Un réseau de prostitution, des jeunes femmes colombiennes en grande majorité, vient d'être démantelé entre Montpellier et Barcelone. 12 personnes ont été interpellées. "Un démantèlement d’un réseau de traite des êtres humains d’une ampleur inédite."
Mardi 2 mars, 12 personnes ont été interpellées en Espagne, France, Italie et Roumanie dans le cadre d'une vaste enquête qui a conduit au démantèlement d'un réseau de prostitution.
Tout commence en juin 2020 à Montpellier. Deux jeunes femmes réussissent à s'échapper d'un appartement près de la gare et indiquent aux policiers se prostituer sous la contrainte. Les enquêteurs de la direction départementale de la sécurité publique placent alors l'appartement en question sous surveillance et interpellent un homme qui s'avère être le proxénète des deux jeunes filles qui met le local à leur disposition en les menaçant. La police judiciaire prend alors le relais. L'homme est placé en garde à vue, mis en examen et incarcéré. Très vite, les enquêteurs découvrent un second appartement de ce type à Nîmes.
Un centre d'appels près de Barcelone
Au fil de l'enquête, le réseau de prostitution va s'avérer beaucoup plus important. Avec l'aide de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), les policiers de Montpellier découvrent que le proxénète utilise des plates-formes de location et qu'un call center situé dans la banlieue de Barcelone, à Hospitalet de Llobregat, centralise l'organisation du réseau. De là sont gérés les rendez-vous avec les clients français.
Pour organiser les rendez-vous, il devait téléphoner à l'un des numéros de téléphone français annoncés sur un site Web. Ces appels étaient pris en charge par le centre d'appels, situé en Espagne, via les lignes de téléphonie mobile d'opérateurs français, mais actifs en Espagne.
A sa tête, une femme qui propose via des sites internets et les réseaux sociaux des prostituées, des femmes sud-américaines et en grande majorité des Colombiennes qu'elle fait venir en Espagne, leur faisant miroiter un travail, une activité rémunérée de nettoyage ou de gardes d'enfants. Une fois sur place, elle les prive de leur passeport. Déracinées et privées de ressources, elles ont été forcées à se prostituer.
Le clan colombien gérait tous les téléphones (environ 40), tous les déplacements et tous les rendez-vous des jeunes femmes. 27 000 euros en liquide ont été retrouvés lors d'une perquisition.
"Tournées de prostitution"
Dans le cadre de "tournées de prostitution", très souvent dans le sud de la France, elles sont proposées aux clients. Les proxénètes ont auparavant loué des appartements à leur nom pour faire écran avec le call center en Espagne. Les propriétaires ne connaissant pas ainsi l'objet de la location. La coopération entre police française et espagnole a été primordiale.
C’est un démantèlement d’un réseau de traite des êtres humains d’une ampleur inédite
Mardi 2 mars, 18 appartements sont investis par les policiers dans le sud de la France. Notamment à Avignon, Montpellier, Balaruc et Perpignan mais aussi à Agen, Dax, Tarbes, Toulon, Bordeaux, Poitiers, Niort, Quimper et Grenoble. La juge d'instruction lance des mandats d'arrêts internationaux. 8 personnes sont interpellées à Barcelone et une à Gênes, en Italie, qui aurait joué un rôle de faussaire.
Un hôtelier à Perpignan
L'enquête sur le rôle du proxénète de Montpellier a permis aux policiers de comprendre qu'il utilisait la logistique du call center de Barcelone pour exploiter des prostituées roumaines dans la région. Dans ce cadre, un homme a été arrêté en Roumanie, deux autres Roumains en France et un hôtelier à Perpignan qui est suspecté d'avoir accueilli plusieurs mois des prostituées.
Au total, 12 personnes devraient être déférées devant la juge d'instruction. C'est le cas aujourd'hui pour les deux Roumains. Les mandats d'arrêt européens des autres suspects sont en cours d'exécution à l'étranger. Ils seront extradés dans quelques semaines. L'hôtelier perpignanais a été remis en liberté ce mardi.
Les autorités françaises ont jusqu'à présent identifié 33 victimes, toutes d'origine sud-américaine. Pour la commissaire Elvire Arrighi, cheffe de l’OCRTEH : "C’est un démantèlement d’un réseau de traite des êtres humains d’une ampleur inédite".