Atteinte de la maladie des os de verre et d'une spondylarthrite ankylosante, la trentenaire enchaîne les exploits. Après cinq jours d'ascension, elle a gravi, en septembre dernier, le Manaslu, un sommet de 8163 mètres. Une manière de faire parler de ses handicaps, et de soutenir la recherche médicale.
Elle avait été la quatorzième femme à gravir l'Everest et la première à accomplir cet exploit avec un double handicap, en mai 2023. Le 24 septembre dernier, Fabienne Sicot était au sommet d'une autre montagne de renom, le Manaslu (Népal), perchée à 8 163 mètres d'altitude. Le huitième plus haut sommet du monde.
"Le projet pour moi, c'est de gravir les sommets les plus hauts, explique celle qui est par ailleurs infirmière. J'ai la maladie des os de verres et ma spondylarthrite ankylosante évolue rapidement. Alors tant que j'ai un degré d'autonomie suffisant, j'y vais".
Une préparation physique spécifique
Pour cette nouvelle expédition, Fabienne s'est préparée en conséquence avec l'objectif d'atteindre le sommet sans bouteille d'oxygène. Au mois d'août, elle bénéficie des infrastructures du CNEA (centre national d'entraînement en altitude) de Font-Romeu pour des séances de préparation, en hypoxie. De quoi simuler l'effort jusqu'à 7000 mètres d'altitude. "Pour cette préparation, il y avait beaucoup de choses similaires à ce que j'avais fait pour l'Everest, avec également une bonne base de musculation et de cardio" précise-t-elle.
Sur place, Fabienne retrouve le sherpa qui l'avait accompagnée dans l'ascension de l'Everest, devenu un ami. Le binôme est intégré dans une équipe d'expédition de quatorze alpinistes. "Le Manaslu est souvent un des premiers 8000 mètres que font les alpinistes. L'ambiance était moins familiale que sur l'Everest" précise Fabienne.
"Je suis arrivée au Népal le 1er septembre, et la montée se faisant par paliers, et des temps d'acclimatation, j'étais au sommet le 24 septembre, rejoue-t-elle. Puis le temps de redescendre, on était de retour en France le 6 octobre".
Fabienne SicotFrance 3 Occitanie
Coupée du monde
Outre l'aspect purement compétitif de l'expédition, Fabienne Sicot en garde des souvenirs impérissables : "un coucher de soleil, ou la sensation quand le matin dans une tente on part à l'Aube avec une frontale. On oublie toute la phase d'approche qui peut coûter physiquement et mentalement " des moments hors du temps, coupés du monde.
Sur le chemin, Fabienne est finalement contrainte d'utiliser une bouteille d'oxygène, à 7400 mètres d'altitude. Les pathologies liées à ses handicaps se réveillent aussi et lui provoquent des inflammations. Elles mettent son système digestif à l'épreuve, avec des crampes intestinales. Mais la Montpelliéraine tient bon.
L'arrivée au sommet, après cinq jours d'ascension et une phase finale de 26 heures non-stop est un accomplissement, pas un aboutissement. "Le moment le plus fort, je l'ai eu avant, pas au sommet. Quand on arrive au sommet ce n'est qu'une première partie, c'est vraiment quand on descend au camp de base qu'on savoure".
Le projet continue
De retour en France, un temps de réacclimatation est nécessaire, pour "atterrir" et récupérer physiquement. Fabienne Sicot passe quelques jours à Chamonix, pour se ressourcer. "On est complètement en autarcie quand on est là-bas (au Népal), coupé du train-train quotidien. Quand on rentre, il faut raccrocher tout ce qu'il s'est passé pendant le moment d'absence".
Mais à peine le temps de se poser, que le prochain défi est déjà en tête. "Ce sera en 2026, au Pakistan, avec le Gasherburm 1 et 2. Deux 8 000 mètres en une seule ascension, révèle Fabienne. À chaque fois, j'essaie de faire quelque chose de différent, parce que je ne sais pas s'il y en aura un autre après".
Le projet continue, et Fabienne Sicot compte sur ses expéditions pour mettre en lumière le handicap et soulever des fonds pour la recherche médicale. Elle a lancé une cagnotte en ligne, dont tous les bénéfices seront reversés à l'INSERM.