Nous l'appellerons Chloé. Cette élève infirmière, volontaire dans l'unité COVID-19 d'un établissement de santé de l'Hérault, "travaille comme n’importe quel professionnel" mais est "payée comme une stagiaire" : 30 € par semaine pour 35 heures de travail, soit 1,17 € de l’heure.
Nous avons choisi de l'appeler Chloé (prénom d'emprunt) pour préserver l'anonymat de son témoignage. Lorsque la pandémie s'est déclenchée en France, cette élève infirmière de l'Hérault venait d'entamer un stage dans un établissement de santé du département.
Un élément à part entière de l'équipe soignante
Mais elle a préféré aller prêter main forte aux soignants d'une unité COVID-19, en tant que volontaire. Réaffectée en tant qu'aide soignante, ses conditions de travail ont changé. Elle en témoigne pour France 3 Occitanie :
Pour 5 semaines dans un hôpital, en 2ème année, une élève infirmière touche 152 euros de rémunération. Mais là, JE NE SUIS PAS EN CONDITION DE STAGE, puisque je remplis la fonction d’aide-soignante. Un stagiaire est en plus dans une équipe. Là, JE FAIS PARTIE de l’équipe. Si je ne fais pas mon travail, personne ne me remplace.
Poursuite d'études et volontariat : l'impossible équation
Problème : elle doit mener de front ses études d'infirmières, qui se poursuivent, et son nouveau quotidien. Or, si elle passe du temps à apprendre de ses collègues infirmiers, ce sera forcément au détriment de ses tâches d’aide-soignante. C’est donc impossible.
On n’avance pas dans la formation, mais elle continue et les examens sont au mois de mai. Il y a les révisions de mes partiels, certaines matières doivent être maîtrisées, on ne peut pas faire l’impasse, ou connaître à moitié certaines pathologies. J’adore mon métier mais là, j’ai un peu l’impression que ma passion me dessert.
"Volontaire, pas bénévole"!
Pour autant, Chloé ne sent pas l'étoffe d'une héroïne. Simplement, sachant qu'elle avait les compétences pour aider, elle ne se voyait pas ne pas le faire, c’est tout simplement inconcevable pour elle. Mais quand elle a demandé combien elle serait payée, Chloé est tombée de haut :
Je travaille comme n’importe quel professionnel, mais je suis payée comme une stagiaire : 30 € par semaine pour 35 heures de travail, soit 1,17 € de l’heure! Je suis volontaire, pas bénévole!
Eloignée de sa famille
Une déconvenue d'autant plus grande que l'élève infirmière s'est coupée volontairement de sa famille, pour ne pas risquer de contaminer les siens.
Des équipes reconnaissantes
Sa consolation, elle la trouve auprès des équipes soignantes. Son travail est reconnu et ses relations sont très bonnes avec ses collègues. Elle précise également que les équipements et protections sont en nombre suffisant.
De 28 à 50 €par semaine selon les régions
La situation de Chloé n'est pas isolée en Occitanie, ni en France. Les élèves infirmier(e)s volontaires dans les unités COVID-19 des hôpitaus sont indemnisés entre 28 et 50 € la semaine selon les régions.
Une situation dénoncée notamment par la CGT. La section syndicale de l'hôpital d'Alès (Gard), s'en est même émue auprès de la présidente de Région dans un récent courrier.
Carole Delga promet une indemnité de 1200 € net
Carole Delga (PS) y a répondu ce matin en promettant "une indemnité de 1200 € pour les élèves infirmiers et aides soignants des unités COVID-19", à l'instar de la Région Bourgogne-Franche Comté, qui a pris une initiative similaire il y a quelques jours.
J’ai annoncé ce matin la mise en place d’une indemnité de 1200€ pour les étudiants infirmiers et aides-soignants des unités #COVID19.
— Carole Delga (@CaroleDelga) April 17, 2020
Après le transport à la demande, c’est une aide de plus dans notre plan régional d’urgence solidaire en @Occitanie.https://t.co/PGh8GKDsAQ pic.twitter.com/EIUjTkmF70
Le conseil régional d'Occitanie nous a confirmé qu'il s'agissait bien d'une rémunération nette, mais n'a pas précisé si cette somme serait rétroactive. Les contacts sont en cours avec les Instituts de Formation des Soins Infirmiers de la région pour évaluer le nombre d'étudiants concernés.