Et si toutes les femmes pouvaient devenir mères ? C'était l'une des idées de campagne d'Emmanuel Macron et le gouvernement a donné un avis favorable. A Montpellier, communauté LGBT et médecins s'accordent pour un "oui".
Après l'avis favorable du comité d'éthique, le gouvernement s'avance vers un élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes, mais les oppositions qui s'expriment déjà, à commencer par l'Eglise, montrent que cette réforme s'annonce délicate.
"Notre objectif est bien de traduire d'un point de vue législatif l'avis" du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), qui va "dans le sens" des positions d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.
En avril, le futur chef de l'Etat s'était dit "favorable" à une loi ouvrant la PMA "aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires", dans un courrier aux associations LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans). Il avait toutefois ajouté attendre l'avis du CCNE pour "construire un consensus le plus large possible".
Il ne faut "surtout pas avoir des positions trop fermes, trop dogmatiques, qui opposeraient les uns et les autres", mais plutôt rechercher "la sérénité", a insisté Christophe Castaner. "On sait les tensions qui pourraient en naître".
Une suite logique du mariage pour tous ?
Votée en 2013, la loi Taubira sur le mariage pour tous avait mis au jour les fractures au sein de la société sur les questions liées à la famille. Des dizaines, parfois des centaines de milliers de manifestants avaient marché contre le mariage homosexuel.
François Hollande était ensuite revenu sur son engagement de permettre la "PMA pour toutes". La procréation médicalement assistée est aujourd'hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles ou risquant de transmettre une maladie grave à l'enfant.
Le débat doit être "le plus court possible" pour éviter "de recrisper la société", a souligné la secrétaire d'État à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, évoquant la possibilité que l'ouverture de la PMA passe par la révision de la loi de bioéthique en 2018.
A Montpellier, communauté LGBT et scientifiques saluent l'initiative
Jessie Olié-Cenatiempo, militante de la communauté LGBT à Montpellier et Pierre Sanguinet, médecin biologiste- Polyclinique Saint-Roch ont témoigné au micro de France 3. Cette nouvelle loi permettrait de ralentir le rythme des voyages à l'étranger pour des inséminations légales.
"Réveiller les passions"
Malgré l'objectif affiché d'arriver à un "large consensus", les opposants à cette mesure extrêmement symbolique, Eglise en tête, se font déjà entendre.
La Conférence des évêques, dans un communiqué, s'est inquiétée que l'ouverture de la PMA, "pour des raisons autres que pathologiques", conduise "un jour à considérer comme éthique le fait que deux hommes aient accès à la procréation au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes".
La révision de la loi de bioéthique doit être l'occasion d'un "vaste débat" sur "la société que nous voulons", auquel les catholiques sont prêts à prendre "toute leur part", ont ajouté les évêques.
Pour l'archevêque de Rennes, Mgr Pierre d'Ornellas, chargé des questions d'éthique au sein de l'épiscopat, il serait "regrettable pour tout le monde" qu'Emmanuel Macron et le gouvernement "prennent rapidement des décisions qui suscitent la division en réveillant les passions".
"Il est urgent de poursuivre l'apaisement de la France", a écrit Mgr d'Ornellas dans une tribune parue dans Le Monde, appelant à faire prévaloir les droits du "plus fragile, à savoir l'enfant".
La présidente du FN Marine Le Pen s'est de son côté dite "opposée" à cette mesure, jugeant que "fabriquer des enfants sans père" est "éminemment négatif pour l'enfant en question".
C'est une forme de mensonge légal que de faire croire à un enfant qu'il n'a pas de père et lui interdire de jamais le connaître
, a-t-elle expliqué.
La "PMA pour toutes" est une revendication de longue date des associations féministes et LGBT. Mercredi, le président du CCNE Jean-François Delfraissy a envisagé sur RMC un éventuel remboursement partiel de la "PMA pour toutes" par l'assurance maladie, "en fonction des revenus". Une proposition balayée par Joël Deumier, le président de SOS homophobie. "Pour nous, le seul critère est l'égalité avec les couples hétéros", a-t-il dit à l'AFP.
Actuellement, la PMA est remboursée à 100% pour ces derniers, à condition que la femme n'ait pas dépassé les 43 ans.