Témoignage. "J'ai gardé ma féminité ", nouvelle vie pour deux femmes après une ablation des seins sans cicatrice, une chirurgie préventive révolutionnaire

Publié le Écrit par Isabelle Bris
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Deux patientes, qui ont opté pour une double ablation des seins, suivie d'une reconstruction mammaire, avant d'être touchées par un cancer, expliquent leur choix. Grâce aux équipes médicales du CHU de Montpellier, Emmanuelle et Caroline ont bénéficié d'une cicatrice très discrète, cachée sous le bras.

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Emmanuelle est porteuse du gène BRCA2, une sorte de mutation qui augmente considérablement les risques de cancer du sein, des ovaires et des trompes.

Sa sœur jumelle et sa mère, porteuses du même gène, ont développé un cancer du sein. Pour éviter de devoir subir chimiothérapies et rayons comme elles, cette Montpelliéraine a choisi de prendre les devants sur la maladie et de se faire tout enlever avant que le cancer se déclare. La quadragénaire s'est donc rendue au CHU de Montpellier pour subir une lourde série d'ablation : seins, trompes et ovaires.

"J'ai fait la première opération il y a deux ans, à l'âge de 41 ans. J'ai commencé par les seins car cela me semblait être le plus urgent", explique cette mère de famille. 

Le résultat va au-delà de mes espérances. J’ai une toute petite cicatrice sous l’aisselle de chaque côté, même si c'est lourd et qu'après l’opération, on ne peut pas bouger pendant quelques temps, je n'ai aucun regret ! 

Emmanuelle, 43 ans

Emmanuelle a bénéficié d'une nouvelle technique pratiquée au CHU de Montpellier par l’équipe du Docteur Gauthier Rathat qui propose deux sortes de chirurgies préventives par une incision cachée, sous le bras pour les seins, et dans le vagin pour l'ablation des trompes et des ovaires.

"Le risque d'avoir un cancer est passé de 60% à moins de 5 % , c'est même en dessous de la moyenne des gens qui ne sont pas considérés à risque", souligne Emmanuelle.

La seconde opération, l'ablation des trompes et des ovaires a eu lieu en novembre dernier : "Là, la cicatrice est à l’intérieur du vagin. Donc, on ne voit pas de cicatrice du tout, c’est génial !"

Ravie du résultat, Emmanuelle est aussi soulagée de l’avoir fait, car pour elle aujourd'hui, "le risque de cancer est bien moindre, c'est un poids en moins sur les épaules."

"Les femmes qui hésitent, allez-y, le résultat est vraiment top !

Aujourd'hui, cette Montpelliéraine a envie de partager son expérience avec les femmes dans le même cas qu'elle, porteuses de ce gène en mutation, mais qui hésitent encore à passer au bloc opératoire.

"L'opération de la poitrine touche la féminité, et en ce sens ce n'est pas évident. C'est une grande partie du questionnement, mais c'est là où le professionnalisme et la nouvelle technique pratiquée au CHU ont été primordiales. Cette technique est donc, à mon sens, essentielle à bien des égards", tient-elle encore à souligner.

J'avais peur de ne pas aimer mon nouveau corps, ma nouvelle poitrine. Du regard que les hommes pourraient avoir sur cette poitrine refaite. Mais le résultat est bluffant. Ce n'est pas seulement de la chirurgie, cela touche l'intimité, et par conséquent l'image de soi, l'estime de soi et la confiance en soi. Le résultat me permet d'affirmer aujourd'hui que ces questionnements, s'ils étaient légitimes avant l'opération, n'ont plus lieu d'être. Je me sens bien dans ce nouveau corps. 

Emmanuelle, 43 ans

"Mieux vaut prévenir que guérir"

Caroline, elle, a été dépistée en mai 2022, grâce à un mélanome suspect dans le dos, détecté l'hiver précédent.

Elle est porteuse du gène BRCA2, comme sa grand-mère maternelle, sa mère, sa tante, qui toutes, ont eu un cancer du sein.

Cette femme de 47 ans a été opérée des trompes et des ovaires en octobre 2022 , puis des seins en février dernier. "J’ai eu de la chance dans mon malheur," explique-t-elle, car lors de l'ablation des seins, des cellules douteuses ont été détectées."

J'hésitais à être opérée, mais je l'ai été juste à temps. Le déclic dans ma tête, ça a été quand un médecin m'a dit "mieux vaut prévenir que guérir". Aujourd'hui, mes cicatrices sous les aisselles sont fines et c’est invisible en maillot. J'ai un nouveau corps avec une harmonie parfaite entre les deux seins.

Caroline, 47 ans

L'exemple de l'actrice Angélina Jolie

Seul regret de cette maman de deux enfants : si avant l’opération, l'équipe médicale était très réceptive, elle affirme avoir souffert d'un manque d'accompagnement postopératoire : l'absence de réponses à ses questions sur les douleurs ressenties, sur leur durée dans le temps et les mouvements que l'on est autorisé à faire.

Caroline a également ressenti le besoin de témoigner car, avant de se faire opérer, elle s'est posé beaucoup de questions et a eu beaucoup de difficulté à trouver des informations sur le sujet.

"En dehors des publications d’Angelina Jolie, qui a eu le courage de parler de ce gène dangereux et de son ablation des deux seins en 2013, il n'y a rien sur le sujet qui soit accessible sur Internet".

De ce fait, la Montpelliéraine a décidé de créer une page Instagram pour partager ses expériences, son vécu et sa convalescence avec d'autres femmes qui hésitent à passer à l'acte.

En attendant, les femmes porteuses du gène BRCA ou dont les antécédents familiaux sont à fort risque, devront, tout au long de leur vie, se faire régulièrement surveiller. 

Cette chirurgie préventive novatrice ne concerne pour le moment que les femmes qui n'ont pas encore été traitées contre un cancer.

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