Ce samedi, le théâtre contemporain du Carré Rondelet, à Montpellier, diffuse en ligne la première d’une comédie philosophique d’Avner Camus Perez. Si la représentation est en accès libre, une cagnotte est ouverte pour que les spectateurs puissent soutenir les artistes.
Les portes du théâtre du Carré Rondelet, à Montpellier, sont ouvertes. Les voix des comédiens résonnent sur scène, le technicien son et lumière est derrière sa console. Mais plongées dans la pénombre, les quelques rangées de sièges sont vides.
Une diffusion ouverte à tous, à prix libre
Bien sûr, le public ne pourra assister à cette représentation inédite que depuis chez lui.
Ce samedi 24 avril, à partir de 20h30, c’est via le canal de HTV que la pièce sera disponible. La pièce est déjà enregistrée, mais cette diffusion en ligne sera tout de même l'occasion d'échanger en direct avec les comédiens et l'auteur. Il suffit de se connecter à la page Facebook de HTV ou de cliquer sur cet événement.
Le visionnage est libre d'accès. Pour soutenir financièrement les comédiens et l’auteur, une cagnotte en ligne est d’ores et déjà ouverte. Sur le principe du "chapeau" qui circule traditionnellement parmi le public, chacun pourra donner le montant de son choix.
Un geste de solidarité envers des professions dont l'activité est gelée depuis le début de la crise sanitaire. "L'idée, c'est d'apporter du spectacle vivant aux spectateurs, et qu'en échange, ils puissent redonner de la valeur à la culture. Ce travail ne peut pas rester entièrement bénévole, tout le monde a besoin de vivre", rappelle Jean-Luc Cohen-Rimbault, comédien.
Une “comédie philosophique”
Il s’agit de la première représentation de La pensée de Pascal, une pièce écrite et mise en scène par Avner Camus Pérez. Pascal, d'après le prénom du personnage principal, mais aussi en référence aux Pensées de Blaise Pascal. Le pari de la pièce : aborder avec humour et simplicité les grands thèmes pascaliens.
J'ai adapté la conception pascalienne du bonheur à la question d'un couple qui cherche son bonheur. Ils vont chercher du côté du développement personnel, jusqu’à arriver à une espèce de gourou qui va prétendre les aider...
"La pandémie a quand même une vertu, c’est que ça nous a donné du temps ! Ça m’a permis d’écrire deux pièces, celle-ci et une autre sur Spinoza", explique l'auteur, ancien professeur de philosophie.
Jacqueline et Pascal sont incarnés par Céline Soulié et Jean-Luc Cohen-Rimbault.
Une représentation virtuelle... mais un réel travail
Les deux comédiens et leur metteur en scène préparent cette pièce depuis quatre mois.
Lors des dernières répétitions, ils sont accompagnés par Louis Marpinard, régisseur général. "En tant qu'intermittent du spectacle, je dois travailler au moins 507 heures par an. Avec la situation actuelle, c’est extrêmement compliqué d’y arriver", explique-t-il.
Les répétitions et les séances filmées, ça permet d'approcher ce nombre d'heures et d'avoir un minimum de revenus.
"C’est un métier passionnant. Se retrouver pendant 6 mois, sans rien faire, ça fait des vacances au début, mais on a vite envie d’y retourner et de retoucher à la console !", sourit-il.
Retrouver l'atmosphère d'un théâtre
C'est de cette même envie de pratiquer son métier qu'a émergé l'idée de la diffusion en ligne. "Un matin, je me suis dit “j’ai envie de jouer, je n'en peux plus, ça me manque trop !", se rappelle Jean-Luc Cohen-Rimbault.
On a fait des choses palliatives pendant cette période Covid. On a fait des vidéos, joué dans notre salon... Là, ce n'est pas pareil : on est dans le théâtre, c'est le lieu qui nous porte !
"Qu'on ait 1000 spectateurs ou aucun, on a tout donné", abonde Céline Soulié. "Quand je ne regarde pas les gradins, j'aime imaginer que la salle est pleine" soupire son partenaire.
Leur rêve ne pourra pas être exaucé immédiatement. Mais en attendant, ils attendent le soutien du public en ligne ce samedi. S'il est au rendez-vous, la compagnie espère reconduire cette expérience pour d'autres pièces.