Le confinement a mis un terme à l'activité des horticulteurs et pépiniéristes d'Occitanie : plus de ventes, commandes annulées au pire moment de l'année pour eux. C'est au printemps qu'ils réalisent plus de 80% de leur chiffre d'affaires annuel. Inquiétude dans l'Hérault, comme dans toute la région.
Tôt tous les matins, Julien et Antoine Fernandez, les derniers producteurs de fleurs coupées de l’Hérault, rejoignent leurs champs de tulipes à Mauguio, près de Montpellier.
Plus de 20 000 tulipes sont récoltées chaque semaine ici depuis 1995, une part importante de la production annuelle de leur exploitation horticole.
Mais depuis l'épidémie de coronavirus et le confinement, les deux frères vont travailler la boule au ventre.
« On n’a plus d’employés, nos parents venaient nous aider, mais il n’en est plus question évidemment, nous faisons tout le travail à deux », explique Julien Fernandez
Le plus dur, c’est de savoir que tout ce qu’on produit va partir à la poubelle, on ne ramasse plus les fleurs puisqu’on ne peut pas les vendre.
Leur exploitation fournit des fleuristes et ils vendent eux-mêmes sur le marché de Mauguio. Autant de débouchés qui ont disparu avec l’urgence sanitaire liée au coronavirus.
« Nous travaillons en espérant que dans deux mois, la situation s’améliorera, ce sera la saison des pivoines, une autre période de production importante pour nous », précise Julien Fernandez, en s’efforçant de rester optimiste, « mais notre exploitation n’est pas la plus mal lotie, nous sommes entre deux saisons, alors ça va à peu près, pour l’instant».
Un "drame collectif" pour toute la filière horticole
Optimiste, Marie Levaux essaie de l’être aussi. Mais la présidente de la fédération des producteurs, horticulteurs et pépiniéristes d’Occitanie sait que l’ensemble de la filière est très menacée.« Je suis à longueur de journée au téléphone avec des collègues. On avait tous beaucoup de commandes et des réservations fermes mais tout est annulé, les magasins ont fermé et nous ont dit de ne rien leur envoyer. »
C'est un drame collectif, un naufrage pour toute notre filière.
Pour les horticulteurs et pépiniéristes, la « bonne saison » commence à peine. « Le confinement arrive à la pire période pour nous », explique Marie Levaux.
Dans son exploitation de Mauguio, spécialisée dans les bougainvilliers, les serres explosent de couleurs, les plantes sont serrées les unes contre les autres.
« Toute la trésorerie des entreprises a été engagée pour être prêt à honorer les commandes. Si on a tout payé mais qu'on n'a aucune rentrée d'argent, comment va-t-on s’en sortir ? »En trois mois, mars avril et mai, nous faisons 85% de notre chiffre d'affaires annuel.
« Je pense que le ministère de l'Agriculture en a conscience, l’Union Européenne aussi. Pour l’instant, l’heure est à l'urgence sanitaire et à la solidarité, c'est normal, mais c'est toute notre filière qui va être sacrifiée. Il va falloir qu’on la reconstruise complètement. Et je fais partie des optimistes", conclut Marie Levaux.Si on connaissait le terme précis, on saurait se préparer mais là c’est impossible.