Face à un désengagement financier de l’État estimé à 17 millions d’euros en 2025, l’Université de Montpellier tire la sonnette d’alarme. Son président, Philippe Augé, dénonce un danger pour l’attractivité de l’enseignement supérieur et le rôle social des universités.
L’Université de Montpellier alerte sur une situation financière préoccupante. Avec un total de 17 millions d’euros de charges non compensées par l’État prévu pour 2025, son président, Philippe Augé, estime que ce désengagement "porte un coup dur au rôle d'ascenseur social" des universités. L’établissement, qui accueille 51 000 étudiants, craint une "asphyxie" financière si cette tendance persiste.
Des charges toujours plus lourdes pour les universités
"Ces charges non compensées par l'État mettent l'Université en difficulté", a déclaré Philippe Augé dans un communiqué diffusé jeudi soir. Selon lui, les universités françaises sont de plus en plus contraintes d’assumer des dépenses imposées par l’État, notamment dans le domaine des ressources humaines, comme l’augmentation des points d’indice ou le financement du forfait mobilité durable. "Un principe de bon sens est que le décideur (État) soit le payeur !", a-t-il insisté.
Depuis plusieurs années, les universités doivent aussi relever de nouveaux défis sans moyens supplémentaires. Elles doivent investir dans des domaines tels que la cybersécurité, la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, ou encore les transitions environnementales. "Entre 2011 et 2021, nous avons accueilli 500 000 étudiants de plus, à moyens constants", a rappelé Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux et vice-président de France Universités. "On nous demande de faire plus avec de moins en moins."
Un modèle à bout de souffle
Jusqu’à présent, l’Université de Montpellier a pu "amortir l’impact de ces dépenses supplémentaires imposées par l’État" grâce à ses ressources propres et à une gestion rigoureuse. Cependant, Philippe Augé prévient : puiser "massivement dans les réserves" pourrait conduire à l’asphyxie financière de l’établissement. "À terme, c'est un coup dur porté à l'attractivité de l'enseignement supérieur et de la recherche en France", a-t-il ajouté.
Selon une enquête de l’Insee, un enfant d’ouvrier ou d’employé qualifié a 12 fois plus de chances d’accéder à une meilleure position sociale s’il poursuit ses études au moins jusqu’à bac +3. Pour Philippe Augé, la situation actuelle met directement en péril ce rôle fondamental des universités.
Un appel à l’État et une mobilisation en préparation
Cette situation inquiétante a poussé les présidents d’universités à se rendre au ministère le 21 novembre. Ils ont notamment demandé à l’État de renoncer à leur imposer un prélèvement supplémentaire pour financer un fonds de solidarité lié au régime de retraite des fonctionnaires. "On nous demande de faire plus avec de moins en moins", a déploré Dean Lewis à l’AFP.
Face à cette impasse, le syndicat étudiant L’Union étudiante a appelé à une journée de mobilisation le 5 décembre. Il dénonce un "nouveau coup de rabot du gouvernement", qui pourrait selon lui entraîner des diminutions de "contrats doctoraux, la fermeture de filières, [et] le report de travaux de rénovation".
Un avenir incertain
Pour les responsables d’universités, ce désengagement financier met en danger non seulement la pérennité des établissements, mais aussi leur rôle dans la société. Philippe Augé résume la situation en des termes alarmants : "C'est un coup dur porté au rôle d'ascenseur social que sont les Universités."