À Montpellier et dans les 30 autres villes de la métropole, il n’y a pas d’augmentation de la taxe foncière : le 0 % de hausse, qui s’applique depuis 2020, reste valable pour 2024. Et pourtant, pour les propriétaires fonciers, l'addition est toujours plus lourde. En cause : l’inflation, la taxe inondation mais surtout la taxe sur les ordures ménagères qui, elle, a explosé de 20%.
Au sein de la métropole de Montpellier, comme ailleurs en France, dans ses 31 communes, les propriétaires sont en train de recevoir leurs avis d’imposition. Cette année, ils ont vu la facture augmenter en moyenne de 7,5 %.
Et pourtant, l'agglomération n'a pas voté de hausse du taux de la taxe foncière : c'est zéro pour cent d'augmentation depuis 2020.
Si les contribuables, propriétaires de fonciers bâtis et non bâtis, doivent débourser plus cette année, c'est principalement à cause de deux taxes qui sont englobées dans l'impôt foncier : celle sur l’enlèvement des ordures ménagères, et la taxe dite "inondation"(gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations).
Ordures ménagères : "une taxe injuste mais indispensable "
Depuis avril dernier, René Revol, maire LFI de Grabels, a le nez dans les poubelles de l'agglo. Devenu nouveau vice-président chargé des déchets à la métropole de Montpellier, il nous a expliqué la situation :
"Notre territoire est très en retard : depuis qu’on a fermé la décharge de Castries/Saint Drézéry il y a 20 ans, nous exportons nos déchets chez les autres. Pour les incinérer et les enfouir ailleurs, on a 800 000 km de trajet en camion, chaque année, soit 40 fois le tour de la terre, c’est gigantesque ! Non seulement, on paye ces camions pour transporter nos déchets, on paye aussi leur incinération et leur enfouissement, mais en plus, l’État nous condamne pour cette action ! Comme nous ne gérons pas nous-mêmes nos déchets, on nous applique une taxe spécifique qui est très élevée".
La taxe pour les poubelles a pris plus de 20 % d’augmentation, mais, selon René Revol, c’est la seule ressource financière dont les collectivités ont le droit de disposer pour gérer les déchets.
La taxe sur les ordures ménagères est basée sur la taxe foncière: tout le monde paye la même taxe en fonction de la valeur foncière du territoire, mais elle est très injuste parce qu’elle est pas corrélée au revenu des gens, qui sont très différents.
René Revol, vice-pdt chargé des déchets dans la métropole de Montpellier
"C'est pénible et injuste, mais notre collectivité n'a pas le choix, si elle veut assumer ses responsabilités. Et même si on ne les assumait pas, cette taxe augmenterait encore plus ! "
Produire moins de déchets pour payer moins cher
Pour l'heure, la taxe foncière ne va pas baisser sa voilure ; il faudra prendre son mal en patience et redoubler d'efforts au moins jusqu'à 2030.
"Il faut d'abord investir pendant quatre à cinq ans pour réduire drastiquement les déchets. Nous devons d'abord apprendre à trier beaucoup plus nos déchets, puis à traiter nous-même ce qui reste sur notre territoire, ensuite seulement, la taxe d’ordures ménagères va se mettre à baisser."
Jusqu'en 2007, les déchets étaient jetés dans une décharge près des étangs, polluant l'eau, la terre et la mer. Ensuite, des infrastructures comme l'unité de méthanisation AMETYST se sont mises en place, mais malgré cela, la métropole de Montpellier a encore des montagnes de déchets à gérer.
Selon René Revol, 250 000 tonnes d'ordures ménagères sont produites par les habitants de la métropole. Après réduction des déchets et réemploi, il reste encore 130 000 tonnes qui sont exportées ailleurs.
"Mon objectif, conclu l'élu, c’est de baisser ces 130 000 tonnes en augmentant le tri sélectif, en développant l'usage des biodéchets pour parvenir à 50 000 tonnes, au final. Cela suppose un changement de comportement massif des gens sur plusieurs années. Quant aux 50 000 tonnes qui resteront, on va les traiter chez nous, avec un incinérateur de dernière génération qui pollue le moins possible. À ce moment-là, la taxe sur les ordures ménagères va pouvoir baisser."
Le futur incinérateur : un sujet brûlant
François Vasquez, prédécesseur de René Revol, ne voit pas les choses de la même façon. Cet écologiste était pendant quatre ans en charge des déchets pour la métropole de Montpellier avant qu'on lui retire ses délégations de vice-président en charge de la collecte, du tri, de la valorisation des déchets et de la politique zéro déchet.
"L’augmentation de la taxe sur les ordures ménagères est liée aux choix politiques, car les déchets sont payés à la tonne. A partir du moment où vous vous mettez en place une politique volontariste de baisse des tonnages, vous pouvez faire baisser cette taxe de plusieurs millions d'euros" affirme-t-il.
Selon ce conseiller municipal d'opposition "On fait croire que c’est l’exportation de déchets qui est le problème majeur. Non, le problème majeur, c’est le tonnage ! Si vous baissez le tonnage de quelques dizaines de milliers de tonnes, vous baissez l’exportation. L'exportation, c’est un peu un chiffon rouge qu’on agite pour mettre en place un site industriel d’incinération dans la métropole de Montpellier, qui n’en a jamais possédé. Michaël Delafosse m’a fait croire pendant quatre ans qu’on allait mettre en place une stratégie zéro déchet, mais il l'a laissé tombée pour incinérer les déchets. C’est la solution des lobby industriels. Or cette filière d'incinérateur plastique constitue un gouffre financier et nous sommes déjà avec de grandes difficultés. On a déjà eu deux augmentations de la taxe des ordures ménagères. Cela ne suffira pas. On en aura d’autres." prévient-il.
Dans l'agglomération de Montpellier, pour le moment, la taxe d’ordures ménagères figure parmi les plus élevées de France, après Lille et Marseille, comme en atteste une carte interactive publiée sur le site internet de l'association de défenses des consommateurs Que Choisir.
Taxe "inondation" en hausse
Quant à la taxe inondation, elle est passée de 8 millions d’euros en 2023 à 13 millions d’euros en 2024.
"Nous avons la responsabilité de protéger notre territoire contre les risques d’inondations. Cette taxe GEMAPI, on en est satisfait à Grabels, car elle a été investie en partie dans la création d’un barrage qui nous protège d'une inondation du même niveau que celle de 2014.
L’année prochaine, ce sera une autre commune de la Métropole qui aura un investissement et on y contribuera tous à ce moment-là" explique le maire de Grabels.
La taxe GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) est rattachée à la feuille d’impôts de la taxe foncière.
Elle constitue donc l'une des causes de l'augmentation globale.