Le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte, l'homme d'affaires et conseiller municipal de Montpellier Mohed Altrad, propriétaire du club de rugby du MHR et 3 autres personnes ont été placés ce mardi matin en garde à vue à Paris, a indiqué le Parquet national financier.
Dans cette enquête préliminaire portant notamment sur les liens entre le Tarnais Bernard Laporte et le Montpelliérain Mohed Altrad ouverte par le PNF en 2017, trois autres personnes ont été placées en garde à vue ce mardi matin dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).
Il s'agit de Serge Simon, vice-président de la FFR, Nicolas Hourquet, responsable des relations internationales de la FFR et Claude Atcher, directeur général du comité d'organisation de la Coupe du monde 2023 de rugby, prévue en France.
Hasard ou non, cette garde à vue intervient à quelques jours du vote pour le renouvellement du mandat de Bernard Laporte à la tête de la FFR, le 3 octobre prochain.
Sur sa page Facebook, Bernard Laporte réagit, "A 10 jours d’une échéance capitale pour notre Fédération, une campagne coordonnée de déstabilisation s’abat sur le rugby français. C’est une véritable tentative de putsch dont la motivation des auteurs ne fait aucun doute. Tout ceci participe d’une véritable stratégie électoraliste assez nauséabonde".
Des pressions, de la bienveillance ou non ?
L'affaire pointe du doigt une possible intervention de Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby (FFR), pour réduire une sanction contre Montpellier, l'équipe de l'entrepreneur Mohed Altrad, dont le groupe du même nom, premier sponsor maillot du XV de France depuis mars 2018, avait signé un contrat d'image début 2017 de 150.000 euros avec une société de Bernard Laporte, BL Communication.Les 2 hommes seraient aussi entendus pour d'autres incohérences concernant ce contrat.
L'ouverture d'une enquête avait fragilisé la position de l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) à la tête de la FFR, où il est arrivé fin 2016.
Bernard Laporte en fin de mandat à la FFR
Le patron du rugby français, 56 ans, est arrivé ce mardi matin dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) à qui le parquet national financier (PNF) avait confié les investigations en 2017. Le vice-président de la FFR, Serge Simon, s'est aussi présenté à la BRDE mardi matin.Bernard Laporte, ancien sélectionneur des Bleus (2000-2007), devenu ensuite secrétaire d'Etat chargé des Sports de Nicolas Sarkozy (2007-2009), s'est toujours défendu de toute intervention en faveur de Montpellier, même s'il a reconnu avoir téléphoné au président de la commission, Jean-Daniel Simonet.
Des inspecteurs généraux du ministère des Sports ont également établi dans un rapport transmis à la justice que les décisions de la commission ont été "modifiées", entre les 29 et 30 juin 2017.Dans un premier temps, la commission d'appel aurait décidé de confirmer les sanctions prononcées par la Ligue (LNR), soit 70.000 euros d'amende et un match à huis clos, avant de passer à 20.000 euros d'amende et un sursis sur le match à huis clos. Le dossier portait sur le déploiement de banderoles hostiles à la Ligue par les supporteurs du MHR.
Trois mois plus tôt, le groupe Altrad, spécialisé dans les matériels de bâtiment, était devenu le premier sponsor maillot du XV de France, avant de soutenir la candidature française, finalement victorieuse, pour l'organisation de la Coupe du monde 2023.
"L'intérêt supérieur" du rugby ou la guerre entre LNR et FFR
Dans une interview au Parisien, Bernard Laporte avait assuré qu'en appelant Simonet, il avait simplement souhaité lui "donner un éclairage politique" sur les tensions dans le rugby et qu'il fallait apaiser la situation au sein du rugby professionnel.Jean-Daniel Simonet, lui, a assuré aux inspecteurs du ministère des Sports que sa commission n'en était qu'au stade d'une "hypothèse" de décision le 29, d'après lui, trop sévère.
D'après lui, Simonet l'avait appelé au matin du 30 juin pour lui raconter le coup de fil d'un Bernard Laporte "pas content", qui lui "avait dit, de manière plutôt brutale, qu'Altrad était un sponsor important de l'équipe de France (premier sponsor maillot), un soutien important pour la candidature" victorieuse de la France à l'organisation du Mondial-2023 "et qu'il fallait supprimer ces sanctions". "C'est l'intérêt supérieur du rugby", aurait ajouté Jean-Daniel Simonet, selon cette version.