Dans l'Hérault, 4,9 % des électeurs ont voté blanc. Aurélia Troupel, maître de conférences en Sciences politiques à l'université de Montpellier, étudie le message et la tendance qui se dégagent derrière ce vote contestataire.
Pour ce second tour de la Présidentielle, dimanche 24 avril, 28 % des Français se sont abstenus dans les urnes. Ils étaient aussi 4,57 % à voter blanc, soit près de 3 millions de personnes et 1,62 % dont le vote a été considéré comme "nul", soit 700 000 voix.
Pourtant, ces voix n'auraient pas été totalement entendues. C'est ce que pointe Aurélia Troupel, maître de conférences en sciences politiques à l'université de Montpellier. Elle mène une étude sur cette tendance de vote. Son analyse "Le vote blanc ou nul, des électeurs ignorés" éclaire sur un vote qui n'est pas réellement comptabilisé.
Un vote blanc plutôt que barrage
Cette élection a été la troisième occasion de faire barrage à l'extrême-droite. Déjà en 2017, de nombreux électeurs ont voté, non pas en faveur d'Emmanuel Macron mais plutôt contre Marine Le Pen. D'autres, lassés de ce vote barrage, préfèrent le vote blanc.
Ce message exprime la volonté de changement, de mécontentement face à l'offre électorale. Les électeurs ne veulent pas être confrontés à deux options de vote inenvisageables.
Aurélia Troupel, maître de conférences à l'université de Montpellier
Aurélia Troupel détaille : "En aucun cas les votants blancs sont des électeurs qui ne savent pas choisir et qui laissent les autres choisir. En général, le vote blanc est utilisé par des électeurs attachés à l'acte électoral mais qui veulent faire passer un message."
Ce message véhiculé par un bulletin blanc, pour beaucoup, est un cri de colère face à un paysage politique qui ne séduit plus. Pour ce Montpelliérain, le vote blanc a un réel sens : "Je trouve dommage que le vote blanc ne soit pas comptabilisé car il veut dire bien plus que l'abstention."
Quid des législatives ?
Les législatives sont programmées dans deux mois. Les 12 et 19 juin prochains, il faudra se rendre une nouvelle fois dans les bureaux de vote. En 2017, 42 % des Français se sont abstenus, 3 % ont voté blanc et 1 % nul.
Cette année, l'élection des 577 députés semble devenir un "troisième tour". Une chance de s'exprimer que certains abstentionnistes à la présidentielle ne veulent pas laisser passer : "Qu'on soit de droite ou de gauche, il est possible de faire passer une majorité qui ne soit pas celle de LREM. C'est une dernière chance pour un vote contestataire. J'ai l'impression qu'on a plus de leviers d'action là-dessus que sur la présidentielle qui semble jouée d'avance."
Comment distinguer le vote blanc du vote nul ?
Pour réaliser son étude, Aurélia Troupel demande comment les électeurs ont exprimé leur vote blanc. Enveloppe vide, enveloppe contenant un papier blanc, un bulletin annoté ou le nom de plusieurs candidats. Comment voter blanc, cela s'apprend.
Pour qu'un vote blanc soit comptabilisé comme tel, il faut une enveloppe vide ou un papier blanc glissé à l'intérieur. La loi du 21 février 2014 reconnaît ces votes et les distingue des votes nuls. Des bulletins à caractère humoristiques ou raturés sont rangés dans cette dernière catégorie.