Il y a 100 ans, un Bréguet de l'aéropostale s'est écrasé entre Béziers et Cabrerolles dans l'Hérault. Sa trace avait disparu jusqu'à ce qu'un groupe de passionnés décide de partir à sa recherche cet été, avec l'aide de tout le village.
Il y a 100 ans, le 6 novembre 1924, un avion s'écrasait sur la montagne noire entre Béziers et Cabrerolles.
"Sur les articles de presse, le temps décrit est du brouillard, peut-être pas un épisode cévenol, mais de grosses remontées maritimes. Le premier relief après la plaine, c'est sur Cabrerolles", relate Olivier Andrieu, président de l'association de sauvegarde du patrimoine de Cabrerolles.
Le pilote, Georges Payan, un Nîmois, meurt dans l'accident. Il était aux commandes d'un Bréguet XIV, avion mythique des débuts de l'aéropostale. Mais le souvenir du crash s'est effacé des mémoires.
Contactés par des Toulousains passionnés d'aviation, Olivier Andrieu et ses amis de l'association du patrimoine de Cabrerolles sont partis à la recherche d'indices.
On a interviewé un habitant qui s'est rappelé qu'il avait un morceau de métal sur sa propriété et cet avion perdu de tout le monde, c'est grâce à ce témoignage que tout a démarré.
Olivier Andrieu, président de l'association de sauvegarde du patrimoine de Cabrerolles
À la fin du mois d'août, l'équipe d'Aéro-Recherche et un petit groupe de villageois commencent à fouiller dans la végétation très serrée des hauteurs de Cabrerolles. Après plusieurs heures de marche, une première pièce est identifiée. Puis, enfoui sous les branchages, rouillé, mais quasi-entier, le moteur de l'avion apparaît.
"Cela a été un moment très important, car très sincèrement, on n'a jamais retrouvé de vestige aussi important et aussi significatif, se réjouit Gilles Collaveri, le fondateur de l'association Aéro-Recherche. Ils sont importants parce qu'ils sont volumineux, parce qu'il y a un moteur, il y a la structure de l'avion. Et c'est une découverte qui est historiquement très importante, car c'est le plus vieil avion qui est mis au jour, donc c'est une découverte vraiment rarissime !"
Olivier Andrieu n'en revient d'ailleurs toujours pas. "C'était miraculeux parce que pour une première expédition, même si on a marché quelques heures, trouvé des éléments de l'avion, on s'est dit : "ouah, on y est !" C'était beaucoup d'émotion !", se félicite-t-il.
Un week-end d'hommage
Une émotion qui va servir de moteur aux villageois. Ce pan de mémoire retrouvé 100 ans après doit être honoré. Une exposition des pièces de l'avion, dans la salle des fêtes de Cabrerolles, est prévue pour partager l'histoire de ces pionniers de l'aviation qui transportaient le courrier au péril de leurs vies.
"Nous, c'est un univers que l'on ne côtoie pas beaucoup, observe Séverine Saur, maire de Cabrerolles. Mais petit à petit, la passion se transmet, et on rentre dans un monde que l'on ne connaît pas et on y prend plaisir. Ce qui était intéressant à travers ça, nous, c'était de fédérer et de donner le sourire aux lèvres à travers un projet commun, que les gens puissent donner chacun ce qui pouvait, de leur temps, de leur disponibilité."
Sur les hauteurs du village, à 800 mètres du crash, une stèle en pierre a été érigée, en hommage au pilote Georges Payan. Celle-ci sera inaugurée ce week-end des 9 et 10 novembre. Avec elle, Cabrerolles, étape tragique sur la ligne Perpignan-Marseille, entre dans l'histoire de l'aéropostale. Un programme exceptionnel permettra de rendre hommage au pilote, comme l'indique la mairie sur sa page Facebook.
Il permettra aussi d’honorer et d'entretenir la mémoire de l'épopée extraordinaire des Lignes Latécoère et découvrir des vestiges uniques.
(Avec Carine Azalet)