Derrière l'incendie mortel de Noël-Cerneux, la piste du féminicide : des lettres de "demandes de pardon" laissées par le mari

Une enquête pour "homicide sur conjoint" a été ouverte suite à l'incendie d'un pavillon à Noël-Cerneux (Doubs), le 25 juillet. Les corps des deux époux avaient été retrouvés dans les décombres. Selon la justice, le couple, "en instance de séparation" vivait dans un contexte "très lourd" sur fond de "violences conjugales réciproques".

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De nouvelles explications sur le drame de Noël-Cerneux. Jeudi 25 juillet, un incendie avait ravagé un pavillon, rue du Crêt Barre, aux alentours de 6h du matin. Après avoir stoppé les flammes, les pompiers avaient découvert deux corps sans vie, identifiés comme ceux du couple de propriétaires de la maison. Le couple avait trois enfants, âgés de 15,20 et 23 ans, absents au moment des faits.

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Le lendemain, vendredi 26 juillet, la procureure adjoint de la République de Besançon, Christine de Curraize, a dévoilé de nouveaux éléments. "Le corps de Mme Béatrice G. [47 ans, NDLR] a été retrouvé dans le canapé du salon, alors que celui de son mari, Christope G. [51 ans, NDLR] était lui à l'étage, dans la salle de bain" a-t-elle expliqué.

La femme "est décédée avant l'incendie"

À l'heure où nous écrivons ces lignes, des autopsies sont toujours en cours et s'avèrent "difficiles en raison de l'exposition des corps au feu" reprend la procureure adjoint. Néanmoins, le parquet précise que le décès de Béatrice G. n'a pas été causé par "arme à feu" ou "arme blanche". Elle présentait néanmoins trois fractures des côtes "à cause d'un accident qu'elle avait eu il y a quelques jours" et une "hémorragie au niveau de l'orbite droite qui peut laisser suggérer des traces de violences".

Il n'a pas été trouvé dans les poumons de la défunte des traces de suif. Ce qui permet d'affirmer qu'elle était décédée avant l'incendie

Christine de Curraize,

procureure adjoint de la République de Besançon

Son autopsie a également laissé transparaître des traces de détresse respiratoire "pouvant soit s'expliquer par la prise de médicaments, soit par un phénomène d'asphyxie causé par un tiers". Son mari, Christophe G. serait mort à cause de l'incendie. "Un scanner révèle qu'à la différence de son épouse, des traces de suif ont été retrouvées dans son oesophage. Il était vivant au début de l'incendie".

La piste du féminicide privilégiée

Ces premiers éléments laissent donc penser à un féminicide, même si la justice attend la fin des examens complémentaires avant de se prononcer, notamment la venue d'un expert incendie sur les lieux.

Une piste renforcée par la découverte, dans la voiture du mari garée devant la maison, de trois lettres formulant des adieux et des "demandes de pardon" laissant entrevoir "des pensées suicidaires". "Une était à destination des enfants du couple, l'autre pour la famille plus large et les amis, et la dernière pour les gendarmes" précise le parquet. Des enregistrements sonores, en cours d'exploitation par les forces de l'ordre, accompagnaient ces écrits.

Une enquête déjà ouverte pour "violences conjugales réciproques"

De plus, Christophe et Béatrice G. vivaient "dans un contexte conjugal lourd" et étaient"en voie de séparation". Chacun des époux avaient ainsi fait des démarches auprès d'un avocat, "alors qu'un différend important existait entre eux au sujet de la maison, chacun souhaitant la garder" précise la procureure adjoint.

Autre élément important, une enquête avait été ouverte le 30 mars 2024 à la gendarmerie de Morteau après des "violences conjugales réciproques". "Chacun se disait victime de l'autre. Mme disait avoir été plaquée une seule fois au sol et souffrir de violences psychologiques. Monsieur disait subir du harcèlement de la part de son épouse" annonce la justice.

En tenant compte de tous ses éléments, le parquet de Besançon (Doubs) a ouvert une enquête pour "homicide sur conjoint". Les investigations se poursuivent, notamment auprès des proches du couple, "pour préciser le contexte conjugal". Pour rappel, les époux avaient trois enfants de 15, 20 et 23 ans. C'est l'un d'eux qui a reconnu l'écriture de son père sur les lettres. Le plus jeune a dû être transporté à l'hôpital à la suite du décès de ses parents pour un bilan psychologique. 

L'épouse avait refusé des "mesures de protection"

La justice ne pouvait-elle anticiper ce drame, alors que des violences entre époux étaient déjà connues ? "Des démarches avaient déjà été faites" répond la procureure adjoint. "Une intervenante sociale les avaient rencontrés l'un et l'autre. Un signalement auprès des services sociaux avait aussi été effectué par rapport à la situation de l'enfant dans cet environnement".

Le parquet de Besançon avait également saisi l'association France Victime début juillet 2024 pour faire une évaluation de la situation. Résultat, des mesures de protection avaient été proposées à Béatrice G., "qui les a refusées" informe la justice. 

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