Le 32e rallye des Gazelles s'est achevé sur la plage d'Essaouira au Maroc. 13 équipages féminins d'Occitanie, dont deux montpellieraines, ont participé à cette course d'orientation dans le désert. Heureuses d'être allées au bout de l'épreuve, elles sont rentrées épuisées mais ravies de cette aventure qui leur a donné l'occasion de se débrancher de tout.
Défier les dunes du désert marocain en hors piste : cette année encore, 380 femmes ont tenté de relever le défi lors du 32e rallye des Gazelles, disputé en quad, en voiture ou en camion, du 3 au 18 mars 2023.
Parmi les 13 équipages féminins d'Occitanie : Marie-Laure Mougin et Valérie Lévy, deux Montpelliéraines novices en la matière qui se sont formées à la navigation et à la mécanique lors de ces derniers mois.
Le Rallye des Gazelles, 100 % féminin, se dispute à l’ancienne : avec boussole, compas et carte. L'usage du GPS y est interdit. Cette course d’orientation a été créée il y a 30 ans pour prouver que les femmes étaient simplement capables, elles aussi, de le faire.
Ensablées dès le premier jour de course
Valérie, réflexologue dans la vie et pilote pendant la course, n’avait jamais testé la conduite sur sable en 4x4. La première leçon dans les dunes a été rude !
Dès le premier jour de la course, on s’est ensablée, tanquées dans le sable, impossible de bouger ! Heureusement, les copines nous ont aidé. On a sorti les sangles et on s’est fait tracter par un autre véhicule. Dans cette course, on a le droit de s’entraîner entre équipages, c’est même recommandé !
Valérie Lévy, pilote de Montpellier
"Nous aussi, ensuite, on a aidé d’autres équipages dans la galère. Dans ces cas là, on ne réfléchit pas ! On y va, on pousse, on tire, on pellette, même si on est fatiguée et que c’est la galère. Les quatre premiers jours ont été particulièrement difficiles."
La navigation à l'ancienne: dure école pour les nerfs
Le plus dur, souligne Valérie, c’était vraiment la navigation : "La navigation, c'est un art qu'on ne maîtrise pas comme cela. Il faut traduire les paysages, les reproduire sur la carte. Or, une dune, ça bouge, ça se modèle et change de forme avec le vent, c’est beaucoup plus compliqué que les roches. Quand on dit : y a qu'a garder le cap, ça a l’air facile mais quand il y a un fossé, un obstacle, il faut changer de direction tout le temps. Une fois, vers la fin, on s’est même suivies, un convoi de 9 à 10 voitures, et en fait on s’était toutes trompées de cap."
Une vingtaine de voitures ne sont pas allées au bout de la course. "Certaines n'ont même pas pu prendre le départ à Erfoud, certains 4x4 de location se sont mis à fumer, ils étaient HS ! Elles ont dû renoncer. D'autres ont abandonné pendant la course : incompatibilité d'humeur entre pilote et navigatrice à cause des difficultés dues à l'orientation."
Celles qui ont gagné, ce sont des marocaines qui font ça depuis 15 ans. Elles jouaient à domicile, c’était plus facile pour elles !
Valéry Lévy, "gazelle" de Montpellier
Les conditions de vie étaient intenses : lever à 5 h, rouler à 20 km/h toute la journée par 38 degrés avec la poussière et le sable, et le soir au campement, pas le temps de rêvasser : il faut préparer les épreuves du lendemain. Mais au bout de quelque jours, la magie de l'Atlas et de ses habitants l'ont emporté sur la fatigue et l'énervement, raconte encore Valérie.
"On s’est perdues dans les Oasis, on y a rencontré des gens adorables, tout le monde parle français là-bas et puis ils connaissent bien le Rallye. Les autochtones voulaient nous aider, surtout quand ils voyaient deux femmes dans la difficulté, mais on a dû refuser leur aide et leur expliquer qu’on avait pas le droit, sinon on avait des pénalités."
Loin du bruit et de la fureur du monde
Au premier jour de course, dans le désert à Erfoud, tous les équipages ont dû se séparer de leur téléphone portable :
"On a été coupé du monde, on recevait juste des messages de nos proches, le soir au bivouac. On a rien su à propos des manifestations contre la réforme des retraites, zéro info sur le passage au 49.3 !"
Cela fait du bien d’être complètement déconnectée. Quand on m'a rendu mon portable, je ne l’ai pas ouvert pendant 48 heures, j’avais envie de rester dans cette bulle. C’est confortable d’être coupée de tout.
Valérie Lévy
Solidarité avec les enfants malades
Dans quelques jours, ces deux entrepreneuses héraultaises vont remettre un chèque de plusieurs centaines d'euros à l'institut Saint-Pierre de Palavas, dans l'Hérault au profit des enfants malades qui y sont soignés. Ce geste de solidarité fait partie intégrante de la philosophie du Rallye des Gazelles.
Valérie et Marie-Laure avaient décidé de reverser un euro pour chaque kilomètre parcouru dans le désert, avant leur départ vers le Maroc : "Comme on s’est bien perdues et bien égarées, le chèque devrait dépasser les 1000 €" conclut Valérie en riant, fière de faire désormais partie des quelque 5000 gazelles : "On est 131e sur 160 équipages (190 au départ), c'est très loin du podium, mais on l'a fait ! On est allées au bout."
Le but de cette course d'orientation est toujours le même depuis sa création : réaliser le moins de kilomètres possible.
Cette année, les meilleurs équipages ont effectué le parcours en 8 à 900 km, les derniers affichaient entre 1600 et 1700 km au compteur.