Tri des biodéchets. Composteurs en rupture de stock, flou pour les particuliers, solutions collectives... On fait le point sur nos poubelles

Si depuis le 1er janvier 2024, le tri des biodéchets s'est généralisé selon les lois européennes, il n'y a pas d'obligation de compostage pour les particuliers. Ce sont les collectivités territoriales qui doivent mettre en place le tri à la source et la valorisation des restes alimentaires comme des déchets verts.

Depuis le 1er janvier 2024, la loi oblige les communautés de communes à gérer les biodéchets et donc, à proposer des solutions aux habitants. Mais en aucun cas, les particuliers sont obligés d’avoir un composteur chez eux, même si cela leur est fortement recommandé.

Fanny Alègre, ambassadrice "prévention et tri des déchets" au pôle environnement de l'agglomération du Pays de l’Or dans l'Hérault, reconnaît qu'il règne actuellement une certaine confusion à ce sujet :

Non, les gens ne sont pas obligés d'avoir un composteur dans leur jardin ou à leur domicile. C'est nous, les communes et les agglomérations, qui sommes dans l'obligation de gérer les bio-déchets. Et c'est à nous qu'il incombe de proposer des solutions aux gens.

Fanny Alègre

Du poulailler aux composteurs partagés

Les restes alimentaires représentent encore en moyenne 30 % du volume jeté dans les poubelles grises. Pour les valoriser et les transformer en ressource, plusieurs dispositifs mis en place par cette agglomération qui regroupe huit communes du Pays de l’Or : aires de compostage partagé, composteurs individuels, lombricomposteurs et même subvention pour l’élevage de poules.

"Les déchets de cuisine jetés dans la poubelle grise vont à l’enfouissement ou à l’incinération. Or, les restes des assiettes sont composés à plus de 80 % d’eau ! Brûler de l’eau ou l'enfouir et devoir traiter les jus ensuite, cela va à l'encontre du bon sens" souligne Fanny Alègre. 

Cette agglomération n'a pas attendu la nouvelle réglementation pour agir : plus de 5 000 composteurs individuels ont été distribués depuis cinq ans sur ses huit communes (Mauguio, Lansargues, Mudaison, Candillargues, Saint-Aunès, La Grande Motte, Valergue et Palavas-les-Flots).

Ces bacs en bois sont distribués gratuitement dans les quatre déchetteries de l'agglomération.

Rupture de stock pour les composteurs individuels 

Mais il est plutôt ardu de trouver un composteur en ce moment ! Nombre de groupements de communes qui les donnent gratuitement à leurs administrés ou qui les vendent pour un prix modique ne parviennent plus à répondre à la demande.

"Nous sommes rupture de stock, et c'est un phénomène national", explique-t-on à la communauté de communes Rhony Vistre Vidourle dans le Gard où, pour moment, seuls des composteurs en bois sont disponibles. Ceux en plastique devraient être livrés ces prochaines semaines.

Par civisme écologique ou par crainte d'une amende, les gens se sont rués sur les composteurs individuels distribués par les intercommunalités.

Succès pour le composteur partagé

Du côté de la métropole de Montpellier, il semble que de plus en plus d'habitants optent pour le compostage et pas seulement à cause de la nouvelle réglementation.

Hélène Meyer est référente bénévole du compostage partagé à Lavérune depuis un an et demi, un site installé par la métropole de Montpellier et finance aussi les formations de maître composteur.

"C'est le seul et unique site de cette ville de 3000 habitants. Il a été installé en novembre 2021 et cela répondait à un vrai besoin : nous avons même été surpris de voir son succès. Et cela continue. Les bacs se remplissent plus vite et il va falloir songer à en rajouter, voire à ouvrir un second site", explique cette militante du compostage.

Cette multiplication des sites partagés sur l'espace public ne pourra pas s'étendre à l'infini. C'est pourquoi, du côté de l'agglomération du Pays de l'Or on tente désormais de les développer au sein des résidences individuelles et des co-propriétés.

Des poubelles moins lourdes

Logiquement, avec tous les efforts consentis par les communes comme les citoyens pour gérer les biodéchets, les poubelles devraient avoir réduit de volume. Pourtant l'impact de cette politique reste encore difficile à évaluer. 

Kristelle Fourcadier, directrice du syndicat Pic et Etang qui regroupe six communautés de communes dans l'Hérault et le Gard, soit 220 000 habitants, a bien constaté une sérieuse baisse de régime, mais elle semble davantage due à la crise économique qu'aux gestes écologiques :   

"Nous avons vu une très forte diminution du tonnage: en 2022, nous avons incinéré 93 000 tonnes de déchets ménagers contre 84 000 tonnes en 2023. Cette modification du comportement des habitants liée à la crise économique, qui ont beaucoup moins consommé", affirme celle qui est aussi directrice du pôle environnement à l'agglomération du Pays de l'Or.

Selon une étude réalisée l’automne dernier par ses services sur le contenu des poubelles, il subsiste encore beaucoup d’erreurs de tri.

Si on triait mieux ses déchets, on pourrait faire maigrir sa poubelle de moitié !

Kristelle Fourcadier, directrice du syndicat Pic et Etang

Actuellement, la poubelle grise contient encore un quart d’emballages et un tiers de restes alimentaires. Par ailleurs, selon cette même étude, la notion même de biodéchet n'est pas claire pour de nombreuses personnes.

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