Une quarantaine de postes pourraient être supprimés par le groupe Auchan en Languedoc et Roussillon, selon nos informations. Après les annonces faites au niveau des instances nationales hier, des comités sociaux et économiques se réunissaient ce mercredi 6 novembre 2024, notamment à Pérols (Hérault) et Perpignan (Pyrénées-Orientales).
L'angoisse monte chez les salariés d'Auchan. Avec les directions des hypermarchés de Pérols près de Monpellier dans l'Hérault et de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales, des CSE extraordinaires ont été organisés, ce mercredi matin 6 novembre 2024, au lendemain de l'annonce de la suppression officielle de 2 389 postes soit environ 5% de la masse salariale des 54 000 collaborateurs employés en France.
Selon nos informations, dans l'ex région Languedoc-Roussillon, 39 postes de responsables commerce non-alimentaires, de conseiller de ventes équipements et de responsable de planification et pilotage de la masse salariale pourraient être concernés soit : 13 postes à Perpignan, 10 à Béziers, 8 à Sète, 8 à Pérols.
Un calendrier dévoilé le 16 novembre
Un coup de massue pour Christian Astrou, délégué syndical Force ouvrière à Perpignan. "Je suis abasourdi et en colère. En tant qu'organisation syndicale et avec nos collègues d'autres syndicats, on avait pourtant alerté sur les mauvais résultats et sur des successions de stratégie qui nous menaient droit dans le mur", reproche-t-il. Le changement d'habitudes des consommateurs depuis la crise sanitaire liée au Covid et la concurrence des achats sur internet n'a pas été prise en compte.
Il faudra attendre le 16 novembre prochain pour connaître les modalités : dates de suppression des postes et conditions de départ ou mesure d'accompagnement pour être reclassé. "Je pense qu'au maximum d'ici juin prochain, ça sera plié". Christian, conseiller de vente dans l'hyper de Perpignan sera lui-même concerné. À 58 ans, il ne se fait guère d'illusions sur son avenir.
Je n'envisage pas grand chose pour l'instant, j'attends que la colère et la pression diminuent.
Christian Astrou, délégué syndical FO chez Auchan à Perpignan
D'autres salariés sans attendre l'information des instances représentatives des personnels réunies en CSE central à Paris, ont dès hier, eu connaissance de leur sort, après convocation. "Sans aucun accompagnement", pointe Quentin Leclerc, délégué syndical central force ouvrière, salarié, lui, à Pérols. "On en est malheureusement et probablement qu'au début", pointe le syndicaliste qui redoute d'autres licenciements avec le redimensionnement des hypers.
Les surfaces des magasins de Pérols et Perpignan doivent être réduites d'environ 2 à 3 000 mètres carrés d'ici fin 2026 sur une surface totale 14 000 mètres carrés. "On s'interroge sur la stabilité des magasins sur l'Hérault, signale Hervé Louboutin, délégué CGT Occitanie Méditerranée auprès du groupe de distribution. Une liste de 11 magasins qui pourraient être fermés ou revendus à la concurrence circule en plus des annonces faites hier. On a posé la question ce matin en CSE à la réunion de Béziers, on ne nous a rien répondu ! "
Changement de cap
Les syndicats voient en ces suppressions le résultat d'une mauvaise gestion face à une concurrence forte et de nombreux changements de direction nationale et de stratégie. La direction, elle, affirme que ces suppressions sont "un mal nécessaire" pour limiter des pertes financières abyssales.
Guillaume Darrasse cumule depuis fin août les fonctions de directeur général d’Auchan Retail et de président Auchan Retail France. Selon nos confrères du Monde, il mène un projet stratégique baptisé "ADN" susceptible de modifier l’empreinte génétique d’un distributeur qui a fait des grands hypermarchés sa marque de fabrique. Il consiste en la diminution des surfaces de vente dans un tiers de ses hypermarchés dans tous ses pays européens.
"Je crois qu'ils ne se rendent pas bien compte de la casse sociale que cela va engendrer", conclut Quentin Leclerc.