Le cancérologue de Montpellier Henri Joyeux a obtenu gain de cause mardi 26 juin. Sa radiation de l'ordre des médecins a été annulée. Elle avait été prononcée après deux pétitions lancées sur internet contre les vaccins.
C’est une victoire emblématique qu’a remportée mardi 26 juin le controversé professeur Henri Joyeux, avec l'annulation en appel de sa radiation pour des pétitions anti-vaccins. La chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins, indépendante du Conseil national de l'Ordre, a estimé que la radiation prononcée en première instance n'était "pas suffisamment motivée".
Selon la décision d'appel, les propos du Pr Joyeux "n'excédaient pas le principe de la liberté d'expression" et ne constituent pas un manquement à la déontologie médicale. De ce fait, la plainte du Conseil national de l'Ordre des médecins à son encontre a été rejetée.
"Ça veut dire que j'ai raison !"
"Je ne suis pas du tout radié, je n'ai pas de blâme. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que j'ai raison!", a déclaré à l'AFP le chirurgien, qui aura 73 ans jeudi et est retraité depuis 2014. "J'ai pitié de ceux qui m'ont accusé. Ils ont été lamentables", a-t-il poursuivi. "Les laboratoires pharmaceutiques ont essayé de me détruire. Ils n'y sont pas arrivés". "Il faut continuer plus que jamais", a-t-il ajouté en disant entrevoir "la fin de l'aluminium dans les vaccins".
Deux pétitions à l’origine de sa radiation
En première instance, le 8 juillet 2016, le professeur montpelliérain avait été radié par la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon. En cause, deux pétitions publiées sur internet en septembre 2014 et mai 2015 par ce chirurgien cité en exemple par les anti-vaccins et contesté par une large partie de la communauté médicale.
La première s'élevait contre une recommandation du Haut conseil de la santé publique, jamais suivie par le gouvernement, préconisant d'abaisser de 11 à 9 ans l'âge de
la vaccination contre le papillomavirus pour les filles. La seconde fustigeait le remplacement du vaccin DTPolio trivalent (c'est-à-dire protégeant contre trois maladies, la diphtérie, le tétanos et la polio) par un vaccin hexavalent (protégeant contre six affections).
Cette pétition pointait la présence d'aluminium comme adjuvant dans le vaccin en estimant que cela représentait un danger, ce qui n'est corroboré par aucune étude.
"Il faut continuer"
La première pétition "participe de la liberté laissée à tout individu dans un État démocratique d'exprimer son opinion sur un sujet qui le concerne", a jugé la chambre disciplinaire nationale, présidée par une Conseillère d'Etat, Hélène Vestur. En ce qui concerne la deuxième pétition, "la toxicité de l'aluminium comme adjuvant et la dangerosité du vaccin contre l'hépatite B font l'objet depuis plusieurs années de controverses nourries", a relevé l'instance d'appel.
Selon elle, "les arguments avancés par le professeur Joyeux sur ces sujets (...), certes partiels et simplifiés à des fins de vulgarisation pour le public, ne font que traduire les points de vue de certains participants à ce débat". La chambre disciplinaire rappelle que le Conseil d'Etat avait enjoint le gouvernement à remettre le vaccin trivalent DTPolio à disposition du public en février 2017. Le Conseil d'Etat avait jugé anormal que seul le vaccin hexavalent soit disponible, alors même qu'il n'y avait que trois vaccinations obligatoires à l'époque (diphtérie, tétanos, polio). Cette question a été réglée par le passage de trois à onze vaccins obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier dernier.
Lors de l'audience d'appel, le 24 mai, le Conseil national de l'Ordre l'avait accusé d'avoir "mis en danger la santé publique (...) en faisant douter davantage la population de l'intérêt de la vaccination". En revanche, le conseil départemental de l'Ordre de l’Hérault s'était joint à son appel, en jugeant sa radiation "disproportionnée" et "vexatoire"
vu son âge.
Figure de proue des anti-vaccins, Henri Joyeux se défend pourtant d'en être un lui-même, assurant n'être pas opposé à la vaccination mais seulement à ses "abus".