Dans une vidéo postée sur YouTube mardi 4 octobre 2022, une centaine de fonctionnaires de la PJ dénoncent la future réforme de la police. Ce projet prévoit de placer dès 2023 l'ensemble des services de police d'un département sous l'autorité d'un seul directeur départemental, dépendant du préfet.
La vidéo a été publiée le mardi 4 octobre 2022 sur le compte YouTube de l'Association nationale de la police judiciaire (ANPJ), créée le 17 août dernier pour porter la voix des enquêteurs, soumis au devoir de réserve. On y découvre les fonctionnaires de la police judicaire de Montpellier en bord de mer, filmés par un drone. Vus du ciel, une centaine d'hommes et de femmes forment les lettres P et J, barrées, pour montrer leur colère contre la grande réforme lancée Place Beauvau. On les voit ensuite le dos tourné, se prendre par les épaules, le logo de la police judicaire également barré sur leurs gilets.
"Non à la DDPN"
3 minutes sur lesquelles résonne le célèbre Adagio pour cordes de Samuel Barber, sa pièce la plus connue, qui figure notamment sur la bande originale des films Elephant Man ou Platoon. Pas un mot, le montage est émaillé de toute une série de courts slogans : "sauvons la PJ", "non à la DDPN" ou encore "le Tigre n'est pas mort", en référence à Georges Clémenceau, créateur en 1907 des fameuses "brigades du Tigre" qui est toujours l'emblème de la Police judiciaire.
Une réforme prévue en 2023
Porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le Directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, ce projet prévoit de placer tous les services de police d'un département : renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ), sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Cette « départementalisation de la police nationale » est déjà expérimentée depuis le début de l'année dans l'Hérault et dans quatre autres départements : l’Oise, le Haut-Rhin, le Calvados et le Puy-de-Dôme. Le commandement unique est également testé depuis janvier 2021 à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales.
Cette réforme inquiète bon nombre de policiers, d'avocats et de magistrats qui craignent un problème d’indépendance pour les affaires judiciaires. Devant cette levée de boucliers, deux missions d'information vont être lancées à l'Assemblée nationale et au Sénat. Elles auront pour objectif d’examiner l’opportunité de cette réorganisation de la police qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2023.