Après plus d’une journée consacrée aux parcours et personnalités des 5 accusés, de nouveaux témoins s’enchaînent à la barre. Parmi eux, des experts ayant réalisé l’autopsie du corps de Sofiane Perrin, séquestré et battu à mort en mars 2016.
Ce sont des images difficiles, insupportables pour les proches de Sofiane Perrin, séquestré et battu à mort dans la nuit du 29 au 30 mars 2016. Les photographies du corps tuméfié de la victime sont diffusées sur les télévisions de la salle d’audience de la cour d’assises de l’Hérault. On peut y voir le visage déformé de cet homme alors âgé de 17 ans.
Laurence et Hourya Perrin, la mère et la soeur de Sofiane ont préféré sortir de la salle d’audience avant la diffusion de ces photographies. Les proches, les amis de la victime sont restés mais la vue de ces images leur étant insupportable, la plupart d’entre eux a fini par quitter les lieux, sous le choc.
Les raisons du décès discutées
La présidente de la cour d’assises insiste sur l’une des photographies : une trace est visible autour du cou de Sofiane Perrin.
Selon l’experte Aurélie Adriansen, médecin légiste spécialiste de l’anatomie, la mort serait due à une asphyxie "mécanique", une mort par strangulation.
Le professeur de médecine légale Eric Baccino attribue également le décès à une hémorragie intracérébrale suite à un coup à la tête. "Il y a effectivement des signes d’asphyxie, sans pouvoir l’affirmer, au vu des interférences liées à l’intervention des secours et de la réanimation. Il y a une combinaison des deux."
75 impacts minimum sur le corps, 25 sur la tête et le cou
Eric Baccino affirme :
Beaucoup de coups ont été donnés sur les membres supérieurs, ce qui évoque des traces de défense.
Au total, l’expert a décelé au moins 75 impacts sur le corps de Sofiane Perrin, dont 25 sur la tête et le cou. "Ils ont été donnés pour faire mal, pour torturer, plutôt que pour tuer" analyse le médecin légiste.
Quand j'observe une telle multitude de coups mais sans fracture, j'en déduis que les coups n'étaient pas destinés à tuer.
Ce dernier évoque également la présence de trois formes d’impacts différentes, sachant que, selon le directeur chargé de l’enquête en 2016, aucune arme n’a jamais été retrouvée mais selon les investigations et témoignages, il y aurait eu usage de batte de baseball ou encore de canon de fusil.
Les portraits des accusés
Plus tôt dans la journée, l’experte psychologue Danielle Cany était elle aussi à la barre. Il y a 4 ans, elle rencontrait les cinq accusés et en dresse aujourd’hui les portraits. Tous ont un point commun : ils minimisent leur implication dans la mort de Sofiane Perrin.
Alors qu’Adamee Reghi n’éprouvait aucune émotion à l’évocation du décès de Sofiane Perrin, Djamel Fellah aurait confié à l’experte : "moi, je ne tue pas un enfant de 17 ans, je n’accepte pas. (…) Ça me dégoute, je suis révolté, je pense à ses parents, à sa famille, c’est irréversible."
Lors de l’audition de Danielle Cany, Djamel Fellah, dans le box des accusés, clame : "Je suis réellement innocent dans les faits les plus graves."
Anouar Taibi, ayant un "déficit éducatif important" selon Danielle Cany, décharge également sa responsabilité sur les autres accusés dont fait partie Hicham El Moutaouakil, son ex-beau-frère. L’experte décèle entre eux une relation spéciale. Hicham El Moutaouakil est décrit comme quelqu’un de "très émotif", dont "les blessures de l’enfance continuent aujourd’hui de l’agiter", oscillant entre "efforts d’intégration et délinquance".
Hicham El Moutaouakil était marié à la soeur d’Anouar et Seif Eddine Taibi. Dans un premier temps, il affirme à Danielle Cany bien s’entendre avec son beau-frère. Cependant, au fil de l’entretien avec l’experte psychologue, Hicham annonce qu’Anouar Taibi le "rabaissait", "avait honte de lui". Alors pour se faire accepter, Hicham El Moutaouakil dit s'être mis au service de sa belle-famille, notamment en les véhiculant.
Lors du procès, la psychologue se demande si Hicham n’a pas fait "du zèle" pour plaire à Anouar Taibi en faisant ce que ce dernier lui demandait, en l’occurence de retrouver la somme de 15 000 euros, dérobée à son domicile.
Il est le tortionnaire qui obéit aux ordres.
Hicham El Moutaouakil affirme qu'il n'a porté aucun coup et qu'il était mal à l'aise d'obéir à Anouar Taibi. L'experte ajoute : "Il était là et il n'a rien fait du tout, rien arrêté du tout."
Pendant près d’une semaine, les témoins s’enchaîneront à la barre, entre les parties civiles et la défense, avec un objectif : déterminer le rôle de chaque accusé dans la mort de Sofiane Perrin, à l’époque âgé de 17 ans.