Depuis ce lundi 8 mars 2021, les 5 meurtriers présumés de Sofiane Perrin comparaissent devant la Cour d’assises de l’Hérault. Dans le box des accusés, ils font aujourd’hui face aux jurés et à la famille de la victime, séquestrée et battue à mort le 30 mars 2016.
5 ans après, la douleur est toujours présente. Lorsque la présidente de la Cour d’assises rappelle les faits, la mère de Sofiane Perrin craque. Le 30 mars 2016, son fils perdait la vie après avoir été séquestré et battu à mort pendant plusieurs heures à coups de batte de baseball et de canon de fusil, comme nous vous l’expliquions dans cet article.
"Je ressens de la haine, de la colère et tellement de tristesse"
Depuis ce lundi 8 mars 2021, Laurence et Hourya Perrin, qui se sont constituées partie civile, font face aux 5 meurtriers présumés de Sofiane : Adamee Reghi (26 ans), Anouar Taibi (28 ans), Seif Eddine Taibi (28 ans), Hicham El Moutaouakil (37 ans), Djamel Fellah (38 ans). Adamee Reghi est le seul des accusés à n'avoir jamais fait l'objet de condamnation.
À l’issue de la première matinée d’audience, Hourya Perrin, la soeur de Sofiane confie à France 3 Occitanie :
On peut enfin mettre des visages sur les bourreaux de Sofiane. Je suis déçue de voir le genre de personnes que c’est. Ce sont des lâches.
"En les voyant pour la première fois, j’ai ressenti de la haine, de la colère et tellement de tristesse. C’est très compliqué à gérer" ajoute la soeur de la victime.
Des attitudes différentes lors du procès
Tous les accusés arrivent menottés aux alentours de 9 heures. Dans le box des accusés, Djamel Fellah et Anouar Taibi ont deux attitudes tout à fait différentes : alors que le premier observe la salle, écoute les magistrats, le second est prostré, les mains croisées, la tête et le regard baissés.
Au moment des faits, en 2016, Djamel Fellah sortait de prison : il avait été condamné à 10 ans de réclusion par la Cour d’assises de l’Hérault pour avoir battu un homme jusqu’à le laisser handicapé à 85%. L’expertise psychologique révèle une enfance difficile avec des parents ayant été condamnés tous les deux à des peines de prison.
Djamel Fellah lui-même a passé la majorité de sa vie d’adulte derrière les barreaux. Il réplique à la présidente de la Cour d’assises : "Je n’ai pas eu une enfance idyllique mais on m’a donné beaucoup d’amour. On se permet de parler de mes parents alors que ça n’a rien à voir."
Enervé, il ajoute : "Je trouve ça humiliant et indigne que l'on parle de mes parents de la sorte."
Anouar Taibi, lui, est un personnage clé de cette affaire : alors que 15 000 euros auraient disparus de son domicile le 27 mars 2016, c’est lui qui chargera ses "hommes" de récupérer l’argent, ce qui coûtera la vie à Sofiane Perrin, dans la nuit du 29 au 30 mars 2016. Entre 2006 et 2014, Anouar Taibi écopait de 21 condamnations (entre autres pour violences aggravées, outrages et dégradations).
Lors du témoignage de l’expert psychologue concernant la personnalité de ce dernier, est retenue une "enfance difficile", un "quotidien marqué la misère" et les violences de son père, alcoolique, à l’égard de sa mère.
Pour Laurence Perrin, la mère de la victime, cette première journée de procès est une épreuve douloureuse. "J’attends qu’ils soient jugés à la hauteur de leurs actes. On parle de leurs vies, de leurs parcours, mais tout le monde a un parcours difficile".
J’ai élevé mes enfants seule. La vie nous a mis des claques. Sauf que moi, j’ai élevé mes enfants dans l’honneur. Voir des gens comme ça se plaindre, ça fait mal.
Pouvoir commencer à faire le deuil
La famille et les amis de Sofiane Perrin attendaient ce procès depuis 5 ans. "On n’y croyait plus. Dans un sens, il y a cette joie de se dire qu’on va pouvoir commencer notre deuil mais c’est beaucoup d’émotions en même temps."
Le procès devrait durer plus d’une semaine. Pendant plusieurs jours, témoins et experts se succèderont à la barre pour tenter de faire la lumière sur cette affaire.