Pour la 4e année, les Ehpad de la ville de Montpellier réservent des chambres pour des étudiants. Un projet social et solidaire afin de rompre l'isolement des personnes âgées et de lutter contre la précarité des étudiants. 20 logements sont disponibles dans cinq résidences pour la rentrée de septembre. Les inscriptions sont ouvertes.
Face au succès des années précédentes, la mairie de Montpellier relance son projet intergénérationnel pour la rentrée : faire cohabiter étudiants et seniors en Ehpad.
Meda suit des études de communication à l'université Paul Valéry. Et pour la 3e année, elle renouvelle sa demande de vivre dans une chambre louée à l'Ehpad Simone Demangel. Si elle a choisi ce type d'hébergement c'est pour le loyer très attractif, moins de 100 euros par mois, APL déduites, mais pas seulement.
"Je suis arrivée du Congo pour mes études supérieures. Loin de ma famille, dans une nouvelle ville, je ne voulais pas vivre isolée. J'ai trouvé un travail comme agent social dans cet Ehpad et j'ai appris qu'il proposait des chambres. Ici je partage une grande maison annexe à l'établissement avec trois autres étudiantes et comme je connaissais les résidents, c'était logique de continuer à m'investir auprès d'eux", explique Meda Mvumbi.
Et Méda n'a pas ménagé ses heures auprès des seniors. Si son contrat l'oblige à faire trois heures de bénévolat par semaine, elle a été bien au delà. Elle a organisé des séances de discussions, des journées déguisées où elle faisait participer les résidents à la décoration mais aussi des ateliers peinture.
C'est très gratifiant. Cela m'a beaucoup appris, m'a fait grandir et évolué. C'est vraiment une expérience réussie.
Méda Mvumbi
Tellement réussie que Méda a décidé de changer d'orientation et s'est inscrite dans un Master orienté vers le social pour obtenir un diplôme de directeur d'établissement paramédical.
Construire la relation
Si l'expérience de Méda est positive, quelles sont les conditions de la réussite de cette colocation particulière ?
L'Ehpad Pierre Laroque propose trois chambres là aussi dans une maison indépendante au sein de l'établissement. Si elle n'a jamais eu de difficulté pour les louer, la cohabitation s'est construite au fil des années. "Au début les étudiants arrivaient avec un projet établi. Mais ils n'avaient pas toujours conscience du public très dépendant auquel ils allaient être confrontés. C'est souvent une découverte pour eux. Nous avons mis du temps à nous caler et à adapter leurs envies aux capacités des pensionnaires. Nous avons tâtonné " explique Caroline Hernando, ancienne responsable de l'Ehpad, aujourd'hui directrice du parcours senior des Ehpad CCAS de Montpellier.
Avec le recul, l'Ehpad a mis en place un nouveau mode de fonctionnement. Les étudiants élaborent leurs projets en collaboration avec les animateurs en comprenant mieux la dépendance et les troubles cognitifs majeurs dont souffrent certains des 68 résidents.
Ils proposent bon nombre d'activités allant de l'accompagnement individuel à des animations collectives. Certains ont imaginé des jeux individuels, d'autres se sont portés volontaires pour des sorties à l'opéra ou au théâtre et chaque semaine un atelier cinéma a pu être aussi organisé avec des projections au sein de l'Ehpad.
Nos résidents peuvent nouer une relation privilégiée dans la durée. Cela leur fait du bien. Cela fait partie des ressources que nous mobilisons pour enrichir leur vie quotidienne
Caroline Hernando, ancienne responsable de l'Ehpad Pierre Laroque
Une réelle motivation
Au fil des années, le dispositif est monté en puissance. De trois Ehpad et d'une douzaine de chambres en 2018, 20 places sont disponibles dans cinq Ehpad depuis l'année dernière.
Mais pour que la cohabitation fonctionne, les candidats doivent être volontaires et participer à la vie de l'établissement. "Nous avons une cinquantaine de candidatures et nous privilégions les étudiants aux faibles ressources. Mais il ne suffit pas d'être intéressé par le loyer attractif. Nous demandons une lettre de motivation pour être sûr de leur engagement et que leurs compétences puissent être mises à profit des résidents", explique Michel Calvo, adjoint à la mairie délégué à la solidarité.
Les étudiants qui entrent dans ce dispositif ont des profils variés mais souvent identiques d'une année sur l'autre. Ils suivent un cursus de musicologie, de moniteurs éducateurs, d'aides-soignants, d'esthétique, de droit ou de cinéma ou bien de sport. Certains comme les aides soignants ont déjà une connaissance du terrain et veulent travailler en Ehpad par la suite. Pour eux c'est une première approche du métier et la cohabitation fonctionne.
Nos résidents peuvent nouer une relation privilégiée dans la durée. Cela leur fait du bien. Cela fait partie des ressources que nous mobilisons pour enrichir leur vie quotidienne
Michel Calvo, adjoint au maire, délégué à la solidarité
Au delà du critère des revenus, la mairie de fait pas une sélection très technique des candidats. Elle est participative et interactive. Elle les soumet aux directeurs d'Ehpad qui étudient les dossiers et choisissent en fonction de leurs besoins et des motivations des candidats avant de s'entretenir avec eux.
Le dépôt des candidature : mode d'emploi
Les étudiants peuvent télécharger leur dossier de candidature sur le site de la ville et le retourner complété avant le 15 juin prochain. La location dure une année universitaire, avec possibilité de reconduction. Le bail prend fin au maximum trois ans après la date d'entrée, toute reconduction confondue. Pour toute demande de renseignements, ils peuvent envoyer un mail à colocetudiant@ccas.montpellier.fr