Remboursement des soins post Covid : le combat de la députée de l'Hérault Patricia Mirallès

Début novembre, la députée de l'Hérault Patricia Mirallès a déposé une proposition de loi pour que les séquelles du Covid puissent être reconnues en maladie longue durée. Au moins 10% des malades souffrent en effet, comme elle-même, de symptômes persistants plusieurs mois après leur contamination.

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Des problèmes cardiaques, psychiatriques, musculaires ou pulmonaires. Plusieurs mois après avoir "guéri" du coronavirus, de nombreux malades (les chiffres varient de 10 à 30% selon les études) souffrent encore de pathologies, qui parfois même vont en s'aggravant.
Parmi ces malades, Patricia Mirallès. La députée de l'Hérault, âgée de 53 ans, a contracté le virus en mars dernier et après une hospitalisation d'une semaine, elle souffre encore aujourd'hui d'essoufflement et de faiblesse musculaire. A tel point que prendre une simple douche nécessite beaucoup d'efforts.

Quand nous sommes rentrés en contact avec Patricia Mirallès, elle revenait d'un des trop nombreux examens médicaux qu'elle passe depuis sa sortie de l'hôpital. Avant le Covid, elle était en pleine forme. Ancienne sportive sans aucune pathologie.

 

Aujourd'hui je m'estime presque chanceuse de pouvoir continuer, même affaiblie, à travailler. Mais je me bats pour que tous les malades du Covid qui souffrent, comme moi, de séquelles persistantes, voire même de plus en plus invalidantes, ne soient plus livrés à eux-mêmes.

Patricia Mirallès, députée de l'Hérault.

 La députée a déposé une proposition de loi pour que les séquelles du Coronavirus puissent être considérées comme une Affection longue durée (ALD). Elle a rendez-vous au ministère de la Santé ce vendredi pour discuter des modalités. Que ce soit une loi, un décret ou une ordonnance, peu importe pour elle. Patricia Mirallès veut juste que sa démarche aboutisse : que la Sécurité sociale prenne en charge les dépenses de santé et les indemnités journalières pour les malades du Covid ressentant des séquelles importantes.

Classer les séquelles du Covid en ALD

Nombreux sont les patients souffrant de séquelles post-covid. L'association Après J20  a d'ailleurs été créée à l'initiative d'une de ces malades, agée de 28 ans, pour les regrouper et les soutenir. Pour tous ces patients, les soins entraînent un suivi médical parfois très lourd. Examens, analyses, consultations et traitement, cela peut coûter fort cher au final et une grande partie reste aujourd'hui à la charge du malade, en attendant le remboursement partiel par la sécurité sociale et total dans le meilleur des cas par les mutuelles. Sans compter les patients qui ne peuvent pas reprendre leur travail.

Moi j'ai la chance de pouvoir encore travailler et j'ai une bonne mutuelle, mais je pense à tous les gens qui au bout de 3 mois n'auront plus qu'un demi-salaire si leur état de santé ne leur permet pas de retravailler.

 L'intérêt du classement en ALD

Pour que les malades n'aient plus à se préoccuper, en plus de leur souffrance, du problème financier de leurs soins, la députée héraultaise souhaite que le Covid rejoigne le groupe des maladies reconnues comme affections de longue durée, non chroniques dans un premier temps, au même titre que les cancers. Le classement en maladie chronique pourrait être évalué dans quelques années, selon la persistance des séquelles. Mais dans un premier temps, ça permettrait aux patients de bénéficier du maintien de leur salaire pendant au moins 1 an (ou plus selon les accords d'entreprises avec les mutuelles) comme toutes les ALD.

Dès qu'ils devraient consulter pour une pathologie résultant de leur contamination par le Covid, les malades pourraient alors être remboursés en intégralité et même, comme c'est le cas dans les établissements de santé publics et chez les médecins de ville pour les ALD, ils pourraient bénéficier de l'avance des soins.

Comment reconnaître une séquelle Covid ?

Je vais travailler avec la sécurité sociale et rassembler des éléments pour imaginer une liste des troubles qui pourraient être classés comme des séquelles Covid. Cette liste permettrait aux médecins conseils d'accorder l' ALD aux patients.

Si l'idée semble aujourd'hui admise qu'il faut rembourser les malades du Covid des soins qu'ils doivent engager, la mise en place d'une telle prise en charge n'en pose pas moins des problèmes concrets pour une raison simple : on connait encore bien mal cette maladie, et c'est bien pour cela que l'on n'arrive pas, aujourd'hui, à la traiter correctement. Et on a même du mal à appréhender si certaines séquelles ne sont pas plutôt des symptômes persistants, c'est à dire qu'on ne sait pas jusqu'à quel point la maladie ne continuerait pas à attaquer l'organisme. 

Etablir une liste des séquelles

Si on reconnait maintenant de nombreuses séquelles qui peuvent être attribuées au Covid, il n'en existe pas encore à ce jour de liste exhaustive. Et c'est à cela que la député héraultaise veut maintenant s'attaquer. Une tâche délicate, d'autant plus que certaines pathologies auxquelles sont confrontés aujourd'hui les malades du Covid " guéris" résultent en fait des traitements (réanimation notamment) qui les ont sauvés.
Enfin une bonne partie des patients ayant développé une forme grave de la maladie souffrent par ailleurs d'autres pathologies, et il faudra "trier", parmi leurs séquelles, celles qui résultent du Covid.
Cela veut dire que les autorités sanitaires doivent plancher sur le sujet, pour établir une liste comprenant les séquelles (et leurs symptômes)  déjà rencontrées chez les malades, ou au moins les plus communes, à défaut de pouvoir établir une liste définitive que seuls la recherche et le temps nous permettront.

Faire avancer les connaissances sur le Covid

C'est d'ailleurs un argument de plus pour Patricia Mirallès : regrouper les soins post-Covid et les rendre éligibles à l'ALD permettrait de les identifier et de connaître plus facilement les répercussions du virus et leur ampleur en connaissant la population concernée par ces symptômes persistants. Cela ferait donc avancer la recherche sur le Covid car un des problèmes auxquels se heurtent les scientifiques est aujourd'hui l'éparpillement des données et le temps passé à les rassembler.
Enfin dernière piste, la députée souhaite aussi engager un travail sur les séquelles psychologiques. Elle craint que de nombreux patients ne souffrent de traumatismes, liés à leur convalescence ou à la perte d'un proche.

 

Le calendrier incertain d'une prise en charge à 100%

D'après la députée héraultaise, son projet est donc déjà en discussion avec le ministère de la Santé. L'idée d'un classement du Covid en ALD ferait donc son chemin. Ce sont bien les modalités de ce classement qui semblent un peu plus complexes. Le classement en Affection Longue Durée de nouvelles maladies est souvent beaucoup plus lent que la propagation des virus...
On se souvient du SIDA. Apparu à la fin des années 70, la pandémie a fait rage dès le début des années 80 (Plus de 25 millions de victimes au total). En France, il aura fallu attendre encore plus de deux ans entre l'identification formelle du virus HIV et la reconnaissance de l'Affection longue durée pour la prise en charge des patients qui en étaient atteints, en 1986. 

De son côté, Patricia Mirallès aimerait bien que ça aille vite, que sa démarche soit comprise en dehors de toute polémique politicienne:

A l'hôpital on m'a soignée, et pas en tant que députée, en tant qu'être humain. J'aimerais que sur tous les bancs de l'Assemblée nationale on s'accorde, pour le bien de tous...

 

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