A Saint-Pons-deThomières (Hérault), à la source du Jaur, autrefois très poissonneuse, les braconnages récurrents ont vidé le cours d'eau de ses truites endémiques. Une situation dénoncée par l'association locale de pêche, d'autant que le matériel abandonné par les braconneurs pollue la rivière.

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Une canne à pêche abandonnée, des bouteilles et autres plastiques : à la source du Jaur, à Saint-Pons-de-Thomières, dans les hauts-cantons de l'Hérault, le cours d'eau est peuplé d'encombrants. Mais pas de poisson : en partant, des braconneurs n'ont laissé que leurs déchets. Les truites qui rendaient autrefois l'endroit si poissonneux, elles, ont toutes disparu. 


Un braconnage en zones protégées


Si le phénomène a toujours existé de manière sporadique, il s'est amplifié ces dernières années au point de devenir massif. Et ce, malgré le classement de la source en réserve de pêche. ce qui veut dire qu'en théorie, personne ne peut y prélever de poisson. Et le braconnage s'étend désormais aussi à la zone de pêche sportive, dites "no kill", quelques mètres plus loin, à la jonction du Jaur et de l'Aguze. Là, les truites doivent normalement être remises à l'eau après leur hameçonnage.
 


La colère des pêcheurs locaux


D'où la colère d'Yvon-Bernard Baret, le président de l'association de pêche et de protection du milieu aquatique "La truite du Jaur", qui fédère 150 à 200 pêcheurs... qui n'ont plus rien à pêcher, malgré leurs 85 euros de cotisation annuelle. Le mois dernier, il a pu constater que des lignes, bouchons, hameçons et autre matériel abandonné pendaient du haut du Roc de la Masque, qui surplombe la grotte d'où le Jaur jaillit des entrailles de la terre. Un lieu pourtant situé dans un parc public dont la grille est fermée la nuit. Mais les pilleurs n'en ont cure.
 


Catastrophe écologique


Les pêcheurs voient qui plus est leurs efforts de ré-empoissonnement régulièrement réduits à néant, et qui dénoncent une catastrophe écologique :
 

On met des boîtes qui contiennent des œufs de truite qui éclosent dans les cours d'eau, on fait des alevinages, on lâche des truitelles de printemps de 7 à 10 centimètres fournies par la Fédération Départementale de Pêche, donc il devrait y en avoir énormément, d'autant plus qu'avant la fermeture de la saison précédente, on avait fait un empoissonnement important sur cette zone : aux alentours de 40 à 50 kilos. Aujourd'hui, il s'avère que c'est un désastre : ça a été pillé, complètement détruit !


Manque de moyens et de solutions


La mairie de Saint-Pons-de-Thomières reconnaît le problème, mais se dit démunie : sa seule policière municipale est en arrêt maladie depuis 6 mois et la commune n'a pas de caméra. Richard Boyé, l'adjoint au maire délégué aux travaux et à l'urbanisme, plaide le manque de moyens :
 

C'est très compliqué, il faudrait faire sans doute plus de surveillance. Il y a bien sûr les gardes chasse et pêche, la gendarmerie pourrait faire un peu plus de patrouilles, mais ils ont déjà beaucoup à faire avec les autres incivilités. Quant aux caméras de surveillance, nous n'en avons pas et nous n'y sommes pour l'instant pas favorables.


L'appel à une prise de conscience


Seule solution alors : une prise de conscience de tous par l'éducation à l'environnement. C'est là-dessus que compte Eléonore Evrard. Pour évacuer les déchets,  notamment ceux abandonnés par les braconneurs, elle lance un appel à un nettoyage citoyen, via sa petite association, Dimanches d'Hiver. Créée en 2012 à Agde, elle est une habituée de ces opérations, mais elle a besoin de bras. Toutes les bonnes volontés sont donc les bienvenues.
 


Source divine


Objectif : fédérer les habitants autour de ce joyau naturel qu'est la source du Jaur, lieu vénéré par leurs ancêtres depuis bien avant l'aire chrétienne, car censé abriter une divinité. Voici le reportage de Valérie Cohen-Luxey et Delphine Aldebert.
 

 
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