Montpellier : " je suis partie parce que j'allais mourir ", le témoignage d'une femme battue par son mari pendant 15 ans

Des centaines de personnes se sont rassemblées place de la Comédie à Montpellier ce vendredi pour revendiquer les droits des femmes. Parmi elles, Annie. Elle a été battue par son mari pendant près de 15 ans. Elle nous livre son témoignage.

A Montpellier, place de la Comédie, il est 18h lorsque des centaines de manifestants se rejoignent ce 8 mars. Ils veulent faire entendre leurs revendications concernant le droit des femmes. Au milieu de la foule, Annie, 69 ans, bénévole au centre d’information du droit des femmes et des familles.

Au-delà de sa voix de femme, c’est son histoire qu’elle veut faire entendre aujourd’hui et elle a décidé de nous la raconter.
 

15 ans d’agressions physiques et sexuelles


Annie est jeune lorsqu’elle rencontre l’homme qui deviendra quelques années plus tard son mari. Très vite, ils ont des enfants et mènent une vie aisée comme elle nous raconte.
Des dîners chics, des voyages, des week-ends, après ces quelques années de bonheur, le cauchemar commence.

Après cinq ou six ans, j’ai commencé à voir le personnage dans tout ce qu’il avait de plus médiocre.


Ce cauchemar va durer 15 ans. 15 ans d’agressions physiques et sexuelles avant qu’elle réussisse à s’enfuir.

 

Si tu pars je te tue


Partir, Annie a essayé à plusieurs reprises. Mais les menaces verbales et physiques font régner la peur.  

"Quand nous avons trois enfants, quand bien même si nous n’en n’avions pas, et qu’il vous dit si tu pars je te tue, vous y croyez au vu de ce qu’il vous a fait subir avant.
Et vous savez très bien qu’il est capable de le faire.
"
 

La solitude


A plusieurs reprises Annie a tenté d’alerter les autorités, elle a porté plainte des tas de fois, dès les premiers coups. Des plaintes qui sont le plus souvent restées sans réponses :

"Mon mari connaissait bien les gens du Parquet et vous imaginez bien que lorsque mes plaintes sont arrivées au Parquet elles finissaient à la poubelle, ça existe, je vous le jure."

Pour Annie, il n’y a pas seulement les autorités qui lui tournent le dos, ses amis aussi :

J’ai vu naître chez moi le sentiment que peu de gens étaient concernés par la souffrance des femmes. Vos amis, vos voisins, tout le monde vous tourne le dos peut-être parce que c’est trop dur à entendre.  

La mort


La mort Annie l’a vue de très près :

Je suis partie parce que j’allais mourir, il m’avait mis un coussin sur le visage en me disant que cette fois-ci je mourrais mais qu’il ne laisserait pas de trace. Et quand vous êtes ainsi près de la mort, vous vous défendez c’est juste animal, je l’ai mordu, j’ai appelé vite la gendarmerie, le médecin. Ils sont arrivés et là il a déposé plainte pour coups et blessures.


Après cette nuit terrible, Annie s’enfuit. Une amie à elle l’accueille malgré les menaces et les pressions de son mari :

"J’ai une de mes amies qui m’a récupérée avec mes trois enfants. J’y suis restée trois mois, je n’avais rien bien sûre. Mon amie m’a accueillie et m’a supportée avec mes souffrances, mes chagrins, mes pleurs et aussi mes petits. Et elle a tenu bon parce que mon mari l’a harcelée. Elle a été super, c’est grâce à elle que j’ai pu rechercher un emploi, un appartement."

Après ces 15 années d'agressions physiques et sexuelles, son mari sera condamné à 4 mois de prison avec sursis. 
 
 

Rebondir


Aujourd’hui Annie travaille comme bénévole au centre d’information du droit des femmes et des familles à Montpellier. Quelque chose de nécessaire et d’indispensable pour elle :

Je me suis toujours engagée, mais il était encore plus important que je donne de mon temps pour toutes ces femmes, car il est essentiel de retenir quelque chose de ce que l’on a vécu. Je pense que l’on est les plus aptes à comprendre cette souffrance, quand des femmes viennent et me disent vous savez Madame la souffrance que j’endure. Evidemment je sais je ne peux pas leur raconter ma vie mais je sais très bien, au delà de ce qu'elles peuvent imaginer.


Annie participe à toutes les manifestations pour revendiquer les droits des femmes. Aujourd’hui, elle veut que le gouvernement entende son histoire pour comprendre ce qu’est la souffrance des femmes en France, et peut-être réagir.

Depuis le début de l’année 2019 en France, ce sont plus de 20 femmes qui sont mortes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit une femme tous les deux jours, un chiffre en hausse. 

Si vous êtes victimes d’agressions sexistes, sexuelles ou physiques n’hésitez pas à appeler le 3919.



 
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