Le procureur de la République de Montpellier, Christophe Barret, a dénoncé vendredi, lors de l'audience solennelle de rentrée du tribunal de grande instance, les moyens "indigents" avec lesquels ce tribunal et ce parquet doivent fonctionner.
"Nous faisons beaucoup avec peu"
En 2016, "les services du tribunal, magistrats et fonctionnaires, ont travaillé à plein régime" et même "en sur-régime", a souligné M. Barret. "nous faisons beaucoup avec peu".
Citant l'état des lieux dressé en octobre dernier par la Commission européenne pour l'efficacité de la justice (CEPEJ), le procureur de Montpellier a rappelé que "la France compte deux fois moins de juges, quatre fois moins de procureurs et deux fois moins de greffiers pour 100.000 habitants que la moyenne européenne des 47 pays du Conseil de l'Europe".
"A Montpellier, nous faisons encore mieux, si l'on peut dire", a-t-il poursuivi, indiquant que dans ce ressort le ratio de 1,8 était bien inférieur à la moyenne française de 2,8 magistrats du parquet pour 100.000 habitants.
Il devrait y avoir 22 ou 23 magistrats au parquet de Montpellier, si nous respections la moyenne française", a rappelé Christophe Barret. Or actuellement pour 15 postes prévus, 13 sont pourvus par des titulaires et un quatorzième par un magistrat placé.
La circulaire de localisation des emplois (CLE) n'a pas tenu compte de l'évolution démographique galopante de Montpellier et de l'Hérault (+10.000 à 15.000 habitants par an), pointe-t-il notamment.
18.000 poursuites par an pour 86.000 plaintes
Or le nombre des affaires poursuivables dépasse 18.000 affaires à Montpellier, pour un total de 86.000 plaintes et procès-verbaux reçus dans l'année, et la population réelle du ressort est de l'ordre de 800.000 habitants, auxquels viennent s'ajouter annuellement près d'un million de touristes.
Si Montpellier se situait dans la moyenne européenne de 11 magistrats du parquet pour 100.000 habitants, "nous serions...82 !", a-t-il remarqué, qualifiant cette hypothèse "d'euphorie délirante".
"Nous n'en demandons pas tant, juste d'avoir autant de magistrats du parquet que les autres juridictions françaises, juste de ne pas être maltraités (...)", a conclu M. Barret. "Le volume et l'intensité de la délinquance, la démographie, le niveau de radicalisation dangereuse l'exigent".