Voici les séquelles dont peuvent souffrir les patients atteints de la Covid-19 passés par la réanimation

Sept mois après l'apparition de la Covid-19 en France, le médecin responsable de la cellule de crise du coronavirus à l'hôpital de Rangueil à Toulouse et un ancien patient en réanimation racontent les séquelles physiques et psychologiques que laisse ce virus.

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Mi-mars dernier, Patrick Laffargue découvre qu'il est atteint de la Covid-19. Ses souvenirs, il les tient de récits de son entourage. L'expert en aéronautique a perdu une partie de sa mémoire. Ce dont il est sûr, c'est qu'il n'a pas attrapé le coronavirus dans un avion mais plutôt au sol. Le Toulousain travaille entre Paris et la ville rose ; en un an il a effectué plus d'une centaine de vols. Un jour, il se réveille d'un coma à l'hôpital toulousain de Rangueil. Depuis, il a décidé de changer de vie. 

La fatigue

La première réaction commune à tous les patients passés par la réanimation c'est peut-être une remise en question. En se réveillant du coma (son diagnostic vital a été engagé au moins deux fois), Patrick Laffargue se souvient avoir annoncé deux choses à sa compagne : il souhaite se faire muter à Toulouse pour arrêter les allers retours incessants et fatiguants entre la ville rose et Paris, et il veut l'épouser. 

La fatigue est la séquelle la plus courante, rappelle le médecin Nassim Kamar, chef de service néphrologie et transplantation d'organe et responsable de la cellule de crise de la Covid-19 de l'hôpital de Rangueil. "Cet état de fatigue peut perdurer plusieurs semaines voire plusieurs mois" précise-t-il. Pour Patrick Laffargue, sa fatigue liée à son rythme de travail des plus intenses l'a rendu faible, "cela a facilité l'entrée du virus en moi". Hormis un léger surpoids, ce Toulousain n'était pas considéré comme une personne à risque, il n'avait jamais été hospitalisé.

Stress post-traumatique 

Le docteur Nassim Kamar tient à rappeler que la majorité des malades atteints de la Covid-19 sont asymptomatiques ou souffrent de légers symptômes. En revanche pour les patients touchés par des formes graves, admis en réanimation pour la première fois de leur vie, le stress post-traumatique est possible. "C'est un virus mondial alors forcément c'est difficile psychologiquement" rapporte le médecin. Patrick Laffargue a été suivi par un psychologue, il va bien. Pour d'autres, c'est plus compliqué de s'en remettre.
 

Certains ont peur de leur futur et de celui de leur entourage. Une minorité peut développer un stress post-traumatique.

Nassim Kamar, responsable de la cellule de crise de la Covid-19 du CHU de Rangueil

Rééducation

Comme tous les malades admis en service de réanimation, il est difficile de se remettre physiquement de plusieurs semaines d'hospitalisation rapporte le docteur Nassim Kamar. "Les muscles ne bougent pas du tout, les patients sont intubés, ventilés... ils ont besoin de rééducation" explique le médecin. C'est ce que traverse encore aujourd'hui Patrick Laffargue. Il continue sa rééducation chez un kiné une à deux fois par semaine. En un mois d'hospitalisation, ce patient a perdu 15 kilos de muscles. "Mes premiers mouvements étaient difficiles" se souvient-il. Le Toulousain a mis deux mois à reprendre ses forces et à récupérer le poids qu'il avait perdu. 

"La Covid-19 peut engendrer le syndrome de Guillain-Barré" explique Nassim Kamar, "il s'agit d'une paralysie des membres ; de nombreux virus engendrent cela. Il faut donc une grosse rééducation et récupération.

Détresse respiratoire

A la fin du mois de juillet, Patrick Laffargue a de nouveau été admis en hospitalisation pendant deux jours afin de tester ses poumons. Résultats : il lui reste des fibroses pulmonaires (sorte de cicatrices liées au coronavirus). Nassim Kamar explique que certains malades peuvent souffrir de détresses respiratoires et pulmonaires plus ou moins aigües.
 

Les capacités respiratoires peuvent être diminuées à long terme, voire à vie.

Nassim Kamar médecin à l'hôpital de Rangueil

Le docteur précise qu'il s'agit des mêmes séquelles que pour certains cas de grippes sévères. "A priori cela ne devrait pas se transformer en grandes insuffisances cardiaques" rassure-t-il. En revanche, le cas des personnes âgées atteintes par la Covid-19 est particulier '"puisqu'elles n'ont pas de réserves pour lutter.

Patrick Laffargue a été admis à l'hôpital Rangueil le 25 mars, il est sorti le 7 mai. Sa vie ne sera définitivement plus la même.
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