Dans le cadre d'une première médicale au CHU de Montpellier, ces dernières années, plusieurs patientes ont subi une ablation des seins suivie d'une reconstruction mammaire, avec une cicatrice cachée sous le bras. Cette pratique novatrice, jusqu'ici préventive, s'adresse désormais aussi aux femmes atteintes du cancer du sein.
Depuis 2018, une trentaine de patientes ont pu bénéficier d'une ablation des seins (mastectomie endoscopique préventive), et 26 d'une ablation des ovaires et des trompes avec endoscopie, au CHU de Montpellier.
C'est l’équipe du Dr Gauthier Rathat qui propose ces deux sortes de chirurgies préventives avec une incision cachée, soit sous le bras, soit dans le vagin, au service de chirurgie gynécologique et mammaire du CHU Montpellier.
Ces opérations étaient jusqu'à présent réalisées uniquement en amont, pour des femmes présentant de grands risques de développer un cancer dans ces zones.
Cette technique innovante, le CHU de Montpellier est l'un des rares hôpitaux à la proposer en France.
Nouvelle étude
Actuellement, en cas de cancer du sein, il existe deux possibilités : soit le chirurgien enlève la partie du sein où se trouve la tumeur et ensuite, la patiente suit un traitement par rayon, soit on opte pour une mastectomie, le plus souvent sans radiothérapie.
Jusqu’ici, lorsqu’une mastectomie était nécessaire, le geste laissait toujours une cicatrice sur le sein. Dans cette nouvelle étude, l’endoscopie permet de dissimuler la cicatrice hors du sein, améliorant ainsi le résultat esthétique de la reconstruction.
Dans certains cas, avec l’accord du médecin, on peut donc enlever le sein et bénéficier de l’endoscopie, ce qui permet de ne pas avoir de cicatrice sur le sein. C'est plus esthétique et c’est possible dès maintenant au CHU de Montpellier.
Gauthier Rathat, responsable service chirurgie gynéco et mammaire au CHU Montpellier
Une nouvelle étude, nommée NEOMAMENDO, vient d'être lancée par le CHU pour étendre cette technique aux femmes qui ont déclaré un cancer du sein. Elle va durer 18 mois et doit inclure une vingtaine de patientes.
"Quand on change de mode opératoire, on veut toujours vérifier qu’il n’y ait pas de danger" précise le docteur Rathat qui est l'investigateur de l'étude et qui va mener le suivi des femmes opérées.
Cette pratique est déjà bien connue dans les pays d’Asie comme Taïwan, la Chine, le Japon et Singapour. Depuis quelques années, elle se développe aussi en Espagne et en Italie.
Pour le moment, ce type de chirurgie n'est pas encore possible pour les femmes qui ont déjà été traitées par rayon, mais cela pourrait évoluer à l’avenir.
"Je trouve cela fabuleux !"
Caroline, une patiente du Docteur Rathat, a eu le courage de faire une double ablation des seins, suivie d'une reconstruction mammaire, avant d'être touchée par un cancer.
Dépistée en mai 2022 grâce à un mélanome suspect dans le dos, cette Montpelliéraine de 48 ans a découvert qu'elle était porteuse du gène BRCA2, comme sa grand-mère maternelle, sa mère, sa tante, qui, toutes, ont eu un cancer du sein.
Cette mère de famille a été opérée des trompes et des ovaires en octobre 2022, puis des seins en février 2023. Juste à temps, car lors de l'ablation des seins, des cellules douteuses ont été détectées.
Grâce aux équipes médicales du CHU de Montpellier, Caroline a bénéficié d'une cicatrice très discrète, cachée sous le bras. Lorsqu'elle a appris par téléphone ce mercredi 18 septembre, que cette technique d'endoscopie pouvait aussi bénéficier aux femmes ayant déclaré un cancer du sein, sa réaction a été très enthousiaste :
C’est génial, je trouve ça fabuleux. C’est une sacrée évolution. On prend en compte de plus en plus le bien-être du patient.
Caroline, ancienne patiente du CHU de Montpellier
Caroline a subi une nouvelle intervention en janvier dernier pour corriger les défauts de la reconstruction : on lui a prélevé un peu de graisse du ventre pour l'injecter dans les seins afin qu’ils soient plus bombés et plus réguliers.
"La cicatrice sur le côté s’est bien effacée, il reste encore quelques rougeurs et de légères boursouflures, mais je n’ai aucun regret !" affirme-t-elle.
Face au manque d'information sur le sujet et sur le gène BRCA, cette Héraultaise a décidé de créer une page dédiée sur Instagram.
En dehors du côté esthétique, elle tient aussi et surtout à faire savoir à toutes les personnes concernées par cette maladie qu'en ayant eu le courage de se faire opérer avant d'être malade, on peut, comme elle, diminuer de plus de 95% le risque de développer un cancer du sein.