Les Etats-Unis ont imposé des sanctions douanières contre les produits européens comme une taxe de 25% pour les vins. Antoine Leccia, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) craint une baisse des ventes de l'ordre de 50%. Il demande des mesures d'urgence.

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Les Etats-Unis ont imposé vendredi des sanctions douanières contre les produits européens. Elle est intervenue quatre jours après le feu vert définitif de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Washington d'imposer des sanctions contre l'UE, en représailles aux subventions accordées à l'avionneur européen Airbus.
 

Dans la ligne de mire des Américains: les avions du constructeur Airbus, fabriqués essentiellement dans les usines du Royaume-Uni, de la France, d'Espagne et d'Allemagne, qui coûteront dorénavant 10% de plus quand ils seront importés aux Etats-Unis. Mais les vins européens sont également dans le collimateur de Trump, avec une taxe de 25%.

C'est un jour difficile

Antoine Leccia, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) et président du directoire du groupe viticole AdVini (ex JeanJean), basé à Saint-Félix de Lodez (Hérault) nous livre ses impressions.

"C'est un jour difficile. Nous sommes les victimes collatérales d'un conflit dont on a rien à voir puisqu'on parle d'un conflit aéronautique entre les Etats-Unis et la France. Nous y exportons pour un milliard d'euros de chiffre d'affaires. C'est un marché qui fonctionnait très bien et où nous avions une belle rentabilité. 

Un milliard d'euros de chiffre d'affaires


A court terme, nous avons déjà des conteneurs sur l'eau et on ne sait pas qui va payer ces taxes. Nous allons discuter avec nos importateurs. Pour 2020, nous aurons une hausse des prix de 35 % probablement et immanquablement une baisse de nos ventes de vins français.  Certains pays n'ont pas ces taxes-là. Donc, pour un distributeur, ce sera très simple de passer d'un vin à un autre. 

Relais de croissance


Les Etats-Unis était un relais de croissance pour notre entreprise Advini: c'est plus d'une dizaine de millions d'euros de chiffre d'affaires qui est taxée à 25%. Donc, c'est 2,5 millions d'euros. C'est beaucoup d'argent. Et nous voulons maintenir nos parts de marché aux Etats-Unis dans les années qui viennent. C'est une véritable problématique économique. 

Pour les vins français, nous exportons aux Etats-Unis l'équivalent de 14,5 millions de caisses (vin tranquille). 60-70 % de ces vins vont être vendus dans un créneau de prix entre 10 et 30 dollars. C'est le coeur de marché qui sera donc fortement impacté. Cela pourrait aboutir à une baisse de vente de l'ordre de 50 %. Cela ne touche pas que les grandes entreprises mais des entreprises de toutes tailles. 

Cela pourrait aboutir à une baisse de vente de l'ordre de 50 %


Et les autres marchés ne vont pas décupler leurs achats parce qu'il y a un marché qui ne fonctionne plus. En Amérique du sud, le vin français pèse 4% du marché. Va-t-on passer de 4 à 10 ? Je ne pense pas. Cela ne se fait pas d'un claquement de doigts. 

Des conteneurs annulés


Des conteneurs ont été annulés pour la fin de l'année dans la région bordelaise ou en beaujolais primeurs. Si on ne sait pas qui va payer les taxes, les gens préfèrent annuler leur commande. Il faut faire attention car quand les parts de marchés baissent, les reconquérir demande beaucoup de temps et c'est très cher.

A très court terme, nous souhaiterions que l'Etat paie cette taxe


Nous attendons des mesures à très court terme. Nous souhaiterions que, via un fond de compensation, l'Etat paie cette taxe pour que l'ensemble des opérateurs aient le temps de se retourner pour éviter que l'on soit obligé d'augmenter massivement nos prix. Enfin, il faut que l'Etat continue à négocier pour arriver à un commerce international privé de toutes ces barrières tarifaires. Il faut éviter une escalade avec les Américains."
 

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a qualifié vendredi de "profondément injustes", les sanctions appliquées par les Etats-Unis contre les vins français et annoncé qu'il allait demander leur suspension à l'administration Trump. "Frapper les viticulteurs (...) c'est profondément injuste et incompréhensible de la part de notre allié américain", a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse à Washington, avant une rencontre avec le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, à qui il demandera "leur suspension". 

 
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