Des patients montpelliérains participent à une expérimentation nationale avec l’Institut du cancer de Montpellier. Leur chimiothérapie se fait par voie orale et à domicile. Une prise en charge moins invasive qui change leur quotidien.
C’est une petite révolution dans le traitement contre le cancer. Certains patients suivent leur chimiothérapie par voie orale et depuis chez eux. C’est notamment le cas de Josée Durig.
Un traitement sous forme de comprimés
La retraitée vient de commencer une thérapie ciblée suite à une récidive de cancer du sein en novembre dernier. Mais pour suivre sa chimiothérapie, Josée n’a plus besoin de se rendre à l’hôpital de Montpellier qui se trouve à une heure de chez elle. Elle prend ses comprimés chaque midi, au milieu du repas. “C’est quand même mieux de pouvoir être à la maison”, confie-t-elle. “C’est quand même plus agréable que de devoir aller faire de la chimio à l’hôpital.”
C’est quand même plus agréable que de devoir aller faire de la chimio à l’hôpital
Josée Durig, patiente
Son traitement, elle va le chercher à la pharmacie près de chez elle. “J’ai délivré ce traitement en toute connaissance de cause”, témoigne Olivia Belanger, sa pharmacienne qui est en lien perpétuel avec l’institut du cancer de Montpellier. “ Ce sont des nouvelles molécules et même si nous avons un devoir de formation continue, on peut être parfois un petit peu largué. Là, nous avons été prévenu et nous avons pu délivrer un traitement important, et même grave.”
300 patients pris en charge à Montpellier
L’Institut régional du cancer de Montpellier fait partie des 45 sites en France participant à cette expérimentation. Il prend en charge environ 300 patientes sous traitement oral. Marie-Dominique de Maurepas a survécu à un cancer du poumon mais elle doit prendre ce traitement toute sa vie. Alors pouvoir suivre cette thérapie orale et depuis son domicile à Béziers est un vrai soulagement.
“On m’avait dit au départ que je viendrais à Montpellier chercher mon cachet tous les jours ou toutes les semaines”, se souvient-elle. “Je me suis dit que ça serait une usine à gaz. Donc la c’est vrai que c’est un confort de vie de pouvoir avoir son traitement et de le prendre à la maison, tout simplement.”
Des consultations de suivi sur place et à distance
Pour que cette thérapie à distance puisse fonctionner, le suivi des patients doit être sans faille. “Une bonne prise en charge, ce sont des effets indésirables qui vont être évités, mieux gérés” explique Xavier Quantin, professeur à l’Institut. “Et ce sont des risques d'arrêt du traitement qui seront évités, donc c’est une meilleure observance thérapeutique et des traitements plus efficaces.”
Une bonne prise en charge, ce sont des effets indésirables qui vont être évités, mieux gérés
Xavier Quantin, professeur à l'Institut du cancer
A l’Institut régional du cancer de Montpellier, une infirmière et une pharmacienne travaillent de concert avec les médecins mais aussi avec une équipe de coordination qui se charge d’appeler régulièrement les patients. “Pendant les quatre premières semaines du traitement, nous appelons les patients toutes les semaines”, précise Emilie Claisse, une infirmière. “Et si les patients en ont besoin, ils peuvent nous appeler de façon supplémentaire en cas de demandes, d’inquiétudes ou d’effets secondaires que l’on peut gérer soit à distance, soit avec le médecin traitant.”
Une expérimentation de l’Assurance maladie
Tout ce travail de coordination n’a aujourd’hui pas de financement propre. L’assurance maladie a donc accepté une expérimentation pour évaluer une nouvelle rémunération. A titre d’exemple, l’hôpital reçoit 342 euros, la pharmacie 40 euros, et le médecin 25 euros pendant le premier mois de prescription d’un patient.
Cela représente un coût pour la sécurité sociale, mais celui-ci est contrebalancé par le transport ou le passage à l’hôpital du patient qui devient de fait moins fréquent. Un investissement humain et financier salué par le directeur de l’Institut régional du cancer Montpellier, Marc Ychou : “Nous sommes plus efficaces pour les patients, moins toxiques, et on anticipe beaucoup de complications. In fine, nous ferons des économies.”
15 000 patients sur 3 ans doivent bénéficier de cette avancée médicale.