Ce mardi midi, une trentaine de policiers s'est rassemblée devant le commissariat de Montpellier pour rendre hommage à leur collègue décédé, percuté par une camionnette. L’occasion pour eux de parler de leurs conditions de travail, de plus en plus pesantes.
Midi devant le commissariat de Montpellier. Une trentaine de policiers profite de la pause déjeuner pour se rassembler devant les locaux de l’hôtel de police. Ils rendent un dernier hommage à leur collègue décédé après avoir été percuté volontairement dans la nuit de vendredi à samedi par un fourgon à Bron à côté de Lyon.
Ces policiers sont là par solidarité pour leur collègue mais aussi pour dénoncer leurs conditions de travail qu’ils jugent de plus en plus difficile et dire combien leur métier est devenu difficile. Tous sont conscients de la dégradation de leur image surtout depuis un an et la multiplication des manifestations. Les policiers de Montpellier parlent d’épuisement, ils reconnaissent qu’avec la fatigue, le risque de dérapages augmente :
Il n’y a pas d’excuses aux violences policières, ce n’est pas excusable mais le gouvernement ne prend pas en compte la fatigue des policiers, surtout depuis le début des manifestations. L’amplitude horaire est énorme et en plus de ça, nous sommes rappelés à chaque fois pour sécuriser les manifestations. Certains de mes collègues n’ont qu’un seul jour de congés par semaine et ça depuis des mois, confie un policier de Montpellier qui a préféré garder l'anonymat.
Un abandon du gouvernement
Ils dénoncent l’abandon du gouvernement face à leurs conditions de travail. Tous ont en tête le discours de Christophe Castaner lors de ses vœux, leur rappelant « l’exemplarité » dont ils doivent faire preuve en intervention, après les nombreux cas de violences policières qui ont eu lieu ces dernières semaines.
A Toulouse ce week-end une vidéo d'un policier faisant un croche-pied à une manifestante a tourné sur les réseaux-sociaux. Sur cette vidéo on voit une jeune femme bousculée par un policier et dans la foulée un autre policier la faisant volontairement tomber avec un croche-pied.
80 blessés dans la fonction publique dans l’Hérault en 2019
Des blessés du côté des manifestants mais aussi du côté des forces de l'ordre. Dans l’Hérault en 2019, 80 fonctionnaires de police auraient été blessés lors de manifestations. "Plusieurs d’entre eux ont des blessures irréversibles et ne peuvent reprendre le travail", nous explique Rémi Alonso, secrétaire départemental de l'Hérault d'Alliance Police Nationale.
Aujourd’hui, les policiers réclament des conditions de travail digne et cela passe par le recrutement de policiers :
Pour être à l’aise, dans l’Hérault il faudrait que l’on soit une centaine de plus à peu près, ajoute Rémi Alonso.
3 suicides dans l'Hérault en 2019
Tout cela participe au mal-être général dans les commissariats de police. En France en 2019, 59 fonctionnaires de police ont mis fin à leurs jours, dont 3 dans l'Hérault :
L’ambiance n’est pas au beau fixe, le suicide de notre collègue à la sûreté départementale est encore présent dans les esprits de tous, et l’actualité locale ne permet pas à mes collègues de se reposer. Tout le monde travaille à flux tendu avec le moral en baisse, donc c’est difficile.
Au 14 janvier 2020 déjà deux policiers se sont suicidés depuis le début de l'année.
Je suis inquiet pour le moral de mes collègues, il y a des cellules de veille qui ont été mises en place, mais cela ne suffit pas. Ce qui réglerait le problème ce serait de vraies mesures en faveur de la police, des fonctionnaires de police en plus, du matériel pour travailler et du matériel de protection. Nous demandons des moyens pour faire notre travail afin d’apporter une vraie réponse à la population.
- Rémi Alonso, secrétaire départemental Alliance Police
Une page Facebook a été créée par des policiers pour venir en aide à ceux susceptibles de passer à l'acte. Le ministère de l'Intérieur a également mis en place une cellule de soutien psychologique par téléphone, le 0805 230 405. Les appels y sont gratuits, anonymes et garantis confidentiels.