A Montpellier, les personnels de santé pas tous égaux devant la prime de 1500 euros

Une prime exceptionnelle de 1500 euros pour tous les soignants, c'était la promesse du gouvernement. Au CHU de Montpellier, la liste des bénéficiaires est connue depuis vendredi et les conditions d'attribution sont loin de faire l'unanimité.

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C’est devenu leur jour de mobilisation et de contestation. Le mardi, les aides-soignants, infirmiers et aussi techniciens de laboratoire se réunissent pour réfléchir, parler et débattre autour de différents thèmes mais aussi et surtout pour rester visible et obtenir des mesures concrètes.

C’est pourquoi ce mardi, ils étaient une centaine devant le CHU de Lapeyronie à se réunir en pique-nique revendicatif. Au cœur de leurs revendications, la prime exceptionnelle de 1500 euros promise par le gouvernement. Eux l'appellent la prime de la discorde.

La prime de la discorde

Khatija Mechalikh est technicienne en laboratoire bactériologie à Arnaud de Villeneuve, ce venderdi, elle a appris qu’elle ne toucherait pas la prime de 1500 euros, mais celle de 500 euros :

"Nous avons pris des risques pendant la période de crise sanitaire et c’est vrai que déjà on ne s’attendait pas à avoir des primes et on ne le faisait pas dans le but d’en avoir bien sûr, mais savoir que certaines personnes ont eu des primes de 500 euros et d’autres de 1500 euros c’est frustrant, sachant que nous, nous avons quand même participé, nous avons pris des risques, on trouve ça injuste, on a l’impression de ne pas être reconnu. C’est juste un problème de reconnaissance. Tout le monde méritait cette prime.

La différence vient du décret d'aplication qui réserve la grosse prime aux personnels soignants des 40 départements les plus touchés par la pandémie. A Montpellier, 40%  de l’effectif total du CHU peut toucher la prime exceptionnelle de manière dérogatoire, mais c'est au directeur général de décider. Deux critères ont été pris en compte pour distribuer cette prime aux agents :

- Avoir fourni un effort particulier pendant la crise sanitaire

- Faire partie d’un service qui a été en contact avec le covid-19

Pour les syndicalistes, cette distribution est une manière de monter les agents les uns contre les autres :

"Je ne trouve pas cette prime équitable, je la trouve injuste, pour moi il y a une logique de diversion et de dispersion sociale. Pour moi ce sont les mêmes méthodes de management qui sont appliquées au service, au pôle, c’est-à-dire que l’on cherche toujours à montrer qui est le meilleur et qui en a fait plus," nous dit Philippe Peretti, le secrétaire Adjoint CGT au CHU de Montpellier.

 

Les renforts oubliés 

Alissia Loheac, aide-soignante spécialisée en réanimation, a aussi appris qu’elle n’avait pas le droit à cette prime exceptionnelle. Une injustice pour cette infirmière de Montpellier partie volontairement en renfort à l’hôpital de Thonon à Paris :

"On voit que nos collègues ont eu cette prime, alors que nous, nous sommes venus en renfort, nous avons été loin de nos familles pendant tout ce temps, je ne suis pas restée les bras croisés, je suis venue sur Paris pour aider et qu’il n’y ait pas un minimum de reconnaissance c’est blessant."

Depuis le 11 avril, Alissia a quitté Montpellier et a décidé de venir travailler en renfort dans la capitale pour soutenir l'APHP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) elle y reste jusqu'au 30 juin. En se renseignant, elle découvre que la prime ne lui sera pas versée en raison de sa date de présence dans les hôpitaux de Paris. Arrivée le 11 avril, la prime ne concerne que le personnel soignant ayant exercé à l'APHP pendant toute la durée du confinement, du 17 mars au 11 mai. 

Je suis en colère parce que nous sommes une fois de plus oubliés, les soignants survivent en France et cela fait des années que ça dure

"Aujourd’hui, je suis en colère, pas par rapport à la prime mais par rapport au fait que l’on soit les oubliés, cela fait des années que les soignants survivent en France, j’ai des aides de la CAF, j’ai du mal à finir les fins de mois, à peine le salaire tombe, je suis déjà à découvert. C’est difficile pour nous, on fait notre travail du mieux que l’on peut, ça fait 11 ans que j’exerce et j’ai commencé à l’âge de 19 ans, aujourd’hui je suis vraiment fatiguée, je sais que je vais aller au bout de ma mission mais en rentrant chez moi, j’ai demandé à mon patron une rupture conventionnelle parce que je suis fatiguée de tout ça. Ça fait 11 ans que je fais des manifestations, que je réclame et ça a toujours été comme ça, et pas seulement depuis qu’Emmanuel Macron est président, il y a eu Sarkozy et Hollande aussi et rien n’a jamais changé."

Alissia annonce déjà qu’elle fera partie de ceux qui manifesteront le 16 juin prochain. Elle en appelle à la "solidarité" de tous et notamment de ceux qui les ont applaudis quotidiennement à 20h pendant la période de confinement. 

Le reportage de Laura Laure Galy et Valérie Banabera 

 

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