savoie après seulement trois candidatures déposées. Ce job lui a permis de couvrir tous ses frais annexes à son logement pendant environ quatre mois (son loyer étant payé par ses parents).
"Je ne suis pas dans une situation précaire, si je ne travaille pas cet été mes parents pourront m'aider mais ça me gêne de demander de l’argent. J’aurais aimé avoir mon argent, pour pouvoir le dépenser comme j’en ai envie", conclut Charles.
A l'heure actuelle, il reste dans l'attente d'une réponse d'un restaurateur chez qui il a l'habitude d'aller. En solution de dernier recours, l'étudiant envisage d'effectuer des baby-sitting ou de travailler à partir de septembre à côté de ses études. Bouchra de son côté prévoit de multiplier les candidatures afin d'éviter l'été chez ses parents.
Loin d'être des cas isolés, les témoignages de ces deux étudiants face aux difficultés de trouver un job pour l'été laissent à penser que la précarité étudiante pourrait connaître une hausse. Selon une enquête menée par l'Observatoire national de la vie étudiante, datant de 2016, 22,7% des étudiants interrogés avaient déclaré avoir été "confrontés à d'importantes difficultés financières durant l'année".
Une enquête de l'INSEE datant de la même année révélait quant à elle que 20,8% des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 12,8% de l'ensemble de la population.