Face aux risques de troubles à l'ordre public, le préfet de l'Hérault a interdit le rassemblement en lien avec la mort de Thomas Perotto prévu à Montpellier, ce samedi 2 décembre. Cet hommage était organisé par la Ligue du Midi, un mouvement identitaire d'Occitanie proche de l'ultra-droite.
Comme dans de nombreuses villes de France, la manifestation en hommage au jeune Thomas, prévue samedi après-midi à Montpellier, vient d'être interdite par la préfecture de l'Hérault.
François-Xavier Lauch explique sa décision ainsi : "Cet appel à manifester intervient dans un contexte sensible lié aux violences commises lors des manifestations organisées par des militants de l’ultra-droite à Romans-sur-Isère et à Lyon".
Par les propos qui y sont habituellement véhiculés et les actions violentes qui peuvent en découler, cette manifestation est susceptible de concourir au fractionnement de la cohésion nationale.
François-Xavier Lauch, préfet de l'Hérault.Communiqué de presse du 1 décembre 2023.
📣Face aux risques de troubles à l'ordre public, le préfet de l'#Hérault interdit le rassemblement en lien avec la mort de Thomas Perotto prévu à #Montpellier le samedi 2 décembre.
— Préfet de l'Hérault 🇫🇷 (@Prefet34) December 1, 2023
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L'ultra-droite dans le viseur du gouvernement
Depuis le meurtre de Thomas, le 19 novembre dernier lors d'un bal à Crépol, les rassemblements, parfois violents, se multiplient et tournent en expédition punitive. En cause, la présence de membres et militants de l'ultra-droite. De jeunes hommes venus plus pour en découdre que pour rendre hommage à la victime.
À Montpellier, c'est la Ligue du Midi qui appelait à la mobilisation. Il s'agit d'un groupe identitaire d'Occitanie, basé dans le Gard. Il revendique 500 à 600 membres.
Cette association, créée en 2011, est une organisation politique dont le but est "de concourir à la promotion et à la défense des libertés publiques des citoyens, des identités historiques et culturelles". Leurs idées sont proches des mouvements de droite extrême.
Des membres ont été condamnés à plusieurs reprises pour des actes de violences envers des personnes issues de l'immigration ou de sensibilité de gauche.
Après celui d'#Alès, le rassemblement en hommage à #ThomasPerotto prévu demain à #Montpellier est également interdit par la @Préfecture.
— Ligue du Midi (@LigueDuMidi) December 1, 2023
Chacun peut légitimement en tirer les conclusions sur le fonctionnement de l'état français et son idéal démocratique.#JusticePourThomas pic.twitter.com/w4qfRztP6L
L'enquête pour "meurtre en bande organisée" ouverte par le parquet de Valence après la mort de Thomas a débouché sur la mise en examen de neuf jeunes, dont trois mineurs. Des photos avec identités présentées comme celles des agresseurs de Crépol ont été largement diffusées par des comptes d'ultradroite qui appellent à la vengeance.
D'où la prudence des préfets et l'interdiction quasi-systématique des hommages organisés par des mouvances identitaires.
Le rassemblement interdit à Alès
Comme son homologue de l'Hérault, le préfet du Gard a interdit l'hommage en mémoire de Thomas qui devait se tenir ce vendredi à 19h à Alès.
Cette fois-ci, le représentant de l'Etat met en avant, outre le trouble à l'ordre public, le non-respect du délai légal de la manifestation par ses organisateurs.
@Prefet30 interdit la manifestation de la Ligue du Midi prévue ce jour à #Ales.
— Préfet du Gard (@Prefet30) December 1, 2023
❌ Non respect du délai légal de déclaration de la manifestation,
❌ Risque de troubles à l’ordre public. pic.twitter.com/g2t2WZtfZE
Plusieurs autres manifestations en France ont été interdites vendredi et samedi, notamment à Lille et Valence. Celle de Paris, un temps interdite a finalement été autorisée après une décision du tribunal administratif.
Le juge des référés annonce suspendre "l'interdiction du préfet de police".
Dans son communiqué, le tribunal administratif de Paris estime que "l'interdiction prononcée porte, compte tenu de son caractère disproportionnée, une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation". Le tribunal rappelle que "la seule circonstance qu'un évènement annoncé soit susceptible d'être l'occasion de troubles majeurs à l'ordre public (...) n'est pas de nature à justifier en toute circonstance une interdiction générale de manifester".